Alors que le « débat » ou plutôt le scandale puant de l’identité nationale continue de battre son plein, jusqu’à la fin des élections notamment, hier, nous avons eu droit à une nouvelle surprise. Je pense que David Copperfield a vraiment du souci à se faire, puisqu’hier, entre fromage et dessert, nous apprenons dans un reportage du JT de France 2 qu’Eric Besson vient de sortir de son chapeau LE client idéal. Eh oui, tel un Zorro avec son épée, ou une Wonder Woman avec son lasso magique, Besson annonce avoir chopé un candidat à la nationalité française, dont on apprend qu’il veut imposer une burqa à sa femme et ne croît pas à l’égalité des sexes. Une occasion trop intéressante « qui tombe à pic » pour Besson qui s’engouffre dans la brèche en annonçant qu’il signera un décret pour refuser la requête de cet homme, car « il ne remplit pas la condition d’assimilation prévue par l’article 21-4 du Code civil* ». Il faut bien essuyer les plâtres, c’est la première fois que la nationalité française est refusée sur ce motif de voile imposé. Un cas qui fera sans doute jurisprudence. Ce monsieur, dont on ne nous communique ni le nom ni le visage, ce monsieur jouant le rôle de grand méchant loup pour le Gouvernement et l’opinion publique qui doit déjà s’en donner à coeur joie sur les sites d’Agoravox et du Post, ce monsieur, au fair play légendaire dont on apprend à la fin du reportage qu’il « accepte la décision », permettez-moi de véritablement douter de son existence. Parce que si on résume un peu, nous avons affaire à un homme qui souhaite la nationalité française mais qui est assez con pour, le jour de son entretien, affirmer sans complexe et dans ce climat particulièrement xénophobe d’autant plus, son projet de vie de macho-man. Il est malin ce gars. Et c’est vrai que ça marche comme ça : les machos disent toujours la vérité. Les hommes qui battent leurs femmes annoncent la couleur en général avant de se marier, et disent bien dans les commissariats à quel point ils sont contre l’égalité hommes-femmes. Et le comble avec ce point de chute, cet homme, Grand Seigneur, « qui accepte la décision », ne manifeste aucune déception, colère, rancoeur, ni même l’envie que l’on révise sa situation. C’est presque comme s’il ne voulait pas de cette nationalité dans le fond. En bref, un personnage décidément mal travaillé par les scénaristes du Gouvernement.
Mais qui a accordé la nationalité française à ce blédard complexé ?
* Art. 21-4 du Code Civil
L’étranger ou apatride qui contracte mariage avec un conjoint de nationalité française peut, après un délai de deux ans à compter du mariage, acquérir la nationalité française par déclaration à condition qu’à la date de cette déclaration la communauté de vie tant affective que matérielle n’ait pas cessé entre les époux et que le conjoint français ait conservé sa nationalité. Le conjoint étranger doit en outre justifier d’une connaissance suffisante, selon sa condition, de la langue française.
(Note de Dalyna : J’adore la subjectivité de cet article. Une vraie condition fourre-tout histoire de combattre l’ennemi).
Voici en 15 minutes quelqu’un qui en sait beaucoup plus sur la question de l’identité nationale que tous ces charlots xénophobes décomplexés en mal d’électeurs extrémistes, j’ai nommé Pascal Blanchard, brillant historien de l’immigration et l’Afrique contemporaine. Regardez cette vidéo, et vous verrez qu’en 15 minutes, vous en aurez appris 20 fois plus que tout ce que vous avez pu lire dans les journaux ces derniers mois.