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Sans tabou: épisode12: Le petit-neveu

Publié le 04 avril 2010 par Bella_ragatsa
Sans tabou: épisode12: Le petit-neveu
Sondos était sortie au balcon, d’une des chambres du premier étage, fumer un bout de cigarette. Il était 22h10. Et elle demeurait un long moment, les yeux ailleurs, et parfois elle faisait de l’effort pour dévisager les fantômes de passants dans cette ruelle, très calme. Elle suivait du coin de l’œil, la faible luminosité émanant de la chambre à coucher de leur voisine d’en face. Quand cette dernière, éteint la lampe, l’obscurité envahissait le champ de vision de Sondos.
Inquiète cette dernière, rebroussa chemin à l’intérieur de la chambre, suivit du travers Abir, se changeant, devant elle sans gêne puis dit, en s’asseyant sur le bord du lit.
- Apparemment il ne viendra pas !
Cette dernière enfila son pantalon jean, puis dit, en souriant.
- Ben appelle le.
Sondos échangea avec elle un regard bref puis continua.
- Il m’a demandé de ne jamais l’appeler le soir ! puis d’une voix plus basse, c’est pour éviter des éventuelles tensions entre lui et sa femme.
Abir, sourit avec malice, puis en passant rapidement son pull.
- Oui, j’imagine ! puis en se mettant debout, alors t’es encore amoureuse de lui ?
- Pardon ! s’écria Sondos, en sursautant sur place.
Abir, s’arrêta face au miroir, brossa les cheveux puis poursuivait.
- Tu sais de quoi je parle.
Énervée, comme elle ne voulait pas parler de sa vie privée avec n’importe qui.
- Écoute sale gamine ! je ne suis pas tenue de parler de ma vie amoureuse avec toi.
Abir, enveloppa sa tête sous un bonnet rouge avec des traits en noir et continua.
- Tu ne crois pas que tu vaux mieux que ça ! et en ayant un air sérieux, ce n’est pas un homme bien et ça tu le sais…
Sondos, s’approcha d’elle, lui colla une tape légère sur sa nuque et reprit, sur les nerfs.
- Hey, ma petite, si tu penses à reprendre tes cours, ça serait beaucoup mieux, que de ficher ton futur, en vendant ton corps.
Abir, laissa un immense rire s’échapper de ses lèvres et reprit, avec une certaine tristesse dans la voix.
- Reprendre mes cours ? qui va me les payer, et où vais-je vivre ?
- Chez ta mère, ma grande ! et en la cernant d’un regard blâment, je pense qu’elle a largement souffert de ton absence et qu’il est temps que tu reviennes chez toi.
Abir, arracha le bout de cigarette restant des lèvres de Sondos et poursuivait.
- Chez ma mère ? puis en souriant, elle ne me traite plus comme sa fille, depuis que mon père m’a mise enceinte.
Comme Sondos, ne proférait rien, du poids de la surprise, cette dernière continua, en enfilant ses bottines à talon.
- À ses yeux je n’étais qu’une pute qui a volé son époux. Puis en retenant ses larmes, mon père a payé le prix fort, et moi à un degré moindre. Et en secouant les épaules, comme s’en moquant de sa vie. Après l’avortement, toute ma vie a basculé, je n’habitais plus avec ma mère mais avec une inconnue ; avec une femme, qui s’en foutait de ce que je fais.
Elle se taisait comme pour se rappeler puis poursuivait.
- Même mon petit frère s’est vengé de moi, et les yeux rouges de colère, il y avait un mot qu’il ne cessait de me le dire à chaque fois que nos yeux se croisèrent, puis en soupirant longuement, pute !
Comme un écho supplémentaire au malaise qu’elle ressentait, certaines phrases revenaient à son esprit.
- Bonjour, pute ! bonsoir pute ! t’as bien mangé pute ? t’as bien dormi pute ? t’es encore en vie pute ? puis en fixant un doux regard sur Sondos, Est-ce une vie à vivre ?
Ne savant quoi dire, pour réconforter cette jeune fille, Sondos, baissa la tête et murmura.
- Je sais que c’était difficile pour toi…
Cédant à un moment de révolte, Abir lui coupa la parole agressivement.
- Qu’est ce t’en sait, hein ?
Après avoir aspiré quelques goulées d’air frais, Sondos serra les poings en songeant à son passé.
- Écoute, moi aussi j’ai mené une sale vie ! et en laissant un rire furieux sauter de ses lèvres, j’étais procrée hors mariage, et élevée dans un orphelinat pourri avec une cinquantaine d’enfants de rue comme moi ! et j’ai passé les belles années de mon adolescence enfermée dans une maison de correction. Ce n’est pas le luxe, comme tu peux le remarquer !
Abir, la suivait d’un regard tendre s’assit sur le bord du lit et mettait sa main sur son épaule.
- Je ne sais pas si je dois te le dire ou pas ! puis en levant sur elle un regard bienveillant, mais t’es l’unique personne dans ce bordel, que j’aime bien. Puis se leva très vite, s’approcha d’elle et continua en saisissant sa main, je sens que t’es quelqu’un de bien malgré tout.
Sondos, sourit aimablement, lui caressa sa jeune frimousse, et répondit.
- Tu me rappelle une fille avec qui j’ai vécu à l’orphelinat, on était presque comme des sœurs et c’est pour ça que je veux bien que tu te sauves avant d’être totalement noyée dans ce courant bordélique.
Abir, posa ses deux mains sur les hanches de son interlocutrice, d’une manière caressante, puis en levant sur elle un regard résolu.
- J’aime bien ce que je fais…
Sondos, lui coupa la parole en la grognant.
- Il n’y a pas de femme qui aime être le joujou sexuel des hommes.
- Ce n’est pas question de sexe pour moi. Disait la jeune fille sans la quitter de ses yeux, mais plutôt de choix, et en riant, avec mon père, j’étais la plupart de temps contrariée voire forcée à le faire, maintenant, c’est moi qui commande, c’est moi qui détient le pouvoir.
Sondos, recula d’un pas et dit en ricanant.
- Quel pouvoir ? t’es exploitée par des clients prédateurs, des pervers comme ton père.
Abir, l’observait avec un regard chaviré et se demanda à mi-voix.
- Des prédateurs ? si t’es tellement écœurée par ton boulot, pourquoi l’avoir choisi dès le début ?
- On fait des mauvais choix par moment dans la vie !
La jeune fille, sourit doucement, puis effleura le bras de Sondos, en ajoutant.
- Oui, c’est vrai. On fait tous des mauvais choix… puis en ingurgitant sa salive. Le pire, ce qu’on est conscient du mal dans le quel nous nous fourrons.
Puis frôla la joue de Sondos, tendrement et continua.
- J’ai choisi ma vie et je ne regrette rien. Et en cherchant à croiser ses yeux, tu vois, on a plein de trucs en commun.
Et sans attendre une réponse de Sondos, elle baissa la tête, comme elle fut plus grande, et lui colla un baiser profond. D’un geste d’énervement, Elle la repoussa puis en reculant d’un pas, la face jaunie d’étonnement.
- Qu’est ce que tu fais ?
Angoissée, Abir alluma une nouvelle cigarette et poursuivait en souriant.
- Je voulais te remercier….
Sondos, s’approcha de la porte puis en l’ouvrant, sur les nerfs.
- Bon, il est temps que tu partes.
Et sans la regarder, elle descendit l’escalier en pressant le pas. En la voyant, Rami, allongé sur le canapé et mettant ses deux pieds sur la table basse, les laissa retomber, par peur, et bondit de sa place en se dirigeant vers elle.
- J’étais sur le point de venir te chercher.
Elle saisit sa chaise devant son bureau, encore tourmentée par le baiser, puis en mettant sa main droite sur la souris, sans vraiment lever son regard sur Rami.
- Qu’est ce que tu veux ?
- Le boss a appelé.
- Lequel des deux ? se demanda-t-elle, furieuse.
- Nader. Puis en frottant son nez comme pour se souvenir, il a dit qu’il ne se sentait pas bien, et qu’il est possible qu’il ne viendra pas demain aussi.
Puis un client descendit de l’escalier accompagné de l’une des filles russes, et s’arrêta devant le bureau en regardant Sondos.
- Elle est bonne, cette nana. Et ricanant, c’est vrai, que je n’ai pas compris un seul mot de ce qu’elle m’a dit, mais… et en échangeant un baiser avec la fille, mais je crois que le langage corporel est universel et que pour baiser on n’a pas besoin de causer.
À contre cœur, Sondos, traça un faux sourire et murmura.
- L’important monsieur Khaldoun, c’est que vous étiez satisfait.
- Oui, à fond ! rajouta l’homme de sa voix grave, en caressant les cheveux blonds de la fille, puis suivait du coin de l’œil Abir, descendant l’escalier et rajouta, mais je suis sûr qu’avec la petite nouvelle, ça serait plus intense.
Abir, s’arrêta face à lui et avec son index se mettait à effleurer son grand ventre, audacieusement et reprit de sa voix capricieuse.
- Je n’ai aucune objection, mais tout dépend de mon agenda.
L’homme, barbu, se mettait à rire et parla en adressant la parole à Sondos.
- Cette fille me plait grave ! et en faisant un clin d’œil avide à Abir, je trouverai certainement une place dans ton agenda.
Puis lui jeta un bisou avec la main et faisait un nouveau clin d’œil à Sondos et quitta le bordel. L’autre fille, regarda Abir, de travers, comme elle ne faisait depuis son adhésion au groupe, que leur piquer des clients, surtout qui leur étaient généreux en pourboire.
La jeune adolescente, mit ses mains dans ses poches, comme s’en moquant des regards méchants dont la fille l’injectait, et attendait à son rôle qu’elle soit rémunérée pour sa prestation nocturne.
Une fois que la Russe fut rémunérée, elle s’enveloppa dans son manteau noir et s’arrêta près de la porte ,attendant Rami, pour qu’il la raccompagne chez elle. Ce dernier, la suivait puis en parlant à Abir.
- On t’attend à l’extérieur.
Elle secoua la tête pour dire non et s’expliqua.
- Non, merci, je vais découcher chez une amie ce soir, je prendrai un taxi.
Il la regarda un bref moment, comme hésitant puis dit.
- Ben, comme tu veux ! et en mettant sa lourde main sur l’épaule de l’autre fille, allons-nous Patricia !
Une fois seules dans la réception, Abir, ne proféra le moindre mot. Elle suivait minutieusement, sa patronne, comptant l’argent puis lui remettant sa part dans une enveloppe.
- Tu peux les compter pour t’assurer.
Abir, sourit doucement, saisissait l’enveloppe et la cacha dans son sac à main, rose, en murmurant.
- Je te fais confiance !
Sondos, leva sur elle un regard inquiet et se demanda.
- Ne t’as pas peur de partir à une heure tardive, toute seule ?
Elle se laissa, emporter par un rire ironique et reprit.
- Qu’est ce que je risque, hein ? de me faire violer ? et continuât à rire avec hystérie, je ne serai pas traumatisée, je ne fais que baiser depuis l’âge de 10ans…. Et en ingurgitant sa salive, ou peut être d’être assassinée ? et en traçant un sourire morne, je serai vraiment aux anges, si quelqu’un met fin à ma maudite vie.
Puis leva la main pour saluer Sondos et disait.
- Je te souhaite bonne nuit et à demain !
- Fais attention à toi. Disait sondos, encore inquiète.
Abir, lui jeta un dernier regard aimable et quitta la maison. Elle s’éloigna de la petite ruelle de quelques mètres, et s’enfonça encore dans l’obscurité. Dans le calme nocturne de minuit, elle entendit comme de bruit de pas la suivant. Elle eut peur, mais elle ne tourna point la tête et pressa le pas, vers la route principale, et avant d’y arriver. Les phares d’une voiture, l’aveuglèrent. Elle s’arrêta sur sa place, tremblante comme une feuille. Puis quand la voiture éteint ses phares, elle se rendait compte qu’il s’agissait d’une voiture de police.
L’équipier du chauffeur, sauta de son siège et s’approcha d’elle en criant.
- Hey, toi, viens par ici !
Elle n’eut pas un geste, comme figée sur le trottoir. Alors le policier, s’arrêta devant elle et en la dévisagent, sévèrement d’un regard inquisiteur.
- Qu’est ce que tu fais ici, seule, à une heure si tardive ?
Le chauffeur, à son tour s’avança vers elle et sans la quitter de son regard embêtant.
- Je veux voir ta pièce d’identité.
Pâle comme un coing, elle bégaya perturbée.
- Je n’ai pas de pièce d’identité, je n’ai que 17ans. Et en reculant d’un pas comme s’apprêtant à s’enfuir, j’étais chez ma tante, elle habite juste à côté.
Le policier, la tint fortement par le bras et s’écria d’une voix ferme.
- Bien alors, on veut la voir ta tante !

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