A quoi peu donc bien s’occuper une parisienne en vacances à Paris? A part le ciné et les magasins bien sûr. Et bien elle fait un truc qu’elle n’a jamais le temps de faire d’habitude : elle visite les expositions temporaires des musées nationaux.
Original non?
Tu vas voir que j’ai autant d’avenir en tant que critique d’art, que comme critique cinéma.
Alors, qu’ai-je vu ces derniers temps ? (je triche un peu, je n’ai pas fait tout ça en 3 jours)
- Turner et ses peintres (au Grand Palais jusqu’au 24/05) Bof. Déjà il y a beaucoup de monde. Comme pour toutes les expos au Grand Palais. Donc si tu n’as pas le sésame magique pour griller tout le monde (quel appelorio un coupe file) prévoie un bouquin, tu auras au minimum 30 minutes de queue.
Je vais te faire directement économiser 5 euros : même si tu ne bites rien à la peinture anglaise du XIXème siècle, l’audio guide n’est pas indispensable. L’exposition rassemble donc les œuvres principales de Turner… et celles des grands peintres européens dont il s’est inspiré. Et quelque part c’est tant mieux. Enfin pour nous. Parce que pour Turner ce serait plutôt tant pis. Je me suis beaucoup plus régalée à regarder les Rembrandt, les Poussins, les Canalleto etc.. etc… Ou alors c’est que je ne suis pas sensible à ” l’œuvre marquée par une recherche novatrice audacieuse qui fera considérer celui que l’on surnomme le « peintre de la lumière » comme un précurseur de l’impressionnisme” (Wikipedia)
- Paul Klee la collection d’Ernst Beyeler (au musée de l’Orangerie jusqu’au 19/07/). Le vernissage le plus tragique de ma vie: rien à boire, rien à manger. L’angoisse. Je n’y allais pas (que) pour les petits fours, heureusement. Sont donc rassemblées quelques toiles de Paul Klee parmi les plus tristes et les plus macabres (mais pas les plus célèbres). C’est l’expo qui sape le moral un peu. Par contre, l’étage au-dessus est magique: 2 salles octogonales avec des bancs pour se plonger dans les nympheas de Claude Monet. C’est beau, c’est apaisant, c’est l’idéal après Paul Klee.
- Edvard Munch ou l’anti-cri (à la Pinacothèque jusqu’au 18/07). J’ai adoré. L’expo présente une grande partie de l’œuvre de Munch, quasi inconnue pour nous pauvres téléphages sous-culturés qui ne connaissons que le Cri. C’est passionnant de suivre toute l’évolution de son œuvre, au départ très classique. D’autant que le monsieur qui voulait à tout pris rendre palpable à travers la toile l’émotion qu’il avait ressenti lorsqu’il l’avait peint, faisait pleins d’expériences intéressantes: du genre, laisser sa peinture pendant des jours sous la pluie. Vu que l’audio-guide était superflu pour Turner, là je ne l’ai pas pris. Et j’ai regretté. Comme c’est trop moderne les musées parisiens, tu peux télécharger la conférence audio sur ton iPhone mais je n’avais plus de batterie. La loose totale.
- Lisette Model au Musée du Jeu de Paume jusqu’au 06/06. Là c’est plus de la peinture, mais de la photo. Un peu la Doisneau américaine pour te situer. Sauf qu’elle ne faisait pas poser des modèles mais accomplissait un réel travail en labo pour recadrer ses photos. C’est qu’à l’époque il n’y avait pas photoshop. L’expo est décevante. Les photos ne sont pas mises en valeur, les murs sont recouverts de citations affligeantes tandis que les légendes des photos sont insuffisantes pour remettre l’oeuvre dans son contexte. Et pas d’audio guide pour nous aider. Seule point positif: tout au fond du musée, ils diffusent une interview de Lisette, passionnante, qui aurait gagnée à être entendue dans toute la salle plutôt que simplement dans la petite pièce du fond.