Magazine Journal intime

Petits accommodements argentins

Publié le 22 décembre 2009 par Anned

Un drame vient de confirmer ce que jusqu’ici les Argentins ne faisaient que soupçonner : la police et la justice de leur pays sont incompétentes.

Tout a commencé par le banal départ en weekend d’une famille lambda un samedi soir de la mi-novembre dans la banlieue de Buenos Aires. Elle n’est jamais arrivée à destination. Il a fallu plus de trois semaines à la police pour localiser, grâce à un ouvrier agricole, l’épave du véhicule retourné et les corps de toute la famille, dans un bosquet en bordure d’une route de la pampa, celle-là même que leurs proches avaient indiqué comme leur itinéraire habituel.

Entre temps, la police avait juré avoir ratissé et survolé toutes les routes que la famille aurait pu emprunter, et ne trouvant « rien », juge, enquêteurs et journalistes se sont fait un film. La vie de la famille a été fouillée, salie, et étalée sur la place publique. Violence conjugale, pédophilie, tout y est passé, tout ce beau linge frétillant de plaisir en se roulant joyeusement dans ses fantasmes sordides tellement plus séduisants que les conclusions logiques du plus élémentaire bon sens.

Oui mais voilà, la famille avait tout simplement fait un tonneau et faute de ceintures de sécurité, tous éjectés par le choc, ils sont morts. La maman a semble-t-il survécu, quelques heures, voire quelques jours, avant de rendre l’âme à quelques mètres des corps de ses fillettes, sur le corps de son mari auprès duquel elle s’était traînée, et sans que jamais sans doute la police n’ait effectué le moindre ratissage de la zone. Et que dire de cette juge qui a attendu deux semaines pour vérifier les mouvements sur les comptes bancaires des conjoints !

Voilà qui jette une toute autre lumière sur bien des affaires ayant fait la une des médias argentins. Que penser par exemple du non-lieu tout frais prononcé au bénéfice de la présidente et de son ex-président de mari dans une affaire d’enrichissement personnel ? Et que dire de ce juge qui disposant en tout et pour tout d’un profil ADN incomplet (comprendre mal prélevé) « d’un homme de la famille du mari de la victime » a inculpé de viol et d’assassinat le propre fils adolescent de la pauvre femme ? Sans parler de la disparition d'un témoin clé dans un procès lié à la dictature, ou bien encore celle de cette fillette volatilisée dans un camping.

Pendant longtemps j’ai cru les Argentins victimes de leur histoire – péronisme et dictature – et de leur classe dirigeante corrompue. Mais plus le temps passe et plus le bon sens m’indique qu’après tout, les citoyens de ce pays ne sont victimes que d’eux-mêmes et de leurs propres accommodements individuels avec la morale.


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