Trois mois de boulot, et ça y est, mon mauvais caractère a encore frappé. J'ai trois chefs et le moins powerfull des trois, le pauvre, y est passé. Il a reçu mes pensées les plus intimes concernant mes magnifiques conditions de travail en plein dans la figure, en long, en large et en travers, assorties d'un "Dès que je dégotte un CDI bande de nazes je me casse !"
Pauvre homme, il croyait peut-être que j'étais contente de travailler encore pendant trois mois chez eux, 39 heures par semaine pour moins de 1200 euros, lui qui bosse là-dedans depuis plus de 25 ans et qui y a pris un kilo par an.
Il a tenté de m'expliquer que c'était normal de "débuter petit" puisque je débutais dans l'entreprise.
C'est ça, Blaise, je vais d'abord attendre cinq ans avant de demander une augmentation, puis je vais pouvoir payer mes factures en attente, puis dans vingt ans peut-être pourrai-je me payer le ciné en plus de mon pain sec. Dans ces conditions, je ne vois pas pourquoi m'être cassé le cul à faire des études.
Le pauvre Blaise a rétorqué que "puisque je pouvais me permettre de payer le loyer que je paye " (je sais que je bavarde trop), c'est donc que je ne suis pas à la rue.
Ben tiens. Si mon mari gagne correctement sa vie, je n'ai qu'à faire du bénévolat !
Le juste prix, Blaise, le juste prix. Et mon juste prix, ce n'est pas 1200 euros.
Et pendant ce temps-là, la pile de dossiers ne diminue pas, bien au contraire. Et quand je traite un courrier, il en arrive quatre. A vrai dire il faudrait travailler la nuit pour être à jour. Et encore.
En tout cas c'est dit : au premier CDI correctement rémunéré qui passe, je passe aussi. Moi, mes boulons, mes rouages et tutti quanti.