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La place de la spiritualité: Bouddhisme et christianisme

Publié le 07 février 2010 par Perceval

Je viens d’entendre, grâce à l’émission « Sagesses Bouddhistes », le docteur Daniel Chevassut. chevassutIl  est médecin à l'hôpital Nord de Marseille où il a ouvert  une consultation de la Souffrance. Il est aussi le représentant de la Tradition bouddhiste au niveau des hôpitaux de l’Assistance Publique de Marseille.

J’ai envie de m’interroger à propos de 2 points :

  • - le langage utilisé par ce médecin bouddhiste sans être laïque, se situe à un niveau que peut entendre toute personne capable d’échanger sur la ‘ spiritualité ‘ ; au point qu’une patiente musulmane, le remercie de l’avoir réconciliée avec sa propre spiritualité. Cela questionne, le catholique que je suis, qui avance souvent précédé de son crédo : ‘ Jésus ‘, seul et unique médiateur …etc. J’ai même rencontré des prêtres qui ont des difficultés de parler de ‘spiritualité’, autrement qu’en évoquant l’Esprit Saint…
  • Pourtant, « La voie spirituelle que l’on suit a son importance, mais plus que la voie elle-même, c’est le résultat qui découle de la pratique spirituelle. Suis-je plus serein, plus heureux, plus humble, plus aimant et compatissant ? » ( D. Chevassus ).
  • De même, je dois pouvoir parler « d’un éveil à une Réalité plus profonde. », pour être entendu de quelqu’un ( que je comprends bien ) qui est gêné par les mots ‘ rencontrer Dieu ‘.
  • - la laïcité, à laquelle je suis attaché, impliquerait de bien séparer ‘ l’espace privé ‘, de ‘l’espace collectif ’. A ce propos, admettons d’abord que la ‘laïcité’ n’est pas une option spirituelle parmi d’autres. C’est un principe fondateur du projet républicain, permettant à tous les citoyens de vivre pacifiquement leurs différences. Et bien évidemment, il faut veiller sans cesse à ce qu’il n’y ait pas une influence des normes religieuses sur les lois civiles. Et si on constate, c’est vrai, que des croyances religieuses se muent en identités, et peuvent s’affronter, fortes de leur emprise sociale ; il faut le regretter et il est légitime, que nous en appelions alors à l’état, pour faire respecter la laïcité..
  • Cependant, La laïcité ne saurait réduire la ‘spiritualité’ à une « offre privée » , - d’abord parce que : « On ne peut, au nom de la laïcité, accuser d'intolérance toute expression d'une conviction. Au contraire, l'expression publique des convictions, y compris éthiques et spirituelles, constitue un élément vital du débat démocratique pour une société en quête de sens. La laïcité ne saurait donc mettre les croyants en congé de l'histoire ». (Michel Bertrand)  - Ensuite, parce que la spiritualité a une dimension collective, qui la met au cœur de nos relations, privées bien sûr, mais aussi professionnelles, et sociales : il en est ainsi à l’école lors de l’échange éducatif, mais aussi à l’hôpital, lors de notre confrontation à la ‘ souffrance ‘…

Je reprends ainsi quelques propos de D. Chevassus : « la pratique de la méditation aide à mieux percevoir la priorité des besoins chez le patient. »

« la dimension spirituelle peut venir renforcer la qualité du soin. », « elle fait partie intégrante de l'être humain »

« Lorsque la  dimension spirituelle d'un être humain se développe, les qualités, telles que l'amour, la compassion, la tolérance, le respect, la patience, etc... ont tendance à s'exprimer spontanément. »

« Enfin, l'éveil de la conscience a des répercussions sur le plan physique, physiologique, biologique et psychologique. »

Je cite encore Daniel Chevassus :

« Ces trois domaines, le corps (soma - corpus), la psyché (psukhê - anima) et la conscience (pneuma -spiritus), correspondent non seulement à une réalité objective, mais ils sont aussi interdépendants et interactifs. Fréquemment, me semble-t-il, cette dimension est assimilée au psychisme, ce qui pose un véritable problème : d'une part, si on nie cette dimension spirituelle, on ne peut pas en prendre soin, comme on le ferait normalement pour son corps, son intellect, son affect, etc. Les nourritures du corps, du mental et de la conscience ne sont, en effet, pas les mêmes, ceci n'étant pas sans conséquences sur l'équilibre psychologique et physique de la personne, à plus où moins long terme. Des émotions telles que la colère, l'orgueil ou la jalousie ont ainsi, dans leur genèse, une part non négligeable de souffrance spirituelle. En outre, dans l'optique d'une prise en charge sensée de la douleur, un même message douloureux sera interprété différemment en fonction de l'intégration de la douleur, propre à chaque patient. Or, ce processus d'intégration dépend non seulement de la dimension mentale, mais aussi du niveau de conscience et de perception de la personne. Ce dernier point est souvent occulté.


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