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L’enfant qui brandit le CATANA de la paix…

Publié le 15 janvier 2010 par Docteurho

La chose la plus difficile à dépasser dans la vie d’un homme est l’échec. Certains le surmontent en silence, d’autres pleurent leur sort tout en continuant à chercher une issue favorable et certains ne peuvent même pas réagir et finissent par sombrer dans les abysses de leurs peines, victimes de leurs appréhensions du futur, et surtout du changement… Je ne suis ni l’un ni l’autre de tous ceux là. Je suis un individu qui a tellement essuyé d’échecs, en amour surtout, qu’il n’y a plus de douleur qui puisse m’affecter ni me faire du mal, à l’instant comme de mon passé. Je suis une montagne tellement immense que nulle souffrance ne peut atteindre mes cimes, là où toutes les décisions se prennent, puisque mon cœur, à lui seul, ne peut assurer toute la crédibilité dont ont besoin mes actes, depuis qu’il n’a pas su m’aimer autant qu’il les a aimées elles. Depuis qu’il l’a aimée Elle ! Rien qu’Elle !

J’aurais bien aimé que ce que je viens d’écrire, plus haut, soit la vérité, la toute vérité; et en même temps je me demande bien ce qui peut m’empêcher de faire que ce le soit, puisque si je suis arrivé à trouver assez de raison pour tresser ce verbe magique, aux tournures ronces, je pourrais bien et plus facilement que ce que je ne crois, agir en conséquence et devenir cet homme fort, ce roc qui n’a pas de faiblesses, qui ne souffre pas, du moins en apparence. Que me manque-t-il alors ? Quelle est cette formule magique que je prononcerai, tous les matins, devant mon miroir, pour qu’il me réponde que je suis toujours un bel homme, un homme désirable, un homme tout court, qu’une femme, celle à qui je pense ou une autre, attend quelque part. Peut être même que si je réussis à être cet homme, elle pourrait me revenir, car elle aimerait quelque nouvelle identité en moi, quelque chose qui me manquait quand elle vivait encore à mes cotés, quelque chose que je n’ai pas su lui donner…

Mince ! Je n’ai jamais pensé ainsi posséder la clé à mes douleurs, ni pouvoir croire que la réponse à mes questions était toujours si proche de moi que je ne la voyais pas. Ce soir, j’ai longuement parlé à celui que j’appellerai, désormais, « Maître » et dont je ne peux vous révéler l’identité, puisque je sais qu’il ne voudra jamais endosser la cape de mon sauveur. Ce soir, j’ai appris à me souvenir de quelques leçons que j’avais oubliées. Des leçons que des hommes ont mis des vies à ériger en tant que codes de l’honneur, en tant que science infaillible. Des leçons qui ne sont ni des sermons, ni des morales cachées dans les méandre d’un récit, mais un art de vivre, un art de se combattre soi même d’abord, avant de s’attaquer à un ennemi qui ne peut exister si l’on ne le crée pas, de nos propres mains, et puis nous plaindre de sa cruauté envers nous. Je me rappelle de ce vieil homme qui m’avait dit un jour : « Celui qui a compris le secret de la vie, et appris à dompter ses émotion, ses peurs et sa violence, a trouvé un adversaire de toute une existence…Lui-même ! ». Ce soir, cette phrase me saute à l’esprit à l’image de ce CATANA que m’a promis un ami, et qui vient à point nommé apporter un nouveau symbole, une nouvelle vision à ma vie. L’honneur, le courage et la force ! Tel est le trio magique, telle est la formule qui a fait que des hommes ont réussi à forger leur légende, combattant et repoussant leurs limites, créant une école de la vie. Ils ont souffert, ils ont perdu tant de fois, mais ont gardé l’espoir de gagner, et ils ont gagné, tout gagné, au prix de la rosée de leurs fronts, de la lie de leur sang, au prix de leurs vies même…Ne pas abandonner une cause est un courage immense, mais défendre une cause juste est le plus important ! Que tombent les illusions, alors ! Mon père n’est pas mort pour rien…Je n’abdiquerai pas, non pas sans me battre !

Ah qu’est ce que je suis reconnaissant à cette vie ! Qu’est ce que j’aime ma vie ! Qu’est ce que j’étais idiot de penser que l’amour peut être ma religion, ma foi et ma confession de tous les jours ! L’amour peut être tout cela à la foi, mais uniquement quand il n’est ni conditionné, ni fatalisé par une chimère. L’amour est un don, un don qui se fait avec le sourire non avec les larmes. L’amour est si beau qu’il ne fait souffrir que ceux qui le comprennent en tant que possession. L’amour n’est pas possession. L’amour est concession ! L’amour est partage ! L’amour est liberté ! Je n’ai pas compris tout cela, pourtant j’ai cru être l’amoureux le plus réel sur terre, je me suis cru être le seul homme qui sait aimer, ou qui peut le faire. J’ai laissé mon cœur, me biaiser les décisions par trop de rêverie mesquine, à coup de drames et de peines torrides que je me plaisais à croire et à savourer tel un apostat de lui-même, un ennemi de moi-même, un autre que moi-même !

Je me suis laissé posséder par une femme, alors que nul mérite ne sied à un homme qui ne sait pas s’aimer d’abord, avant de vouer une passion à toute autre personne. Je l’ai aimée elle, à la déchirure, parce qu’elle a toujours été le candide de ma personne, la face que je montrais au monde, car la mienne ne me plaisait pas, car la mienne me faisais honte, car j’avais peur d’une contradiction entre mon moi et mon image. Elle était mon passeport, mon masque, mon déguisement ! Elle était le « Je » auquel je n’ai jamais su conjuguer mon verbe au présent et au futur, seulement au passé et à l’imparfait. Elle était tout ce dont j’ai rêvé d’être, une personne forte, équilibrée, sans illusions, pondérée, digne et majestueuse. Elle était tout simplement une image de ce que je ne croyais pourvoir devenir, un jour, tellement je sentais que mon vécu apparaissait clairement, aux autres, comme si je n’avais pas d’intimité, comme si lisible sur mon front, il y avait une épitaphe signant d’ores et déjà mon repos éternel, alors que j’étais encore vivant, encore capable d’avoir ce qu’il faut de courage pour une ultime bataille, ce qu’il faut de chasteté pour enfanter un cœur innocent, ce qu’il faut de sensibilité pour verser une larme… Des larmes, j’en ai versé, pendant cette année qui s’est écoulée, des larmes que je croyais taries à jamais, mais qui m’ont confondu un jour, sur la plage d’El Jadida, lorsque j’ai d’abord appris à pleurer mon père, mort il y a 30 ans de cela, et puis à pleurer une douleur que j’ai toujours refoulée, puis lui offrir un sanglot à elle. Elle que je n’ai même pas priée de rester, le jour où elle était partie, le jour où j’ai préféré déverser mon volcan torride sur elle, que de lui dire de simples mots d’amour, ponctués d’une larme limpide comme l’amour que je lui voue, comme le cœur d’enfant que j’ai. Une larme vraie, une larme chaude ! Elle aurait peut être changé d’avis…Mais soit, si je ne peux changer mon passé, je suis maître de mon présent, et je m’en vais de ce pied bâtir mon futur !

Voilà pourquoi j’ai tant aimé cette femme, pourquoi je n’ai pas su la voir autrement qu’un idéal que j’ai cru ne plus pouvoir trouver, une fois perdu. Voilà pourquoi j’ai mal compris ce que je devais faire, car je me suis senti plus amputé de mon moi, que divorcé d’une épouse. La douleur de la scission ! Aujourd’hui je suis capable de comprendre plus profondément, pourquoi est ce que le nouveau né cesse de pleurer une fois qu’il a le sein de sa maman dans la bouche. Il pleure lorsqu’il est soustrait au chaud de son utérus, la seule vérité, la seule donnée tangible qu’il connait de ce monde. Il pleure encore lorsqu’une main perfide, du moins pour lui, s’acharne encore contre sa faiblesse et coupe le cordon ombilical, son cordon, son dernier lien à un rempart qui le protège. Il pleure et il pleure, quelle que soit la consolation qu’on lui donne, quelle que soit doux le toucher d’une main qui essaie d’apaiser sa torpeur, son angoisse d’étranger à ce monde qu’il ne connait pas sans…Sans Elle…

Puis il est porté par une force qu’il ne connait pas, il a beau crier, il ne s’y soustraira pas, son seul bonheur, son seul salut, il ne le doit qu’à son impuissance, puisque s’il savait courir, s’il avait la force de faire quelque chose, il se serait trompé de chemin, victime d’une ignorance et d’une totale cécité. Cette force qu’il croit le détruire, finit par le conduire à un havre de paix, à le poser dans des bras qu’il découvre à peine, mais qui étaient toujours son destin…Ceci est la complexité de l’Homme, aussi puissant qu’il croit être, il n’est pas moins, le plus faible des enfants, et quand il ne sait que faire de sa force, il la gaspille sans jamais savoir que dans la faiblesse il n’y a point de honte à se laisser guider par l’instinct, au lieu de nager contre le courant…

Il commence par se débattre, dans ses gestes impuissants, presque invisible à l’échelle des géants qui l’entourent, puis il sent cette odeur, il sent hume ce nectar reposant et se prend d’une ivresse réparatrice, avant de s’abandonner dans un souffle d’espoir, nourri par une chaleur salvatrice et une sève qu’il tète dans ce geste inscrit, depuis la nuit des temps, dans une mémoire qu’il ne croyait pas posséder…Un geste de survie, lequel est le nôtre à tous, enfants éternels que nous sommes, mais que nous oublions avoir été un jour…

Ce soir, j’ai enfin retrouvé l’enfant en moi, j’ai enfin retrouvé le courage de crier à l’aide et de croire que les forces contre lesquelles je ne peux pas lutter, me veulent peut être du bien pas du mal. Ce soir j’ai adoubé mon cœur en chevalier de la romance, mais j’ai intronisé ma raison en reine de la survie. Ce soir j’ai appris une leçon, ce soir je peux lui dire à elle que je l’aime, sans pleurer, d’un amour qui ne sent pas l’égoïsme de la possession, mais avec la gratitude qu’il faut pour tout ce qu’elle m’a donné. Ce soir, je la libère, je me libère et je lui adresse un au revoir, le temps de faire mon deuil en silence et croire à un possible renouveau sur un autre chemin qui verrait se croiser nos horizons, encore une fois, sinon à mon autre bonheur quel qu’il soit… Ce soir, je crois pouvoir décrocher une étoile, car une main tendre m’a aidé à extirper l’épine qui saignait mon cœur. Ce soir, je ne dormirai pas, car j’ai tant de rêves que je dois penser à réaliser. Ce soir, je transforme mon linceul en voile et le hisse à l’épreuve des effluves d’Eole. Ce soir est la fin de ce que j’ai cru être le début de la fin. Ce soir, j’ai eu la preuve qu’il me fallait pour comprendre que je ne suis pas né pour rien, mais que si rien n’a empêché que je naisse, rien ne peut aussi que je me redresse. Ce soir, je pense à mon père, je pense à ma mère, je pense à ceux que j’aime…Ce soir, je me promets de relever le défi, et de ne point fléchir devant la douleur. Ce soir mon verbe cessera d’être douleur, ou il ne sera plus mien de verbe. Ce soir, je lui adresse à Elle et à vous tous, non sans une larme reconnaissante, un simple mot, une simple réplique bi-syllabes…
Merci….


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