Magazine Humeur
Voyage à l’autre bout de moi…
Publié le 30 juin 2010 par Docteurho
…Rien au monde n’a jamais autant préoccupé mes pensées que mon moi, que cette énigme que je vis et qui se décline, à chaque fois, sous des formes nouvelles, mais avec le même, le sempiternel questionnement endolori et insoluble de l’identité. Je suis un, un seul mais séparé en beaucoup d’uns qui ne sont autres que moi-même, entre autres, isolé en un seul mot que je suis. RIAD ! Et il n’y a pas une seule chose au monde que je connaisse si peu que moi-même ! Que RIAD !
RIAD était le moi dont je voulais savoir l’essence. C’était le moi dont je voulais, également, me défaire, que je voulais anéantir, mais je n’ai jamais pu que le tromper, le fuir, l’enfouir ! Je n’ai jamais pu que me le vous dissimuler et me dissimuler à lui ou en détourner mon regard…
Que je ne sache rien de moi-même avait, pourtant, une cause que je connaissais bien, si bien que c’était là la seul consolation que je pouvais me faire, l’oubli passager que je m’infligeais sachant bien que ce n’était là qu’un artifice pour me tromper volontairement. J’avais peur de moi-même ! Je me fuyais car je me savais piètre adversaire de moi-même…Le comble !
Ce dont je me rappelle bien, quand j’ouvre le grand livre de ma vie, comme en ce moment, c’est que lorsque j’avais des poussées d’orgueil et que je me décidais, enfin, à jouter de touts les écus avec moi-même, je me faisais proie à mon hésitation, à mes appréhensions, à mes craintes de mon prisme ! Je savais très bien que cette image que me renvoyait le miroir était une copie fidèle de ce que j’étais, et rien qu’à cette pensées je devais être rassuré, mais cela ne m’apaisait pas pour autant, car je me savais capable de quelque chose que je ne me savais pas, et donc je courais le risque de me faire mal à me mesurer à une force dont je ne connaissais pas les dimensions.
Voilà pourquoi, jamais durant ma vie, je n’ai pu tenir face à mon EGO et essayer de lui enlever toutes les plumes qui le cachaient à moi, tel ce paon dont la beauté n’est qu’un jeu d’illusions ! Au-delà, il n’est que chair de volaille, mais qui d’entre vous y pense ? Seul le plumage compte, et si par malheur le ramage s’y joint, comme dans mon cas, c’est la catastrophe… !
J’avais, donc, peur de démasquer une face hideuse, de me démaquiller moi-même, avant que le fassent d’autres, en cherchant à comprendre ce que j’étais…Et ce furent là toutes les années où j’ai prétendu tout pouvoir faire, sans point en réaliser foin ! Ce furent là, toutes les occasions que j’ai manquées de me bâtir un futur autre que mes rêves illégitimes…Ce furent là, toutes les horreurs que j’ai commises au nom de quelques principes que je n’ai jamais eus, encore ai-je, un jour, endossé le courage d’avouer sciemment à mon frère, mon premier et seul disciple devenu renégat de mes écoles, que de fondement je n’en avais qu’un : Celui de ne pas avoir de principes justement !… Ce furent là, des temps où mon narcissisme, évalué très tôt par le psychologue de mon école primaire, me fit croire que je fusse capable de tout, juste à le prétendre…Ce furent là, toutes les belles promesses aux quelles j’ai manqué, les rendez-vous où je fus absent, les heures dilapidées de mon existence… !
Le pire de tout cela, est que je réussissais, toujours, à trouver des raisons à ma déraison, des alibis à mes forfaits et toutes les belles paroles que je savais marier à une larme de victime, dès lors que j’ai appris à pleurer…Le crocodile ! C’est là ce qu’un ami cher à mon cœur, appelle la perversion de l’intelligence, et que moi je nomme à outrance : CARPE DIEM ! Les Dieux de Rome ou de l’Olympe suffoqueront de rage, ainsi que tous les cercles de poètes disparus et autres grands de la pensée, que je ne retirerai pas cette opinion ! Si le « Carpe Diem » est la doctrine du salut, tel que basé sur le profit du moment présent, et bien j’ai découvert, et c’est une prétention personnelle que j’assume pleinement, que le présent n’est rien ! Il n’y a pas ou plus de présent quand on sait que ce dernier ne dure que l’espace temps que prend une pensée. Le reste, c'est-à-dire, le moment, la seconde, la minute qui suit, est forcément un futur, puisqu’elle dépend de ce que je fais, je dis ou pense dans l’immédiat et donc sujette à une caution, une condition, un souhait…Elle est un Futur ! Que faire, alors, et que penser si le futur est inexistant, du moins dans la dimension réaliste, puisqu’il dépend d’un présent tout aussi chimérique ? Le temps n’est donc que le passé ? Le temps n’est que mémoire ?
…Gageons qu’il en soit ainsi, et allons donc, chercher cette mémoire, si vous vous offrez à m’obéir au gré de cette lecture et revenir avec moi, le temps d’un docte entretien entre moi et moi-même, aux sources de l’autre bout de moi. Là où tout a commencé….