Magazine Humeur

Sat on a roof

Publié le 28 février 2010 par Acidbubbles
Nota: texte rédigé aux alentours de l'été dernier, je crois. J'ignore encore si j'ai évolué, depuis...

C'est quoi la vie? Et la mienne, elle est où?

Concevoir la vie de manière linéaire... Avec un début et une fin. Voilà peut-être la source de bien des tracas... Il y a une fin, c'est sûr. Ce que j'étais, par contre, encore loin d'imaginer, c'est qu'il était possible de renaître. Il aura fallu vingt-huit longues années pour que celui que je suis vienne au monde. Tout ce temps, pour m'apercevoir aujourd'hui que j'ai vécu prisonnier de mes croyances, du réel perçu, et victime de ce qu'on appelle communément "le ressenti". Bullshit... Le pathos, oui. Le ressenti n'est que la manifestation du rapport de l'Homme à son environnement. 

Répondre à la question "qui suis-je" est une épreuve lorsqu'on ne parvient pas à s'affranchir des regards. En effet, je déteste croire que l'ontologie de l'être se résume aux interactions de celui-ci avec son environnement. Ai-je, à titre purement individuel, une raison d'être? Après tout, le monde tournerait encore bien sans moi. Pour mieux comprendre, faut-il alors peut-être s'extraire de ce monde. Raisonner en circuit fermé. La psychologie cognitive et comportementale m'y a précieusement aidé. Elle est aussi le fruit de bien des désillusions qui s'avèrent, après coup, ô combien salvatrices.

Les sentiments: camisole du vécu

Sans influence extérieure, point de sentiments. On est "ému de quelquechose". On "aime quelqu'un". On est "triste de...". Tout le corpus du ressenti renvoie à l'extérieur. Prenons l'exemple de l'amour. L'amour n'est pas une petite chose dormante au plus profond de nous. Elle est une ré-action, une adaptation favorable à l’introduction d’une nouvelle variable dans le vécu. Au même titre que la haine traduit une réaction hostile au milieu. Par conséquent, le sentiment affecte la stabilité (au sens systémique du terme) interne, amenant ainsi sa « victime » à se "reconfigurer". Voilà peut-être une des raisons pour lesquelles les gens "changent" aussi, avec l'amour. La loi d'adaptation au milieu accomplit sa sinistre et protocolaire influence... 

Prenons désormais l’exemple de la beauté. Nombre de psychologues s’accordent pour expliquer qu’en réalité on perçoit comme beaux les objets qui témoignent d’une différenciation forte avec leur milieu. Ainsi, une pâquerette suscitera l’émerveillement au milieu d’un océan de verdure. La même pâquerette noyée au milieu de ses semblables n'émerveillera que le fétichiste. Il en est peut-être de même pour les gens. J’ai été subjugué par une femme, il y a peu. Le mot qui me vient encore à l’esprit pour la qualifier est celui de singularité. La distinction provoque l’attirance, celle-ci est une réaction régie par les lois élémentaires de la physique. 

Mes contradicteurs me diront : « mais comment se fait-il alors que deux personnes s’étant aimées de nombreuses années en viennent-elles à se séparer ? »... Tout au plus un aménagement provisoirement consenti aux exigences de cette putain de contagion sociétale qu'est le binôme?

Le ressenti est un croche-pied que le système nerveux fait à l'esprit. Lorsqu'on apprend à "se" vivre, en circuit fermé, suffisamment isolé pour ne pas subir le tumulte des foules, on découvre le vide. Celui face auquel l'ontologie prend tout son sens. L'isolement temporaire, et surtout délibérément choisi, constitue un premier facteur de rupture. Briser le fil d'Ariane, c’est rejeter les repères que nous imposait jusqu'alors le vécu. 

Amour... Reflet de ce nihilisme dont j'ai bien trop tard compris le fondement. Rien en ce monde n'a de valeur, si ce n'est celle qu'on lui concède trop souvent sous la dictature du système nerveux central. L'amour est une conception de l'esprit que la science démythifie pour qui veut bien l'accepter. Je le répète, et je l’affirme sans crier gloire parce que j’aurais voulu, tout au fond de moi, que ce fut différent. La neuropsychologie écrasera les croyances. Et l'esprit peut faire peur, lorsqu'il rationalise jusqu'à l'essence même des sentiments. Suffisamment averti, il parvient même à les contrôler. 
Alors comment vivre heureux, après avoir intégré que bonheur et tristesse n'étaient que des réactions neuronales, comme les endorphines et les défenses immunitaires en sont respectivement les équivalents sur le plan purement physiologique? Le devoir d'irrespect envers soi-même, peut-être. 

L'irrévérence est une arme bien dérisoire quand on n'est confronté qu'à soi-même. Mais à l'encontre de chaque dictature, une révolution est possible. Parviendrai-je un jour à oublier tout ce que je sais, mon "empirisme radical", faire mentir mes acquis, et cultiver un "vécu"? Après tout, je crois bien que j'aime les paradis artificiels. Ne me reste-t-il plus qu'à trouver la substance. Celle qui me fera oublier la triste réalité d'un monde bercé par de douces illusions. 

 

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Acidbubbles 16 partages Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazine