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Le Web rend-il exhibitionniste ?

Publié le 28 juillet 2010 par Ecribouille @Ecribouille

À force de recevoir des reproches du type “tu parles trop de ta vie sur Internet”,  je me suis demandée si je n’étais pas devenue exhibitionniste. Après tout c’est vrai, j’étale une partie de mon quotidien et de mes pensées sur la Toile.

Je vous ai posé la question

En me disant que vous aviez certainement votre propre vision de la chose, j’ai posé la question sur Twitter et sur la page FB. J’ai donc reçu plusieurs réponses qui vont me permettre d’éclairer un petit peu cette pratique bien étrange de raconter sa vie sur le Net.

Le Web rend-il exhibitionniste ?

Oui !

C’est l’avis de @sylvaindeloux qui m’a même répondu “oui carrément”. Plutôt étrange de la part de quelqu’un dont on ne trouve quasiment aucune information sur Internet. Quoi que… pas forcément bizarre. Sylvain a tout le loisir d’admirer notre exhibitionnisme. :)

Il est vrai qu’Internet a permis, de mon point de vue, à favoriser une certaine forme d’exhibitionnisme de la part des utilisateurs. En effet, la multiplication des plateformes de partage de fichiers (photo, vidéos, etc.) encourage les internautes à contribuer à la médiathèque géante que constitue le Web.

N’importe quelle personne, disposant d’un ordinateur et d’une connexion Internet, peut proposer à d’autres Internautes de voir/lire du contenu dont il est l’auteur. Cela peut prendre la forme d’un blog, d’un compte Flickr, de son profil Facebook…

Une espèce de démocratisation de l’action de se médiatiser ? Je veux dire par là, que tout le monde peut potentiellement montrer au monde entier la photo de son chat. Après, il s’agit de voir si ce qu’on publie intéresse quelqu’un ou pas.

Bien entendu, le potentiel qu’Internet offre à chaque utilisateur et le développement des technologies interactives et collaboratives (pour ne pas dire 2.0) ont un effet pervers. Les choses ont tendance à évoluer de manière quantitative plutôt que qualitative. Et comme on est dans une vision du PLUS et non pas du MIEUX, on est encouragé à poster 30 photos quasiment identiques et floues de son chien.

[bourrage de crâne] Cela rejoint quelque peu les propos de Bernard Stiegler à propos de notre économie libidinale (cad régit par des pulsions) actuelle qui prône une accumulation de biens pour en avoir le plus possible, plutôt qu’une accumulation qualitative. [/bourrage de crâne]

C’est ainsi qu’on assiste à la multiplication de blogs perso où on étale sa vie, celle de son chien, celle de ses proches, celle de ses enfants (pov’ gosses).

Exhibition passive

Comme le dit si bien @Evazone : “A l’insu de notre plein grès, les nouveaux usages nous poussent à parler de choses qu’on aurait tenues secret: exhib passif..”.

Il pointe là une grande faille de “je contrôle mon image sur Internet”. Puisqu’on a beau faire attention à ce qu’on met en ligne sur soi, par exemple comme je le fais, et bien il y a toujours un idiot pour publier quelque chose qu’on ne voulait pas dévoiler. Je pense notamment aux marquages de personnes sur les photos Facebook, ou au skyblog de ma cousine qui contient encore des photos de moi de lorsque j’avais 11 ans… Enfin bref, vous avez saisi l’idée.

En dehors des fichiers média (photos, vidéos), pire, on peut parler de vous.

Haha, il y a Paul qui s’est bien murgé hier ! Il a dégueulé comme pas possible ! On a été obligés de le ramener en voiture jusqu’à chez lui alors qu’il habite à perpet’ les oyes ! LOL ! Mais bon c’était kiffant, il a réussi à vomir sur le pare-brise de Roland. MDR XD

Ajoutons à ce petit texte une photo ainsi qu’une occurence de votre nom de famille quelque part sur ce site… et c’est fichu. Un jour cela apparaîtra dans un moteur de recherche.

INTERNET N’OUBLIE JAMAIS !

Et l’exhibition volontaire ?

On ne va quand même pas le nier, il y en a qui ont un bon level d’exhibition sur le Web. Je pense par exemple aux blogs d’ado qui racontent leurs quotidiens au détail près. Idem pour les profils FB, les profils de messageries instantanées… Il y a aussi la géolocalisation via Twitter dont @sylvaindeloux est adepte. Un jour je vais me faire une séance “suivons Sylvain au déplacement près”. Je pense qu’il aura peur de moi. :D

Le Web rend-il exhibitionniste ?

Le plus effrayant est peut-être le fait qu’on ne se rend pas toujours compte de cette forme d’exhib’ qu’on adopte. Par exemple sur FB, je ne saurai compter le nombre de fois où quelqu’un met à jour son statut de manière un peu évasive. Ensuite une seconde personne vient demander une précision à propos du statut, par curiosité amicale, et l’auteur répond quelque chose du type : JE VEUX PAS DIRE C’EST PAS TES AFFAIRES.

Dans ces moments là j’ai envie de lui dire “mais ferme ta ….. si tu ne veux pas en parler ! Ne te plains pas qu’on te pose une question ! Tu n’as qu’à te taire !”. Enfin, chacun sa façon de gérer ses cyber relations. ;)

Ce serait donc, comme le dit @princessemimilie, une affaire de choix. On choisit soi-même ce qu’on va dire. Mais pour cela, il faut avoir conscience de la manière dont fonctionne Internet, c’est-à-dire de comment une information sur soi qu’on avait voulu privée va apparaître publiquement aux yeux de tous.

Vous avez pensé à régler vos paramètres de confidentialité FB ? :)

Renversons le problème

TuXXX m’a simplement demandé de préciser ma question : “avec ou sans chatroulette ?”. Quant à @Diije, il me répond “je dirais l’inverse : ça peut rendre voyeur”.

Et je me suis dit qu’ils n’avaient vraiment pas tort. Chatroulette met en évidence un fait indéniable : s’il y a quelqu’un pour regarder, j’aurai envie de montrer. Et cela marche pareil dans la télé réalité ! Les candidats font des choses surjouées et plus folles que ce qu’ils feront habituellement parce qu’ils savent qu’ils sont regardés (ou alors ils ont vraiment un grain).

Chatroulette est une plateforme complètement ouverte. N’importe qui peut regarder et discuter avec n’importe qui (ou n’importe quoi). La webcam devient l’oeil du monde entier sur l’utilisateur, qui se fait une joie de faire plein de grimaces parce qu’il sait qu’il y aura toujours quelqu’un pour en rire.

Donc arrêtez de me lire, et j’arrêterai d’écrire.

(C’était une blague, restez !)


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