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Au confortable mépris des valeurs qu’on dit nobles ; Sauf à l’égard de ceux…

Publié le 02 mai 2010 par Acidbubbles

Que de rencontres pluvieuses…

Je crois que j’ai toujours fait des efforts pour correspondre à l’image du « noble de cœur », pour ressembler aux hommes qui ont façonné ma personnalité jusqu’à ma maturité psychologique et affective. Je pense à mon grand-père et à son meilleur ami, aujourd’hui décédés. Je pense à l’ami prêtre de mon père, qui les a aussi rejoints. Je pense à mon ancien directeur de thèse, ou au patron de mon agence. Mais je ne serai jamais comme eux. Parce que je crois en des valeurs comme la loyauté, l’abnégation, ou le dévouement, mais que j’en attends systématiquement une contrepartie. Je veux bien donner beaucoup, je me fous même pas mal de donner tout ce que j’ai. Mais je n’ai, au fond, pas grand-chose à offrir, alors je veux seulement que ce ne soit pas dilapidé. Un exemple ? Je m’intéresse à une sombre inconnue venue m’adresser la parole lors d’une soirée trop arrosée : elle y perçoit un jeu de séduction. Dieu m’en garde, pourtant. Parce qu’aujourd’hui, j’ai peur des femmes. Et à plus forte raison, parce que celle-ci est venue me chercher, et non l’inverse. Enfin parce que c’est elle, en jouant à ça, qui a besoin de se rassurer. Par ailleurs, je déteste parler de mon boulot. Quand je fais l’effort d’en évoquer ne serait-ce que les contours, un relan de mépris me revient en pleine face, comme un truc du style « mais tu navigues dans d’autres sphères, on n’a pas ton niveau » (avec ce petit air suffisant qui ne suscite plus en moi que de l’apitoiement).

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Je n’accorde aucune importance au statut. Ce qui me fascine chez les hommes, et dont accessoirement j’ai besoin, c’est leur intelligence relationnelle. Celle-là qui caractérise la capacité de se projeter dans le ressenti, et de conceptualiser leur perçu pour le faire passer. Pour moi c’est ça, une rencontre. Je déteste les conversations qui ressemblent à une vulgaire superposition d’egos mal léchés. Du genre les « moi je… » qui partouzent avec les « pour ma part… » et l’incontournable « moi aussi je fais comme toi, mais en mieux ». C’est pas de l’interaction, c’est un dialogue de sourds complètement mégalo. Entre ceux passés maîtres dans l’art de la surenchère avant même d’avoir appris à écouter.

L’amour de son prochain, c’est pas pour moi.

Alors j’ai écrit que « trempées dans le whisky comme des mouillettes que j'avale en faisant la grimace, les conversations me paraissent moins fades. Jusqu'au lendemain matin, et ainsi de suite... Et les gens qui me distraient sont ou trop loin, ou trop occupés. Ou des fois, c'est moi qui ne leur suis pas distrayant... » On m’y répondit que c’était « rabaissant », on me suggéra « de renvoyer ma cour de bouffons au motif qu’elle n’est pas toujours disponible ». Soit. Je n’impose à personne de me lire. J’en invite néanmoins quelques-uns à m’oublier, si je les irrite. Pour leur plus grand bien, mais aussi pour le mien. 

Et qu’importe si mon prochain pense que j’ai une très haute estime de moi. Parce que ma vie est un agglomérat de doutes. J’ai bien trop besoin des autres pour continuer de m’épanouir. Mais j’ai envie d’être tiré par le haut, pas vers le bas. La vraie prétention, c’est de maquiller sa médiocrité comme une pute pour lui donner de faux airs de princesse.

Des soubresauts de vie qui resteront quand même allumés

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Avec lui, on se sent « riche ». Il cumule les appartenances aux « minorités visibles », et je lui souhaite de tout cœur de continuer en ce sens. En effet, le remarquable (au sens propre du terme) Mister B. me stimule. Car d’un premier abord il l’ignore, mais il se distingue foncièrement. C’est un homme à la compagnie absolument délicieuse, enrichissante. Il éveille la curiosité et suscite un respect légitime. Avec ce mec, on joint l’utile à l’agréable. Il fait partie de ces rares personnes que je ressens « réceptives », et figure parmi celles, trop rares, à l’encontre desquelles je ne décroche jamais un « ouais ouais… », fatigué d’une soirée laxative. Pourtant ce mec là est une star. Doué d’une intelligence que la discrétion dispute au charisme, il semble ne pas avoir conscience, ou du moins réprimer, ce sentiment d’autosatisfaction dont il pourrait légitimement se prévaloir. Je crois même qu’il hésite à devenir cinglant, tellement il est potentiellement redoutable. Mais le voir devenir acerbe me ferait probablement jubiler. Trop bien élevé, peut-être ? Dieu l’en garde !

Il est de cette race d’hommes, qui imposent sans jamais avoir à exiger quoi que ce soit. Avec humilité. Quand bien même il aurait pu se la « péter grave », je crois bien que l’idée ne lui effleura jamais l’esprit. C’est aussi un entrepreneur au sens noble du terme. Il ne s’exprime pas prétentieusement en termes de K€, mais en terme de chantier. Il ignore cette terminologie « business » caractéristique des indépendants frustrés, et préfère employer le champs sémantique de l’épanouissement. Il ne s’étale pas sans vergogne avec « moi j’ai », il me bouscule avec « voilà ce qu’il me reste à vivre ». Bref, je crois que ça m’apporte énormément (de lucidité et d’humilité ?), d’être entouré de gens comme Mister B. et les F&F’s (entre autres), à deux points de vue. D’abord parce qu’ils me tirent par le haut. Aussi parce que je commence à en avoir marre de parler de moi, mais que pour parler d’autre chose que de moi, j’ai vraiment besoin d’être inspiré, en ce moment. Parce que les gens qui s’exhibent dans le tumulte de la foule, ça me fatigue. Et parce que lorsqu’on a la chance insolente de mériter la compagnie des premiers, on ne peut qu’inconsciemment s’ennuyer de tout le reste. Voilà peut-être bien leur seul défaut, dont j’endosse volontiers l’entière et délectable responsabilité.

Et puis c'est le prix à payer, quand on a choisi de vivre dans un endroit où jamais personne n'est anonyme, et donc où tout le monde est sans cesse en représentation. Que l'orgueil de ceux que je n'ai pas encore cité m'en pardonnent, je me rattraperai dignement. 


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