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J. MOINGT La mort, la résurrection - la Vie …:

Publié le 02 août 2010 par Perceval

Les notes, ci-dessous, sont retranscrites à partir de ce que j’ai entendu d’un entretien avec Joseph MOINGT, un théologien prêtre jésuite, que j’écoute ou que je lis - avec la joie de comprendre ce dont j’ai l’intuition en lisant les Evangiles… J’adhère à tout ce qu’il exprime…

La résurrection est commencée avec la création : nous sommes appelés à vivre éternellement avec Dieu, à condition d’orienter notre existence dans le sens de la gratuité , la gratuité d’une vie qui coopère à la création … Dieu donne La vie , en donnant Sa vie.

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« Ce que vous avez reçu gratuitement, donnez le gratuitement ». Nous sommes débiteurs de la création, des autres… Grâce à eux nous sommes en lien avec le « Corps de Christ » ; avec eux nous empruntons un chemin vers ce qui se construit : le royaume ( ou le règne ) de Dieu. Le Royaume arrive avec la Résurrection, Saint Paul annonce tantôt l’un, tantôt l’autre …. La Résurrection est un processus : c’est la vie qui se dégage de la mort. Nous entrons dans ce process dès que nous entreprenons de vivre gratuitement, et cela commence avant notre mort… Notre résurrection se fait par notre travail dans le monde, sur le monde, pour le monde… Nous œuvrons pour rendre la terre plus habitable à chacun, plus accueillante…Ce qui impose des actes de dépossession, ce que St-Paul appelle «  mourir au vieil homme », c‘est à dire à l’égoïsme… Nous devenons créature nouvelle et semence de nouveauté…

La mort arrivant, elle n’interrompt pas ce don d’une existence gratuite ; nous poursuivons notre résurrection en restant en lien avec cet univers dont nous sommes les ‘ produits ‘… Nous ne sommes des être humains qu’au travers les relations que nous entretenons avec les autres… Nous continuons à rester en lien avec les autres et l’univers… C’est pour moi, ce que signifie la résurrection corporelle …

Ce qu’il reste de notre identité ? Mais... Qu’est ce que notre identité ? C’est notre corps ? ( de qui le tenons-nous ? ) Qu’est-ce ? Un amas de cellules , de la poussière d’univers .. ? Pour moi, nous ressuscitons dans ce que nous recréons de nous-mêmes, dans la liberté, la gratuité, la justice et l’amour… C’est l’être totalement libre qui ressuscite de nous ; cette identité n’est jamais strictement notre individualité.. parce que, nous sommes en constante évolution – création ; nous nous créons nous-mêmes à l’image de Dieu, notre véritable et commune identité .. Vivre gratuitement, c’est vivre pour les autres… Notre ‘personne ‘ se développe dans les autres, elle devient relationnelle .. Nous nous recréons non pas dans une individualité enfermée dans une coque .. mais comme un être ouvert, exposé aux autres : un nœud de relation, c’est cela qui est appelé à ressusciter …

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On ne se fond pas dans le «  Grand Tout »… Il y a l’idée que nous nous intégrons dans des tissus d’humanité pour reconstituer un seul Homme dans le Christ : l’Homme nouveau. Mais, dans ce Tout : nous gardons notre liberté. Notre liberté ne s’aliène pas, nous gardons notre subjectivité et nous gardons l’identité que nous nous sommes donné, mais c’est une identité ouverte. Ce n’est pas l’identité du moi, le moi qui ne sait dire que moi, et qui finalement est vide, vide si ce n’est de choses que nous avons accumulé et que nous perdons dans la mort…  . Notre identité se reconstruit de tout ce que nous abandonnons à la mort, tout ce que nous abandonnons de nous-mêmes pour nous occuper des autres … Ce qui ressuscite de nous : c’est un être neuf, que nous reconnaitrons dans le Christ , à la lumière de la révélation ; ce ne sera pas notre stricte individualité, nous ressusciterons dans une plénitude d’humanité, dans laquelle, actuellement, nous ne vivons jamais … L’homme est un être essentiellement ‘ historique ‘… Nous vivons l’histoire du monde, de l’humanité en créant notre propre histoire ; nous récapitulerons la totalité de notre histoire, ce que nous ne pouvons jamais faire … ! Si ce n’est pas quelques souvenirs, et encore … Suis-je l’enfant que j’étais à 10 ans ? On ne peut sauver que ce qui meurt. Il faut être mort, en donnant sa vie librement …

Dans quelle mesure un homme est-il capable de liberté, est-il capable d’Amour .. ? Je crois dans, ce qu’on appelle dans le catholicisme, la communion des saints… Ce qui veut dire que l’on peut s’aider mutuellement, même après la mort, à conquérir la plénitude d’humanité qui nous aura manqué dans cette vie. Dans la communion des saints, nous vivons une communion relationnelle plus intense que celle que nous pourrions vivre ici … et nous en aurons conscience .. Nous récupèrerons une individualité relationnelle , tissée de tous les liens que nous avons connectés aux autres … Comme une toile informatique

Le salut : une Humanisation de l’Homme qui se poursuit après la mort… La fin du monde ? A retenir chez Teilhard de Chardin : l’idée de la ‘noosphère’ ou ‘l’hyper-personne’ = un univers spiritualisé dans lequel l’être matériel et corporel se réalise. Nous fabriquons notre corps spirituel à mesure que nous vivons … C’est notre histoire qui ressuscite

Le salut de l’humanité, intégré dans l’immensité de l’univers … ? Cela dépasse l’imagination, et toute pensée constructive… Je résonne dans la Foi, la foi qui n’est pas un savoir… Je réserve la possibilité que tout retombe dans le néant, c’est par la foi que je crois que nous échappons au néant, par ma foi en la résurrection de Jésus, à cet égard, ma foi propose un modèle d’humanité différent pour celui qui y croit et pour celui qui n’y croit pas ; et donc une fin de l’histoire différente…

La rationalité de la foi chrétienne s’exprime beaucoup plus facilement dans l’engagement de vie auquel elle nous conduit … Le seul témoignage de vérité de notre foi, c’est de nous faire agir en vérité.

Le regard sur l’homme : l’homme est capable du pire, surtout si nous l’examinons en grande société… Individuellement, beaucoup d’entre nous sommes capables du meilleur, qui peuvent faillir, mais aussi se relever .. Nous voyons qu’il y a dans l’homme une ressource de changement , de liberté … Nous pouvons espérer dans l’humanité … avec ce conflit en chacun de nous, entre le vieil homme et le nouvel homme… La foi en la résurrection n’est pas un optimiste beat, la foi ne donne par l’orgueil du savoir.. La Vérité de ma foi, c’est d’abord ce qu’elle me fait vivre. Dans la résurrection , je puise l’espérance dans l’humanité, l’Evangile rend capable de vivre autrement … L’espérance n’est pas une certitude …

Voir de J. Moingt : « L’homme qui venait de Dieu »


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