Magazine Humeur
Quelle presse pour quelle liberté?
Publié le 03 mai 2010 par Docteurho
Comme de coutume, il se veut nécessaire de revenir sur la question de la liberté de la presse au Maroc, de pleurer quelques larmes sur les éditions censurées ou carrément écrasées, sous le joug d’un pouvoir arbitraire dont les mâchoires sont plus agressives que la défense de la squadra azura. Aujourd’hui, mesdames et messieurs, on fête la journée mondiale de la liberté de la presse, et notre cher ami Larbi.org n’a pas manqué de sortir sa grosse artillerie pour défendre les idées qui lui sont acquises dans ce sens. En effet, Larbi connu pour ses motivations solides d’anti-makhzenien endurci, a ouvert le feu sur le pouvoir marocain qui tient des positions ambigües et dénuées de tous sens, à la fois en faisant croire à une transition démocratique faite d’ouverture et de liberté d’expression, mais se garde le privilège de fouetter toute âme téméraire qui irait croire à un domaine sans garde-fous. Or, dans cette affaire, les journalistes et la presse en général ne sont pas toujours innocents, il y a une nuance à se faire et pour cause…
Au Maroc, et depuis l’avènement du nouveau règne, il y a eu beaucoup d’encre qui a coulé dans tous les sens, des suites de plusieurs cas d’emprisonnements, de condamnations et des amendes astronomiques, de saisies de revues, de fermeture de journaux et autres jugements plus ou moins sévères, à l’encontre de journalistes et autres tribunes d’opinion libre. Je ne cacherai pas ma solidarité avec les personnes ayant été lésées, et mon soutien à la cause de la libre expression face à un système judiciaire plus royaliste que le Roi, qui fait du ridicule sa foi inébranlable, sans se soucier de l’importance de la mission qui lui est confiée. Cependant, je ne manquerais jamais de nuancer mes propos et ma position du même biais, chose que j’ai appris à faire dans ce bas pays où personne n’est vraiment innocent quand on y regarde bien.
A la question que s’est posée Larbi, moi je réponds à l’unisson avec Hmida avec un tout autre questionnement : « Quelle liberté pour quelle presse au Maroc ? » ! S’il est vrai que le pouvoir n’y vas pas par 36 chemins pour sanctionner et lourdement les dépassements hasardeux et même savants des lignes rouges, il est tout aussi vrai qu’il existe dans ce pays, de véritables fous de la plume qui ne savent pas que la liberté d’expression est doublée d’une certaine responsabilité, d’abord envers les personnes traitées de tous les torts dans les sujets soulevés, puis envers le lecteur pièce maitresse dans le puzzle. Si Barak Obama, a dit au tout début de son investiture que nulle démocratie ne peut subsister sans la présence d’une presse autonome libre et puissante, et que ses propos soient facilement vérifiables si l’on mesure l’impact des médias dans le façonnement du système politique aux états unis, il n’est pas tout aussi facile de faire une parallèle avec le Maroc, précisément, pour ne pas parler de plusieurs pays arabes. La particularité de notre pays, c’est d’abord le fait que nous ne soyons pas une vraie démocratie au sens propre du terme, si on en a les traits majeurs, à savoir tous les mécanismes politiques qui font notre paysage, mais de l’autre coté, nous ne disposons pas d’une vraie presse, responsable et impartiale. Les rares éditions qui constituaient la pierre angulaire de la presse marocaine ont été soit victime de leurs erreurs administratives, soit contraintes de mettre la clé sous la porte par la pression et l’arbitraire de la loi marocaine. Ici je ne manquerai pas de dénoncer et de crier à la honte !
Cependant, qu’en est-il du reste des tribunes qui sont soit des harengs populistes bien markettés pour vendre de l’espace publicitaire soit des éditions indécentes aux lignes éditoriales trash, n’ayant là aussi que le souci de vendre, et au passage véhiculer des idées saugrenues, sensées être le sacro-saint de la modernité? Répondez à cette question, vous et vous aurez tout compris!
Entre la réalité de la liberté de la presse au Maroc, et la presse marocaine tout court, il devrait y avoir un questionnement très intelligent. Il ne suffit pas de réclamer l’impunité pour les délits d’opinion, mais de réclamer à ces gens là même qui ont une opinion de savoir en assumer la responsabilité. Je ne suis pas un pro makhzenien qui gobe l’hameçon du pouvoir et défend l’indéfendable, mais je persiste et je signe que sans une presse compétente et pertinente, ayant plus le souci d’exercer son pouvoir de critique que celui de vendre de la pub, il y aura toujours des cas de lèse majesté et autres exactions envers les journalistes, intègres soient-ils ou pas, et ce sans que ça ne crée l’unanimité de la position que prendra le peuple.