Je vous avoue qu'aujourd'hui, c'était un autre billet qui était prévu mais, hier soir, je suis tombée sur une émission de télé qui relatait une expérience socio-anthropologique...
En reprenant l'expérience Milgram aux Etats-Unis dans les années 60
dont le but était de vérifier jusqu'où notre besoin d'obéissance peut
contrer les valeurs morales de chacun.
Une simulation de jeu télévisé où un candidat pose des questions à un autre qui est isolé et branché à un appareil qui lance des décharges électriques.
C'est le poseur de questions qui enclanche une manette qui envoie la décharge si la réponse donnée est mauvaise...
Les décharges vont de quelques volts jusqu'à 460v...
L'émission est intéressante à plus d'un titre car l'étude qui en découle 1/ prouve à quel point la télévision a un pouvoir sur nos esprits et 2/ prouve à quel point nous sommes des moutons soumis à l'autorité quelle qu'elle soit...
D'abord, il y a une question qui n'a pas été abordée dans la soirée : combien de personnes ont refusé de devenir candidat-cobaye AVANT de signer le contrat de la prod ?
Oui, pour moi, c'est important car l'entretien préalable ne laisse pas de doute sur le contenu du "jeu".
Combien de personnes, hors la pression présente et pesante de la douleur physique d'une autre personne, hors l'autorité de la télé, de l'animatrice, des caméras, ont refusé d'infliger une douleur à un autre être humain ?
Sur le premier point, il est clair que la télé est de plus en plus présente, de plus en plus dans l'excès pour des raisons d'audience.
Il est évident que les dérives sont de plus en plus impressionnantes et qu'on ne peut pas nier les conséquences sur les gens et le jeune public en particulier.
Alors, bien sûr, on peut débattre pendant des heures sur "ce sont des candidats volontaires", "c'est ce que réclame le public", "ils sont payés pour ça, ce ne sont pas des victimes", "chacun doit savoir garder un oeil critique face à ce qu'il voit", "où commence la responsabilité des producteurs ou des réalisateurs"...
Je pense que télé, cinéma, internet, etc, tout concourt aux excès et à une certaine déviance.
Certes, il n'est pas envisageable de cantonner les ados au "Manège Enchanté" mais je suis persuadée aussi qu'il y a une consommation qui n'est pas "éclairée", pas réfléchie et le document d'hier soir l'a prouvé.
Et loin de toute diabolisation facile, à nous de savoir aussi être vigilants !
Sur le deuxième point, le reportage s'attache à décortiquer les comportements, les conflits intérieurs, les luttes intestines, les cas de conscience au fur et à mesure de l'avancement du jeu.
Comment les candidats essayent de négocier avec l'animatrice pour essayer d'arrêter.
Comment les candidats essayent de tricher pour inciter le candidat-victime à donner la bonne réponse pour éviter d'avoir à envoyer une décharge, pour éviter d'avoir à faire souffrir.
Comment certains essayent de se rebeller une fois, deux fois, trois fois.
Comment certains candidats ne se posent pas de question car ils sont dans le jeu, soumis à cette autorité, au contrat qu'ils ont signé avec la prod.
Sur tous les candidats-cobayes, seuls 19 % ont réussi à résister à la pression du public, de la télé, de l'animatrice, du jeu...
N'y aurait-il que 19 % de Justes, aujourd'hui, pour refuser les chambres à gaz et l'extermination des juifs ?
N'y aurait-il que 19 % de résistants à la répression de Tian An Men ?
Ferais-je partie de ces 19 % ?
Saurais-je éduquer P'tite Louloute a faire partie de ces 19 % ?
Que penser de ces 81 % de candidats ?
Ce ne sont assurément pas des bourreaux en puissance. Ce ne sont pas des lâches. Ce sont des gens qui sont soumis à une pression incroyable, à une autorité très stricte.
Et, même s'ils vont jusqu'au bout, tous, à un moment quelconque, ressentent de la compassion, tentent de se rebeller.
Et, maintenant, comment vont-ils vivre avec cette découverte qu'ils ont faite de leur personnalité, de leur capacité à résister, avec le regard des autres demain en arrivant au bureau ou dimanche autour du poulet rôti de Belle-Maman ?
Là, il va leur falloir un courage énorme et, ça, ça ne s'arrêtera pas au jeu, à l'arrêt de la caméra. Ca va être leur vie, leur quotidien...
L'expérience de ce documentaire est édifiante mais à quel point ne montre-t'elle pas non plus la déviance de la télé pour ces gens qui viennent de faire les frais de cette espèce de télé-réalité ?
Si j'avais su, j'aurais enregistré le documentaire car je pense qu'il mérite d'être vu, analysé et revu...
A bientôt !
La Papote