Magazine Humeur

De la crise financière (10)

Publié le 03 février 2010 par Saucrates

Réflexion soixante-quatre (3 février 2010)
Les difficultés financières actuelles de l'état grec ... Un aperçu des recettes néo-libérales qui pourront être utilisées dans quelques années en France et dans d'autres pays européens ?
Les difficultés de la Grèce au sein de la zone euro nous donnent un avant-goût de ce qui nous attend en France dans quelques mois ou années. C'est un cas d'école intéressant.
Plusieurs états appartenant à la zone euro sont considérés comme les 'hommes' malades de l'Europe : la Grèce, le Portugal, l'Espagne, et demain peut-être l'Italie et la France. Ces trois premiers pays sont d'abord rentrés assez tardivement dans l'Europe, avec une divergence de développement économique particulièrement importante vis-à-vis de la moyenne européenne, que la solidarité européenne, notamment par le biais de l'octroi d'importants fonds structurels européens, a permis de combler en un peu plus d'une décennie. Deux à trois décennies après leur adhésion à la communauté européenne (l'adhésion de l'Espagne et du Portugal à la CEE remonte à 1985 et celle de la Grèce à 1981), la crise financière et la dérive des comptes publics grecs et portugais fait apparaître des tensions extrêmement importantes sur la capacité financière de ces états à faire face au remboursement de leurs dettes publiques, aux dires des marchés financiers internationaux ...
Ces tensions on pu remettre en cause pour certains observateurs l'adhésion de ces états à la zone euro, comme si la sortie de la zone euro était possible ou envisageable pour un état appartenant à cette zone monétaire.
Un premier élément qui doit être rappelé concerne l'intérêt, pour la Grèce, le Portugal, mais également l'Italie ou la France, d'appartenir à la zone euro, qui nous protège de toute attaque spéculative sur nos monnaies nationales. Il ne faut pas ignorer que par le passé, des attaques spéculatives extrêmement pénalisante pour nos économies avaient été menées par des spéculateurs et les marchés à l'occasion de tels accidents conjoncturels, par exemple en 1993. Les pays à monnaie faible comme les états du sud de l'Europe et la France devaient maintenir des taux d'intérêt extrêmement élevés, néfastes pour la reprise économique, pour contrer les attaques spéculatives. A défaut, la France aurait dû accepter une baisse régulière de la valeur de sa monnaie du tiers ou de la moitié par rapport à ses principaux voisins (l'Allemagne qui bénéficiait au contraire d'une monnaie considérée comme forte). En 1992-1993, époque d'une précédente crise économique notable, des taux d'intérêt de 10% à 13% au jour le jour avait été rendus nécessaires pendant près de trois ans, aggravant d'autant la crise économique et les difficultés des entreprises.
L'appartenance à la zone euro nous a ainsi permis de conserver des taux de refinancement de 1% pendant toute cette crise, pour permettre un redémarrage de notre activité économique, avec une monnaie que de nombreux observateurs considèrent comme étant encore à un cours trop élevé (1,4 dollar pour 1 euro alors qu'il y a quelques années son cours était de 0,8 dollar pour 1 euro), malgré des comptes publics extrêmement déficitaires, tels que nos états n'en avaient jamais connus, avec des déficits budgétaires approchant 10% du PIB.
Il est tout à fait possible que les marchés financiers internationaux, et les agences de notation internationales, commencent à se méfier demain de la note et de la signature de l'état français, ce qui pourra très bien conduire alors à la faillite de l'état français, ou à des difficultés budgétaires encore plus importantes en cas de renchérissement du coût de la dette française.
Face à cette situation, la Grèce aujourd'hui et la France demain sont particulièrement démunies dans le cadre de la zone euro. Une monnaie nationale pourrait être dévaluée, même si une dévaluation a tendance à renchérir le coût des dettes exprimées en monnaie étrangère ... Inversement, une dévaluation a tendance à rétablir la productivité d'un état, en abaissant le coût du travail au plan interne. Au sein de la zone euro, c'est différent. On peut seulement imaginer un transfert de la dette publique sous la signature d'autres états ou de l'Union européenne, pour diminuer l'endettement d'un état, mais transférer la charge de son remboursement sur l'ensemble des contribuables européens. La deuxième idée exprimée par l'Union européenne consisterait à réclamer que les salaires soient abaissés, afin d'être ajustés au niveau de la productivité réelle du pays ...
http://www.boursorama.com/international/detail_actu_intern.phtml?num=496d888d7581517d5109e04dec6bfa6c

Une telle mesure agréerait peut-être à mon ami Nolats qui souhaite le rétablissement de l'attractivité concurrentielle de l'industrie française. Une telle mesure est un strict parallèle de l'effet d'une dévaluation monétaire, même si dans ce dernier cas, cette conséquence est invisible et insensible, puisqu'elle n'est sensible que dans le cadre d'échanges commerciaux internationaux ou de voyages touristiques. Mais elle conduit aussi certains observateurs à estimer que la Grèce est un simple banc d'essai de politiques ultra-libérales de démantellement des systèmes sociaux européens, ce qui est vraisemblable ...
http://www.lemonde.fr/opinions/article/2010/02/01/la-grece-est-le-banc-d-essai-d-une-attaque-generale-des-systemes-sociaux-europeens-par-georges-sideris_1299695_3232.html

Saucratès
Mes autres écrits sur la crise financière :
1. http://saucrates.blogs.nouvelobs.com/archive/2008/05/19/de-la-politique-monetaire-huit.html
2. http://saucrates.blogs.nouvelobs.com/archive/2008/08/14/de-la-politique-monetaire-neuf.html
3. http://saucrates.blogs.nouvelobs.com/archive/2008/10/04/de-la-politique-monetaire-dix.html
4. http://saucrates.blogs.nouvelobs.com/archive/2008/11/01/de-la-politique-monetaire-onze.html
5. http://saucrates.blogs.nouvelobs.com/archive/2009/03/03/de-la-crise-financiere-5.html
6. http://saucrates.blogs.nouvelobs.com/archive/2009/04/06/de-la-crise-financiere-6.html
7. http://saucrates.blogs.nouvelobs.com/archive/2009/05/02/de-la-crise-financiere-7.html
8. http://saucrates.blogs.nouvelobs.com/archive/2009/07/16/de-la-crise-financiere-8.html
9. http://saucrates.blogs.nouvelobs.com/archive/2009/11/29/de-la-crise-financiere-9.html
a. http://saucrates.blogs.nouvelobs.com/archive/2009/08/11/une-histoire-des-crises-financieres-du-19e-au-21e-siecle.html


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