Magazine Journal intime

Invictus

Publié le 02 février 2010 par Papote

19187639Ah ben, oui, forcément, il n'y a pas tellement de surprise si je vous dis que je suis allée voir le dernier Clint Eastwood...
Enfin, pour ceux qui me connaissent un peu ou qui suivent ce blog, bien sûr !
Parce qu'un film réunissant le rugby et Clint, forcément, je ne pouvais que me précipiter (oui, je sais tout est relatif, vu qu'il est sorti il y a 15 jours déjà)...

Donc, flanquée de Van Helsing et de Si-c'est-de-la-mécanique-ça-m'intéresse, je suis allée me faire un plaisir que j'espérais grand et beau (non, je ne vous parle pas d'un mec, bande d'obsédés ! Je vous parle du film...) !

Cela raconte la coupe du monde de rugby de 1995 et la participation de l'Afrique du Sud sur fond de fin d'apartheid et d'arrivée de Nelson Mandela au pouvoir où comment tenter d'aplanir les divisions raciales, les problèmes économiques en mobilisant une nation entière derrière une équipe et un évènement sportif...
Il faut savoir aussi que les Springbok étaient une équipe symbole de l'Apartheid et qu'elle n'était plus reconnue par le rugby international jusqu'en 1992 (l'apartheid ayant été aboli en 1991) et, malgré tout, Nelson Mandela a décidé de miser énormément sur elle, en tant que telle (il a refusé qu'elle change de nom, de maillot, etc) et c'est aussi pour cette coupe du monde là que le premier joueur de couleur a été sélectionné en équipe nationale depuis le début des années 80.

Bon, alors, soyons claire, ce film m'a carrément emballée, emportée, interpelée !

Pour lui même d'abord car il est extrêmement bien filmé, que Clint Eastwood a bien su capter l'esprit du rugby (même si on ne voit que très peu de phases de jeu), que les acteurs sont excellentissimes.

Pour tout ce que ça m'a renvoyé, ensuite (et, là, désolée, je vais être obligée de digresser).
Je me souviens de la libération de Nelson Mandela. Je me souviens de ces images de sa voiture, puis de lui, lui, le prisonnier invisible dont on parlait tant mais que je n'avais jamais vu. J'avais 15/16 ans. L'autre soir, de me retrouver dans ces souvenirs, je pleurais devant le grand écran. J'avais 15/16 ans, j'avais assisté à la chute du mur de Berlin et je voyais maintenant le plus célèbre des prisonniers politiques revenir à la lumière du jour et de la liberté. C'était annonciateur de tant de promesses de liberté ! J'avais la vie devant moi et le monde explosait de démocratie, de droits de l'homme et de libertés à venir !
Je me souviens de cette coupe du monde. Il y avait un noir sélectionné en équipe nationale dans un pays encore récemment soumis à l'apartheid !!! Et il y avait cette défaite des Black, une fois encore privés du titre mondial... et il y avait Mandela qui tendait une coupe à un joueur blanc...
L'autre soir, j'ai redécouvert tout ça mais je me suis aperçue qu'à cette époque là, si j'avais bien perçu que j'étais face à des évènements exceptionnels, ma réflexion n'avait pas été beaucoup plus loin. Je n'avais pas compris à quel point la philosophie de Mandela, à quel point sa volonté d'Ubuntu avait sauvé l'Afrique du Sud du chaos, à quel point cette équipe de rugby était symbolique du changement opéré, de la réunification en cours de ce peuple. J'avais ouvert la porte pour regarder tout ça, sentant bien qu'il y avait quelque chose de remarquable mais sans oser franchir le seuil pour me plonger dans l'analyse et la réflexion...
Oui, Nelson Mandela est un homme d'exception comme il en existe trop peu et qui, au delà de sa volonté personnelle a su entraîner, inspirer toute une nation avec lui (non, l'Afrique du Sud n'est pas le gentil pays du manège enchanté mais vous en connaissez beaucoup, vous, des pays en proie à un si grand chambardement civil, politique, social et économique et qui en moins d'une génération arrivent à avancer autant ?).
Oui, il y avait un joueur noir sélectionné mais j'aurais dû regarder les supporters, la foule, le pays qui se levait pour porter une équipe encore honnie un an plus tôt et qui avait su devenir un symbole national, après avoir été le symbole de l'oppression.

Le film de Clint Eastwood m'a fait accoucher de mes pauvres embryons d'idées et de réflexions d'ado européenne futile et inconséquente. J'ai adoré me replonger dans tout ça et découvrir aussi de nouveaux aspects.
Le plaisir fut au delà de mes espérances : très grand et très beau, avec plein de résonances en moi !

Je me rends compte, en me relisant, que vous allez croire que je suis persuadée que Mandela n'existe que pour son action dans cette coupe du monde et que le rugby a sauvé l'Afrique du Sud de la guerre civile.
Donc, je corrige immédiatement. Il est évident que le film s'attache à ce point de vue là des évènements donc j'en parle principalement et, en plus, j'ai des souvenirs qui y sont liés mais je regarde plus loin que le bout de mon nez et je sais parfaitement que Mandela n'est pas un saint, que l'Afrique du Sud est loin d'être un pays parfait où tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil, que la remontée de l'opposition n'est pas un feu de paille, que les conflits raciaux persistent (à priori, plutôt dans l'autre sens maintenant), que je regrette encore la défaite des Black en 95 parce qu'ils méritaient de gagner, que je ne suis pas accro à l'esprit, au style de jeu rugbystique sud africain...

Je retiendrai une chose encore. Je ne sais pas si c'est historique ou pas mais ça m'est égal, je trouve ça tout simplement sublime !
Quand Mandela reçoit François Pienaar, il lui demande comment il motive ses co-équipiers. François Pienaar lui explique qu'il donne toujours l'exemple en premier. Mandela acquiesce, approuve et lui demande alors comment il fait pour leur faire dépasser leurs limites, les obliger à se surpasser. Pienaar reste muet et Mandela lui explique alors qu'il faut savoir les inspirer...

A bientôt !

La Papote


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