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Le premier jour du reste de ma vie

Publié le 27 juillet 2010 par Docteurho
Le premier jour du reste de ma vieCe matin, je prends le train, encore, pour une destination que je n’aime plus et dont j’aimerais faire le trajet pour la dernière fois. Je m’en vais à El Jadida, ville de ma torture et de cette déchirure qui m’a scindé, à tout jamais, en deux parties distinctes, au propre comme au figuré. Je m’en vais, vivre quelques jours, quelques semaines encore, sous le joug d’une terre qui ne me signifie que des malheurs, bien qu’il y vive des gens dont je me suis fendu d’amour dès le premier jour, pour toujours, et n’emporte avec moi que l’espoir d’une délivrance incessante. J’allais raconter ce que j’ai vu, entendu et ressenti dans le café de la gare, où la chaleur ambiante m’a fait oublier l’air trop frais pour un matin de juillet, mais à la dernière seconde, je me suis abstenu de le faire, pour ne pas froisser les sentiments de mon amie Hajar. Hajar, qui est une complice, un véritable alter EGO que j’ai découvert grâce au livre du visage, m’a signifié que mes écrits sentaient beaucoup le café, l’amour en putréfaction et surtout la clope, et aujourd’hui, je me fais un plaisir de me retenir pour le plaisir de sa rétine et celle de tous ceux qui partagent son avis mais ne me l’ont jamais signifié.   Ce matin, de bonne heure, je n’ai réussi à prendre mon mal en patience, que grâce au souvenir d’un appel que j’ai reçu d’une personne qui vient d’un passé récent : une amie qui m’a fait revivre quelques joies dont les effluves persistent encore, en mon cœur que je croyais incapable de retenir autre chose que la douleur. Bizarrement, et depuis que j’entretiens cet espoir de revenir vivre à Kenitra, beaucoup de choses me reviennent, de belles surprises que me fait ressentir ma mémoire et celle de mes sens. Le café de maman, l’odeur du pain que je sens dès que je franchis la porte de notre maison, celle des mimosas quand l’après midi tend à la fin, et que le soleil baille au dessus de la voûte de la mosquée qui se dessine, devant mon regard, à l’heure du goûter dans la salle à manger…   Il est des moments, comme cela, où je me surprends à rêver de ce que sera mon sentiment, lorsque je poserai mes valises, une fois pour toutes, de ce que je ferai de mon temps, et toutes les belles promesses d’un futur proche, un moment que j’attends depuis 3 ans déjà ! Dans mes rêves, tout est beau, enfin tout ETAIT beau, avant que ma raison ne se sente obligée de valser avec mon émoi, et qu’elle m’ait obligé à abandonner le nuage pour penser à ce que je voulais faire, et surtout ce que j’ALLAIS faire  une fois que la nostalgie se sera évanouie et que le plaisir de vivre sous ce ciel qui a bercé mes années d’enfance, se sera atténué par la cadence du jour sans fin, ce qu’on appelle l’accoutumance. Kenitra a beau être MA ville, eux ont beau être ma famille, la vérité est autre, je finirai bien par me lasser…Un jour !

J’ai décidé, donc, d’assujettir mes songes à  ma raison que j’ai adoubée en marquise, patronne de cet être lunatique que je suis, et de faire que le premier jour de ma nouvelle vie, le reste de ma vie soit celui où j’émergerai de mon moi, comme naquirent toutes les belles réalités de ce monde, de simples rêves faits par des hommes et des femmes de pensée. .


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