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Sans tabou:épisode9:Début d'enquête

Publié le 20 mars 2010 par Bella_ragatsa
Sans tabou:épisode9:Début d'enquête
Ghada hésita beaucoup, avant de fixer un rendez vous, le vendredi après midi, avec son soit disant détective Borhen ; ancien policier dans la brigade de Tunis. C’est comme si elle avait un mauvais présentement concernant ce qu’il ait découvert ; comme si elle avait peur de franchir la zone rouge tracé par son époux.
Elle n’appela pas l’avocat le lendemain comme elle l’a dit mais deux jours après. Deux jours pendant lesquels, elle se préparait psychologiquement à dénicher le passé, jusqu'alors enterré.
Cependant, elle appela sa copine de toujours Salma, pour cet important meeting. Cette dernière, accepta sur le champ, et l’accompagna à une cafétéria en centre ville.
Elles arrivaient un peu tôt que prévu, et s’asseyaient l’une face à l’autre. Une fois installée, Salma fixa son amie d’un regard blâmant et parla.
- Heureusement, que tu t’es rappelée d’avoir une copine.
Ghada, sourit en secouant les épaules et dit de sa voix douce.
- Ne commence pas s’il te plait.
- Pourquoi je ne te vois plus connectée sur msn.
Ghada, le regard triste murmura.
- Je n’ai plus envie de rien.
Salma, connaissait ce regard triste, cette allure pâle et faible, que sa copine tentait de cacher sous un faux sourire. Alors, elle déposa sa main doucement sur la sienne et se demanda d’une voix inquiète.
- Qu’est ce qui se passe Ghada ?
- Rien ! dit-elle entre les dents.
Mais là, Salma, l’attrapa avec les bouts des doigts de son menton et en plongeant son regard dans le sien.
- On est amies depuis l’enfance, et je te connais par cœur, donc inutile de me répéter sans cesse, le mot rien !
Les yeux de Ghada s’assombrirent, et en passant sa main dans ses cheveux, elle répliqua avec une certaine peur dans la voix.
- Mon cancérologue m’a proposé de suivre une chimiothérapie ! et en allumant une cigarette d’une main tremblante, mes ganglions de l’aisselle sont envahis par le processus tumoral d’après ce qu’il m’a dit. Et en riant nerveusement, et qu’il faut que je suive ce traitement le plus tôt possible.
Après un long moment de silence de mort, pendant le quel Salma, s’efforça, de retenir l’angoisse et l’émotion, elle réussit à tracer un sourire puis en caressant le bras de son amie.
- Ne t’en fait pas, tout ira bien !
Ghada, tira sa main violemment et s’écria avec une intense morosité.
- C’est le commencement de la fin.
- Ne dis pas ça…
Elle lui coupa la parole agressivement.
- Arrête de faire comme si tout allait bien… et, en la regardant avec une mélancolie, je veux pas mourir…
- Tu ne vas pas mourir… ce n’est qu’une chimiothérapie, une fois guéris, tout fera partie du passé.
Elle se taisait le temps que le serveur déposa sur leur table deux tasses de cafés puis continua, avec une voix plus basse.
- Je ne veux pas suivre une chimiothérapie.
- Mais t’es folle ? s’écria Salma, avec une certaine peur, le cancer va encore se propager et…
Ghada fit terme à la révolte de sa copine en une seule phrase.
- Je veux avoir un bébé, une chimiothérapie affaiblira surement ma fertilité, et tout ce que je souhaite moi, c’est avoir un enfant.
Salma, comprit cette envie de maternité, comme un dernier espoir de survie puis en caressant la main de sa copine.
- Tu ne penses pas que c’est un sujet que tu devrais aborder avec ton mari et ton médecin traiteur ?
Elle laissa un sourire persifleur gagner sa frimousse jaunie et continua.
- Je m’en moque de l’avis de mon médecin. Puis en se rappelant son époux, quant à Nader, il n’est pas encore au courant.
- Tu veux dire de ton désir d’avoir un enfant ?
Elle but un peu de café et répondit d’un ton froid.
- Il ne sait même pas pour la chimiothérapie.
Avec un petit hochement de la tête, elle reprit.
- Comment t’as pu lui cacher ça ?
Elle croisa les bras puis en secouant les épaules.
- Il est de très bonne humeur ces jours-ci, et c’est rare de le voir ainsi… donc je ne veux pas le tourmenter avec mes problèmes de santés.
- C’est ton époux, il a le droit de le savoir ! s’écria Salma, en la grognant doucement.
Elle fixa droit dans les yeux sa copine et poursuivait.
- Je compte lui parler, t’inquiète ! puis en se rappelant sa cousine, dis-donc, tu n’as pas parlé ces derniers jours à Mayssa ? je l’ai appelé à maintes reprises mais elle ne décroche jamais…
Salma but de son café puis répondit avec l’expression d’un sourire sur les lèvres.
- Elle a un coup de blues. Puis en lui chuchotant à l’oreille, le mec sur qui elle craque, n’est plus intéressée par elle.
- Tu veux dire Béhéeddine ?
Elle secoua sa tête pour dire oui et continua.
- Le samedi dernier, il lui a dit qu’il préfère rester ami avec elle.
En tournant la tête vers l’entrée de la cafétéria, en quête de ses invités.
- Alors j’ai mieux fait de ne pas lui faire appel aujourd’hui.
Salma laissa un rire l’emporter et ricana.
- De toute façon, elle refuserait. puis en dévorant son amie, qui ne semblait pas très surprise de ce qui est arrivé à sa cousine d’un regard intriguant, dis-moi, franchement, est ce qu’il y a quelque chose entre vous deux ?
- Qui nous ? s’écria Ghada, en baissant les yeux nerveusement.
Salma rouvrit les yeux et l’interpela comme une suspecte.
- Voyons, toi et l’avocat.
- T’es malade ? on est simplement amis, et reprit sur le point de s’énerver, si il y avait une chose entre nous deux, je t’aurai pas demandé de venir me voir.
Non convaincue, Salma, continua son interrogation.
- Et pourquoi ne pas rencontrer le détective, tout seul ?
Elle sentit ses nerfs affleurer sous sa peau, et essaya de cacher son angoisse à travers un rire nerveux.
- Je ne connais pas l’homme, c’est son ami à lui, donc béhéeddine m’a proposé de venir avec Borhen.
- Hum, ok ! et en essayant de détendre sa copine, du calme, ce n’est qu’une simple interrogation. Puis elle aperçut, les deux hommes pénétrer la cafétéria, les voilà !
Béhéeddine, ne tarda pas à les trouver, puis en faisant la bise aux deux filles, il s’assit sur la chaise à côté de Ghada, quant à Borhen, il s’asseyait près de Salma.
- Désolé les filles, Borhen a eu un petit empêchement ! s’écria béhéeddine en se soulevant un petit peu de sa chaise.
Borhen, intervint en frottant les mains.
- Il fait un froid de canard.
Salma, en rigolant.
- Hier pourtant il se faisait chaud !
- Et oui, je vais finir par m’enrhumer, murmura le vieil homme.
Et là, Ghada, morte de curiosité, et trépidant nerveusement sa jambe sous la table.
- Alors monsieur Borhen, qu’as-tu de nouveau ?
L’homme sourit. Sa bouche était gourmande et ses yeux brillèrent d’un vif plaisir.
- Tu dois me payer une bière pour ça.
- Je te paye tout ce que tu veux ! et en le fixant d’un regard attentif, vas-y, s’il te plait !
Béhédine, posa sa main sur l’épaule de son ami.
- Allez, crache le morceau.
Il la regarda un dernier moment, vit trembler les coins de sa bouche, mais avant de prendre la parole, il prit une gorgée du café de Salma, comme se préparant, à faire l’exploit du siècle.
- Voilà, ça ne m’a pas pris beaucoup de temps, et en ingurgitant sa salive, c’était pour un autre client, j’ai consulté le registre des morts, et je me suis dit pourquoi pas à la même occasion voir pour la tante de ton amie… et comme il voyait tous les regards intéressés le cernant, et elle était bien là, consignée depuis une dizaine d’année, je pense au début des années90 !
- Elle est donc morte ? s’écria Salma, avec une expression de surprise.
Alors, l’homme poursuivait, en traçant un sourire malin.
- Mais ce n’est pas l’unique surprise ! et en détournant sa tête vers Ghada, la mère de l’époux de ton amie, s’appelait Dalanda, c’est ça ?
- Oui, exactement ! disait Ghada, la main sur sa poitrine.
Il croisa les bras s’allongea sur sa chaise et dit d’un ton de triomphe.
- Et ben, ma chère, elle ne figurait pas sur le registre, ce qui signifie qu’elle est encore en vie !
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Vers 21h du soir, la porte de l’appartement s’écria. Ranime s’enveloppant dans son manteau, alla l’ouvrir, et elle voyait le visage rieur de son frère cadet. Elle échangea une bise avec lui puis en parlant à Sabrine, qui ne montrait que sa tête de la chambre à coucher.
- J’y vais !
- Tu reviens quand ?
Ranima secoua les épaules et murmura d’une voix à peine entendue.
- Je ne sais pas !
Houssem la tenait par la main, joyeusement, et intervint.
- Euh d’ici, lundi, je pense !
Puis la tira vers lui et ferma vite fait la porte.
- Tu ne sais pas à quel point, on est tous heureux de te voir passer, le weekend chez nous !
Elle le suivait, calmement en dégringolant l’escalier puis dit quand ils arrivaient finalement devant la voiture, garée à l’entrée de l’immeuble.
- Je resterai juste pour ce soir ! demain je rentrerai chez moi !
Galamment, il lui ouvra la porte et dit en brocardant.
- Si tu pouvais échapper à Nafissa, fais-le !
Elle sourit et s’engouffra dans la bagnole. Et une demi-heure plus tard, la voiture s’arrêta face à la villa de ses parents. Elle hésita un petit moment puis poussa la porte et suivait son frère dans le jardin, jusqu’à ce qu’elle entende la voix de sa mère, venant en précipitant le pas sur le pavé, et tendant les mains à sa petite chérie.
- Oh ! mon bébé est là !
Elle laissa sa mère la serrer un long moment dans ses bras, l’embrassant partout et la cernant de regard comme si elle la voyait pour la première fois. Puis sans séparer la main de sa fille, comme craignant la voir fuir, elle la conduisait dans la maison, où il y avait beaucoup de monde : ses frères et sœurs, quelques amis et des voisins.
Elle se débarrassa de la main de sa mère, puis en faisant tourner ses yeux un peu partout, pour dévisager les invités qu’elle ne connaissait pas.
- Vous avez des invités à ce qu’il parait !
En jouant avec les cheveux de sa fille.
- Ils sont venus tous fêter ton anniversaire !
En s’éloignant d’un pas d’elle, elle murmura gênée.
- Je ne suis plus une gamine, pour avoir une fête !
Sa mère, lui caressa la joue tendrement et disait en lui collant une douce bise sur le front.
- Tu seras toujours un bébé aux yeux de maman ! puis en augmentant la voix pour parler à tout le monde ! c’est ma fille, Ranime ! puis en s’adressant au voisin de la villa d’en face, elle a grandi, n’est ce pas, monsieur Hamza ?
Tout le monde borna Ranime d’un regard affectueux et le vieux monsieur interféra.
- Ben, oui, ils grandissent et nous on vieillit.
Nafissa se mit à rire, puis sans débarrasser la main de sa fille.
- Je suis encore jeune ! et en serrant fortement sa fille dans les bras, au moins, avec ma petite dernière, je n’ai pas la sensation d’avoir beaucoup vieilli !
Puis Ranime sentait d’autres mains la chatouillant au niveau de la taille. Elle faisait un petit sursaut puis vit, son père, avec son sourire radieux.
- Papa ! tu m’as fait peur !
Il la serra dans ses bras, puis en effleurant sa joue.
- Papa, est très fâché contre toi ! pourquoi tu ne m’appelles jamais…
Nafissa tira Ranime vers elle et répondit à son mari.
- Elle est venue passer le weekend avec maman !
Elle arriva à se débarrasser de ses parents puis en s’arrêtant près de la porte.
- Non, c’est juste pour ce soir ! je rentrerai demain chez moi !
Puis la sonnerie du cellulaire de Ranime interrompit leur conversation, alors Nafissa se demanda sans quitter sa filles des yeux.
- C’est qui ?
- C’est maman ! disait Ranime, d’une voix frustrée.
D’un geste d’énervement mélangé à la jalousie, Nafissa arracha le Gsm des mains de sa fille et s’écria.
- Et ben pour ce soir, tu n’as qu’une seule mère !
- Mais…
Et sa mère l’interrompit de nouveau en tirant par l’oreille, son fils debout à proximité d’elle.
- Allez, présente tes amis à ta petite sœur, le temps que le gâteau soit servi !
Il sourit à sa mère, qui mettait le Gsm dans la poche de son gilet, puis partit vers la cuisine. Quant à Ranime, elle resta un petit moment coincée, embarrassée, jusqu’à ce Houssem l’interpelle en poussant doucement, l’un de ses potes qu’il a invité pour l’anniversaire de sa sœur.
- Alors sœurette, je te présente Kamel, un bon pote à moi ! et en lui donnant une tape amicale sur la nuque, c’est un danseur professionnel qui va te faire une petite chorégraphie plus tard dans la soirée, c’est son cadeau !
Émerveillée par son charme, elle le regarda un long moment puis d’une voix timide.
- Enchantée, moi c’es Ranime.
Il s’éclata de rire et dit de son humour extravagant.
- Bien sûr Ranime, Houssem me parle toujours de toi, et franchement, il t’aime beaucoup !
- Moi aussi, je l’aime !
Puis en suivant sa mère, amenant le grand gâteau.
- Alors vous étudiez la médecine comme mon frère ?
Il ria à haute voix et dit.
- Non, on est pote grâce à la salle de sport dans laquelle on s’entraine.
Puis sa mère, qui venait s’intercaler entre eux, interrompit leur petite conversation.
- Allez ma puce, viens souffler tes bougies.
- Non, je ne suis pas une gamine ! et puis j’ai honte de le faire devant des gens que je ne connais pas.
Ne voulant pas mettre mal à l’aise sa petite fille, Nafissa n’objecta pas et en se dirigeant vers la salle à manger.
- Allez, je vais moi-même souffler mes bougies de mes 23ans !
Et un grand rire, envahissait la pièce. Quant à Ranime, elle passa le tiers de la soirée en compagnie de son frère et de ses potes.
- Alors sœurette ! tu n’as pas de copain ?
Les joues toutes rouges, et les yeux fixant Kamel, qui ne cessait de l’observer aimablement depuis le début de la soirée.
- Pas vraiment !
Là, Kamel, en lui faisant une œillade.
- Comment une si jolie fille, reste seule ?
Houssem, le tapa, sur sa nuque comme l’autre fois et s’écria en riant.
- Hey, ne drague pas ma sœur, en ma présence !un peu de respect, connard !
Et là, Nafissa, saisissait la main de sa fille et disait, en l’approchant de sa poitrine.
- Tu n’as pas hâte de recevoir le cadeau de maman ?
Elle sourit et répondit gentiment.
- Cette soirée formidable m’est largement suffisante.
- Non, ce n’est pas suffisant pour maman !
Puis sortit une petite clé de la poche de son gilet et la déposa dans la paume de sa fille. Surprise, Ranime, se demanda.
- C’est quoi ça ?
Nafissa, traça un large sourire sur ses lèvres, et poursuivait en caressant les cheveux de sa fille.
- Les clés de ta voiture !

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