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Bruxelles sur son trente et un…

Publié le 14 décembre 2009 par Ppadn

Bruxelles sur son trente et un…

Ca chine du côté des beaux arts. Le square sent le lampion. Le péril jaune s’expose en nos murs. L’art est dans ses petits souliers. Surtout le beau ou plutôt le bo… pour bobo à rassasier. L’art sur murs, sur étagères est dans tous ses états. Et moi et moi et moi…. Sous le regard du lotus bleu, je cherche le reporter controversé de mon enfance. J’ère en quête d’un grain de folie ou de beauté. Prêt à offrir ma vie pour un empire.  Je ne suis pas du milieu. Mes romans ne sont ni petits ni rouges. Vivent les autocritiques et la révolution.  A la tienne… amen !

Je serais du type lanterne rouge….dénigrant l’odeur du Dragon quant cela commence à sentir Noël, le boudin, les huîtres et le marron chaud. Quand les guirlandes de lumière des avenues chics et chères snobent celles des rues chiques et chaires. J’aurais tendance à fuir…Quand vadrouille et débrouille rythment avec tout est faux. Quand ersatz et pacotille s’affichent aux vitrines. Courage et attrape nigauds pour  volontaires et abrutis?

Face aux puristes, aux bonimenteurs et aux arnaqueurs, quelques ambassadeurs héritiers du surréalisme, m’offrent un zeste d’autodérision en emballant leur marchandise. Laurent me fait goûté son chocolat aux saveurs honnêtes amplifiées d’origines, Grand-place.  Eric, au numéro cinq de la galerie du Roi,  sabre son Jéroboam dans sa champagnothèque éphémère.

Hors exceptions, ça bouchonne de partout. Devant la Bourse, l’argent prend l’odeur de cuisine des aubettes. A la queue leu leu…chacun débourse, s’achète et se vend des souvenirs qui n’en sont pas. Alors que les tramways ont été cachés sous la terre, de flech is af. Notre poésie à cinq francs a rendu l’âme face à l’euro qui en  vaut tout de suite quarante et quelques chouyas. Mais nos touristes sont bons enfants. Comme ils sont là pour dépenser, ils assouvissent leurs pulsions. Et nous les imitons. Et un cadeau pour maman, et une cuillère pour papa. C’est inscrit dans nos gènes. Et quand il y a de la gène… Madeleine elle aime bien ça.

Les vitrines mettent le reflet de nos femmes en lumière. Nos filles ont la saveur de nos métissages. Nous avons oublié que nos émigrés sont notre seule richesse. Et comme nous avons l’habitude de la gaspiller…Nous les laissons  entamer des grèves de la faim sous l’œil goguenard de nos boutiques gorgées de friandises. En attendant la loi promise comme on entend des voix. Ils dorment sous la tente et sous les ponts des grands travaux inutiles. Il n’y a que pour eux que le réchauffement du climat a du bon.

Je regarde chaque pavé de Bruxelles. Il n’y en a pas deux identiques. Y aurait il une plage sous l’un deux? En creusant, vais-je trouver ces catacombes où les cadavres de  promesses non tenues s’entassent?

Emmêlées à nos paroles, nos trahisons et nos joies ne s’envoleront pas. Elles s’enliseront dans le marais ou sous le bedon du père Noël. Sous les apparences d’un sapin qui aurait les boules. Rumeurs et malveillance. Médisances et mensonges.  De quoi remplir mille et un numéros de Voici ou de Paris match.

Petit jour au carrefour de l’entrée du bois. Un jongleur matinal s’escrime  à m’offrir son  spectacle. Quelques euros et trois sourires pour une bouffée de regards majoritairement indifférents  ou méprisants. Saltimbanques, ménestrels  et mendiants se multiplient. Plus moyens de cacher ceux qui, pour l’instant,  ne nous ressemblent pas. Pauvres, clochards, fous, handicapés, malades. Noël se conjugue à la soupe populaire. Poussez- pas ! Faites la file ou louez un costume.  Chacun se débrouille comme il peut en espérant subsister sans être sous la coupe d’un profiteur.

Des milliers de passants en entraînent d’autres qui marchent, admirent et s’agglutinent dans la bonne direction. Celle du flux, des restaurants de passage. A peine le temps de manger que le serveur vous débarrasse  la table pour renouveler le client.

Des couples de toutes tailles se sourient et se tiennent par la main. Les dessous de fête se devinent sous les manteaux. Le froid pince aux joues qui se colorent. L’heure est aux projets. Aux soupirs, aux grands pardons. Aux envies de partager cette chaleur qui fait défaut.


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