Je ne pouvais quand même pas laisser un mois d'été sans billet, même si la motivation m'a un peu quitté dernièrement. Manque d'habitude, laisser-aller, envie de penser à autre chose... Je ne sais pas trop.
Mon sevrage continu d'avancer, bien même. Je pense que, étrangement, c'est la seule chose fiable et stable dans ma vie en ce moment et je la garde donc très précieusement.
J'en suis à 55 gouttes, bientôt la moitié, je ne suis plus impatience, pas résignée non plus, sûre de moi. J'en vois le bout, je sais que d'ici quelques mois ce sera loin derrière, et que, quoiqu'il arrive, j'y arriverai. C'était sûrement le pire et meilleur moment pour commencer à se sevrer, parce que finalement on ne peut jamais tout contrôler, tout prévoir et qu'il faut s'adapter. Une fois que j'ai compris que je n'avais plus besoin de médicaments pour vivre, tout est soudain devenu plus clair. Je ne dis pas que c'est tous les jours facile, qu'il n'y a jamais de jours où je n'ai pas envie de reprendre de Temesta, où je ne me sens pas angoissée, mais je n'en ai plus besoin.
J'ai relu Desproges récemment, oui, ça reste ma thérapie, et une phrase m'a frappé : "La caractéristique principale d'un ami est sa capacité à vous décevoir". Ça m'a semblé tellement évident et juste que je ne sais pas comment j'ai pu passer à côté jusqu'à présent. Je ne pense pas qu'il y ait cependant une once de cynisme dans cette phrase, ni dans mes pensées.
C'est simplement la chose la plus humaine qui existe. Je suis terrorisée à l'idée de décevoir les gens que j'aime, mes amis, ma famille, les gens pour qui j'ai de l'estime, que ça en vire parfois à l'obsession. Mais après tout, comment composer entre son soi et son image, entre sa vie et celle des autres, entre nos actes et la façon dont ils peuvent être perçus? J'ai beau retourner le problème, c'est une équation insoluble, il y a forcément des dommages collatéraux à un moment ou à un autre, forcément un jugement, des sentiments qui s'en mêlent et s'emmêlent et la raison qui fout le camp.
Est-ce parce que l'autre, cet ami, n'agit pas comme on le voudrait ou ne dit pas les mots attendus qu'il faut pour autant considérer que la solitude est la seule issue? Ou alors qu'il n'est pas un "véritable" ami? Et qu'il faut alors s'en séparer comme un chien sur l'autoroute le jour du départ en vacances? Non.
La capacité de déception fait partie du jeu de la confiance qu'on accorde, fait obligatoirement partie des choses qui s'installent après des années de vie commune, car on doit dépasser la raison pure et dure et accepter qu'un ami s'inquiète, s'énerve, juge, ne comprenne pas puisque, avec un minimum de recul, j'agis de la même façon. Ce n'enlève rien à la blessure, au mal qui peut être ressenti, mais c'est peut-être une preuve d'amour quelque part. Rien n'est jamais aussi complexe que les relations humaines car il y règne une incompréhension bordélique sans bornes.
Alors, amis de tout bord, je suis déçue mais je vous aime.
Ha, et juste pour ne pas finir sur une note trop bisounours, tout le monde à une capacité de déception assez développée, sauf que les autres, je m'en fous. Vous pouvez y aller au marteau-piqueur, j'ai encore de la marge :)http://benzombie.blogspot.com/feeds/posts/default?alt=rss