Remonter en selle aussitôt !
Alors, zou ma cocotte, on y va !!!
Madame Mère avait des places gratuites pour "Werther" de Jules Massenet, donc un opéra...
En, même temps, j'ai longuement hésité parce que, d'un côté, ça pouvait être la même production que Lakmé, qu'il y a moins d'une semaine le grand prêtre d'Isis et d'Osiris était aux sports d'hiver en TGV dans les années 50 et que si le Pin Galant offre des places gratuites à ses abonnés, c'est qu'il y a un fort risque que la salle soit à moitié vide et qu'il aient cherché à faire du gavage...
Mais, d'un autre côté, cela pouvait aussi être une occasion de découvrir un opéra que je ne connais pas du tout et une excellente occasion de rire un bon coup et de vous faire rire un bon coup aussi, par voie de conséquence...
Donc, dans un grand esprit de sacrifice sur l'autel de ma culture-confiture et de ma célébrité bloguesque improbable, j'ai accepté le pari...
Ne me remerciez pas ! Non, c'est inutile... Vous allez me gêner... Vous pouvez juste me vénérer, mes Gloubinours, mais pas plus !
Cependant, comme d'hab, je ne pars pas complètement à l'aventure donc je me suis renseignée, au moins sur le livret et, là, déjà, j'ai compris que ce ne serait pas une soirée "tirlipimpon sur le chihuahua"...
So, ladies and gentlemen, THE story :
Charlotte, aînée de neuf enfants s'occupe, avec l'une de ses soeurs de toute la fratrie et de la maison depuis la mort de sa mère, à qui elle a promis d'épouser Albert. Un jour, un groupe d'amis emmènent la jeune fille à une fête à la campagne. Parmi eux, Werther, un jeune artiste, qui tombe amoureux de Charlotte qui, elle aussi, tombe sous le charme du jeune homme mais elle ne veut pas oublier sa terrible promesse. Charlotte épouse Albert au grand désespoir de Werther et lui demande de ne pas la revoir pendant quelques temps. A Noël, Werther et Charlotte se retrouvent mais la jeune femme résiste à la tentation et reste fidèle à son mari. Werther décide alors de se suicider...
Et, alors, là, moi, j'dis : Victor Hugo et Charles Dickens peuvent aller se rhabiller tellement ils sont petits joueurs avec leurs Misérables et leur David Copperfield !
Aaaaaaah que j'aime le bon esprit, bien misérabiliste et bien puritain du XIXè siècle !
J'y suis allée avec Belle-Blonde que j'avais prévenue et qui m'a répondu : "Au moins, on ricanera bien !"
Vous voyez que l'état d'esprit était super optimiste !
Bon, en fait, on n'a pas ricané.
Certes l'histoire ne prête pas vraiment à rire mais, en plus, ce n'était pas si mauvais que ça. Du moins, on ne peut pas comparer ce qui n'est pas comparable donc, vis à vis de La Flûte Enchantée, hier soir, c'était un peu la fête de patronage mais vis à vis de Lakmé (même équipe de réalisation), la mention était honorable...
Donc, il est évident que je ne comparerai pas Mozart et Massenet car ce serait comparer un morceau de soie sauvage brodé à un morceau de velours frappé et je ne comparerai pas la qualité artistique d'une production de l'ONBA avec une production semi-régionale des Symphoniques de Bordeaux, ce serait comparer une choucroute alsacienne artisanale et une choucroute de supermarché en boîte.
Ce serait stupide !
Non, mais franchement, j'ai plutôt été agréablement surprise tellement j'attendais une catastrophe, surtout quand j'ai vu apparaître Zyggy-la-mouette à la direction de l'orchestre... Là, j'ai eu très très peur de la soirée...
Une fois encore, il était prêt à s'envoler avec les pattes prises dans du béton. En revanche, il avait troqué sa magnifique chemise blanche brillante contre un bon vieux tee-shirt noir et un veston. Je crois que, définitivement, c'est un rebelle !
Le ténor (Ook Chung, alias Werther), pour une fois, ne m'a pas agressé les oreilles et je lui ai même trouvé de belles qualités vocales. Il porte quand même l'opéra sur ses épaules et il doit donner de la puissance et, honnêtement, il a assuré de façon fort honorable.
La mezzo-soprano (Yaroslava Kozina, alias Charlotte) avait une tessiture agréable et bien posée. Elle avait un coffre qui ne rendait rien à Werther donc cela en faisait un duo harmonieux.
Le seul regret, pour moi, le père de Charlotte (Ioan Hotenski) qui est baryton de son état mais qui était assez poussif et terne alors que l'autre baryton (Julien Veronèse, alias Albert) s'en est pas mal tiré.
Bon, d'accord, ce ne sont pas les voix de la semaine dernière mais ce n'est pas le même spectacle non plus et il est évident qu'il n'y avait ni le cristal de la Reine de la Nuit, ni la profondeur de Sarastro, ni la puissance de Papageno...
Je deviens sans doute exigeante mais je reconnais que, par rapport à Lakmé (pour rester dans le même type de production), les voix de Werther étaient plus que correctes et sans accrocs ni fausses notes. Donc, oui, c'était plutôt une bonne surprise !
En ce qui concerne la mise en scène, c'est clair et évident que c'était du grand grand traditionnel... Pas de marmotte en jupe rose et en raquettes à l'horizon, ni d'hélicoptère dans les airs.
Non, là, c'était du très classique.
Bon, l'avantage de ce genre de mise en scène, c'est que ça sert presque de sous-titres. Les lumières deviennent rouges, vous savez que l'instant est dramatique. Vous êtes devant une grande croix en bois, le cimetière est proche et, donc, la mort du héros n'est pas bien loin non plus.
C'est presque aussi efficace que si un type passait avec des panneaux "applaudissements", "rires", "soupirs", etc.
C'est un peu lourd mais, en même temps, l'oeuvre en elle-même et la musique ne sont pas très subtiles. Inutile de chercher la symbolique ou les allusions à quoi que ce soit, tout est dit, chanté, montré.
Les violons sont vibrati dès les ouvertures, les violoncelles et les contrebasses tirent toute l'intensité dramatique qu'elles peuvent de leurs cordes.
En même temps, Massenet n'est pas Mozart et on ne peut pas demander plus aux Volfoni qu'aux fils de Charlemagne...
Bref, une soirée pas si mal que ça, aux vues de ce que je craignais mais qui ne vaut pas le professionnalisme et la qualité artistique de certaines productions.
Petite note indépendante : C'est moi ou les héros d'opéra sont de véritables manches quand il s'agit de se tuer ?
Si ma mémoire est bonne Marguerite (La Traviata) met plus d'un acte à agoniser, Butterfly n'est pas rapide rapide avec le sabre de son père (mais c'est sublime donc je lui pardonne très facilement), le cas de Roméo et Juliette (version Gounod, pas Shakespeare qui n'a écrit que la pièce, pas l'opéra) est carrément légendaire, un peu comme Tosca où il ne reste que peu de survivants à la fin du IIIè acte et Werther, hier soir, a aussi mis un acte à mourir de ses blessures (pourtant par arme à feu, normalement, ça devrait aller vite, zut !).
Bref, je pense qu'il y aurait des cours de mort à donner...
A bientôt !
La Papote
PS : Je vous rassure, ce blog ne devient pas l'annexe de l'Officiel des Spectacles. Je reprends une activité normale dès demain... Heureusement qu'il me reste 300 pages à lire sur mon livre, sinon j'achevais de vous achever !!! Hi, hi, hi