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Le récit de la naissance d’Amaëlle

Publié le 07 août 2010 par Madameparle

Le récit de la naissance d’AmaëlleCette semaine je suis contente de vous faire découvrir le récit de l’accouchement de la Fée, la naissance d’Amaëlle.

Vous pouvez découvrir son blog par ici :

du rêve plein les yeux ou presque

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Episode I : La Perte des Eaux
Vendredi 16 Fevrier 2007

Elle était bien tranquille la petite Fée en train de faire une sieste. Une tarte au thon au four.
Le reveil de la chambre indiquait 19h. Le Dragon était au téléphone, il réglait les derniers préparatifs pour la fin du déménagement. Il devait partir le lendemain à Quimper et ne revenir que le lundi. Bébé n’est pas attendu avant le 23 d’après le medecin vu le 14 fevrier.
Plongée dans une légère somnolence, la petite Fée sortit brusquement du lit.

Elle venait d’entendre un gros << CRAC >> qui venait de dedans son ventre mais qui avait resonné à ses oreilles si fort qu’elle en eu peur. En se levant, elle sentit quelque chose de chaud couler entre ses jambes. Une bouffée d’excitation envahissait la petite Fée quand elle demanda à son Dragon de raccrocher le téléphone. Cette fois-ci, pas de doutes possibles. Ils allaient rencontrer leur petite Princesse.

Le Dragon pris soin de charger les sacs et de protéger le siège de la voiture avec un sac en plastique.
La route n’était pas longue jusqu’à la maternité de Longjumeau.
En chemin, l’heureux couple essayait de se rassurer mutuellement. La Fée voulait absolument acheter des cigarettes pour l’après-naissance, le Dragon pensait pragmatiquement à quel pijama enfiler à la petite Princesse qui allait se pointer. Plus le Dragon paraissait calme, plus la petite Fée paniquait.

Episode II : Nuit d’horreur à la maternité
Moi, bientôt Maman ???

Descendue de la voiture légèrement trempée, je laisse ton Papa aller se garer. On m’installe en chambre de surveillance car plus de place au service maternité. On cherche partout un monitoring pour écouter ton coeur et mesurer mes contractions. Branle-bas de combat dans les locaux ! Fallait savoir que la maternité de Longjumeau était en déménagement cette semaine.

Ton Papa est là, près de moi, il me tient la main. On remarque que les contractions sont très régulières et très rapprochées, environ toutes les 3 minutes. Il est 20h sur mon portable. On parle de toi, de la nuit agitée qu’on va surement vivre. La sage femme numero 1 arrive, une Black, un peu froide. L’ examen du col indique que c’est pas pour tout de suite. Col fermé et surtout postérieur. Comme dit ton Papa, on va y passer la nuit … Enfin surtout moi ! Ma poche des eaux est bien percée, ça coule tout le temps ! C’est un truc de fou ! Presque effrayant ! Moi qui flippait de ne pas m’en rendre compte, j’ai l’impression de perdre 4 litres à chaque mouvements. J’ai des contractions régulières, douloureuses mais inefficaces sur mon col. Pourtant je peux te dire que je les sens passer !

Ton Papa se sent impuissant, on lui demande de partir car je vais partager ma chambre avec une ado. La sage femme numero 2 arrive, une Japonaise encore plus froide que la précédente. Pas sympa du tout, elle me triture dans tout les sens ! J’ai interdiction de me lever sinon je prends le risque de te faire du mal. Il est 21h40, je n’arrête pas de pleurer en me disant que ton Papa n’est pas là. Et puis j’ai mal et l’impression que tout le monde s’en cogne ! J’ai regardé mon portable près de moi et je suis heureuse et soulagée de pouvoir communiquer avec Emmanuelle. Elle aussi attend un bébé qui arrivera d’ailleurs bientôt.

La douleur se fait très violente dans le bas ventre, je focalise sur les contrations, c’est ingérable, même la respiration me fait mal. Je suis sur le coté en me persuadant que c’est pour ton bien mais je donnerai tout pour m’allonger sur le ventre ou être debout !!! J’ai attendu jusqu’à 23h30 pour avoir la piqure d’antalgique et il a fallu que je m’énerve sur la sage femme et son assistante pour qu’on me ré-éxamine ! Les sages femmes sont en maternité et il y a 3 étages qui nous séparent. Je n’ai pas de sonnette, c’est la secrétaire de l’accueil qui fait des rondes dans le couloir. Donc maintenant en plus d’être seule, je suis droguée et évidemment, mon col reste postérieur et fermé ! Je n’arrête pas de pleurer, je me sens faible et triste. Je me rend compte que ma voisine de lit dort. Je sors mon cahier pour écrire quelques mots. Je me rends compte que c’est ta dernière nuit au creux de mon ventre. Je te parle, t’explique que tu as tout ton temps et que je serai forte à l’accouchement. Je carresse mon ventre en me disant que je vais bientôt t’aider à venir au monde. Ma Fille, enfin !!! Je vais te voir, te toucher, t’embrasser et Ton Papa pourra enfin te prendre contre lui et on pourra te dire à quel point nous t’aimons!!!

Episode III : Matinée de folie
Moi encore, presque Maman!

Il est 8h30 quand je me fait reveiller par un examen du col, ce qui, tu le découvrira toi même plus tard, n’a rien d’agréable. Je subis encore une fois l’indélicatesse du personnel médical. Rien n’a bougé, mon col reste postérieur et surtout bel et bien fermé. Je suis sous antibiotiques car tu peux attraper des microbes maintenant que la poche des eaux a été rompue et que le delai de douze heures a été depassé. Je me force à en prendre au moins la moitié mais c’est très difficile sans eau. J’ai faim et j’ai soif. Je n’ai rien eu dans le ventre depuis hier midi. Je finis la canette de coca que ma voisine me tend. Il me faut du sucre et quoi qu’en pense les sage femme, c’est moi qui vait avoir besoin de force !!!

Je suis effrayée par le fait que tout mes idéaux d’accouchements sont bien loin de la réalité que je vis. Je me concentre sur la respiration et j’essaie de penser positif, quoi qu’il arrive, bientôt je te rencontrerai en vrai !!

La sage femme numero 2 est encore là, elle m’énerve avec ses sourires, moi je n’ai pas envie de sourire, plutot envie de pleurer ! Le gynécologue a été appelé, la sage femme m’a parlé de déclanchement. Je dois maintenant attendre son verdict à lui. Je suis tellement épuisée que quelque soit la décision, je voudrai que tu arrives vite ! Je te parle, je t’explique que tu peux venir maintenant, que tout est prêt, que ton Papa et moi on a hâte de te voir et de te faire des bisous. Il faut que tu décides bientôt ma Chérie !!!

Je ne sais pas si ça t’a convaincu mais en tout cas à 9h, le gynécologue me rend le sourire. Mon col est à 1 !!! Bah mon vieux, il était temps !!! L’équipe médicale est aux petits soins maintenant, parait que ça va être lent et douloureux. On laisse faire naturellement et d’après le docteur, c’est pour ce soir ou dans la nuit.
C’est encore si loin pour moi, je désespère et les larmes reviennent innonder mon visage quand ton Papa arrive. Il m’aide à gerer les contractions très rapprochées et il me soutient à grand coups de « je t’aime » ! Ton Papa est formidable, c’est grâce à lui que je tiens le coup. Ma Fille, bientôt tu comprendras pourquoi le seul homme de ma vie c’est lui. Il est merveilleux et je le sais au plus profond de moi, il est déjà un Papa exceptionnel même si il prefère lire Harry Potter plutôt que de me masser la nuque …

La sage femme numero 3, une inconnue notoire pas très bavarde, est venue me faire une piqûre de j-sais-pas-quoi mais ça soulage un peu. Ton Papa est rentré dormir, tu ne dois pas naître avant ce soir, il reviendra dans l’après midi. Faut dire que ton père était tellement attristé d’être séparé de nous qu’il a passé la nuit chez ton parrain. On me conseille de dormir. A croire que les sage femme n’ont jamais eu de contractions ! Je pense que ça devrait être interdit à ceux qui n’ont jamais eu d’enfants ce genre d’emploi. Il faut comprendre ce que c’est d’accoucher pour oser en parler. Et dire de dormir à une nenette qui vient d’avoir plus de 12h de contractions rapprochées et hyper violentes mais qui ne servent à rien, c’est quand même assez pâthétique …

Il est 11h25 quand je reprends mon cahier, la douleur est revenue mais je suis requinquée. Je gère avec la respiration et j’ecris quelques mots entre deux contractions. Le gynécologue est revenu car la sage femme envisageait la césarienne, il s’y refuse, mon col est à 2 !!! C’est lent mais ça avance !!! En fait on m’expliquera à ce moment là que j’ai un défaut de fabrication, le col n’est pas dans l’axe du vagin ce qui fait que tu pouvais toujours essayer d’appuyer, il ne peut pas descendre. Et sans révéler la fin de l’histoire, je peux te dire que mon col est resté postérieur jusqu’à la fin ! Et ça explique en partie pourquoi j’avais si mal. Le gynécologue te pronostique à 19h, la sage femme mise 22h et ta grand mère maternelle parie sur 15h. On verra très bientôt qui avait raison …

Une infirmière vient me parler de ma douleur et du choix de la péridurale. Je voulais tellement m’en passer et être courageuse. Et je me sens anéantie et fatiguée. Je signe le papier pour la péridurale. Je me déçois mais je sais que c’est la garantie que je puisse t’aider activement à naître. L’anesthésiste c’est pas pour tout de suite, alors je reprends la respiration et j’essaie de me concentrer. Sauf que la seule chose que j’arrive à faire c’est de me concentrer sur la douleur. Je me retrouve alors prostrée entre les crampes dans les cuisses, l’étau qui encercle mon ventre et l’impression que mes os déchirent mes muscles. C’est parce que j’ai pas eu les fameuses douleurs des derniers mois que le sort s’acharne en m’envoyant le resumé concentré ? C’est nul !!!! J’en ai marre, je ne veux pas accoucher comme ça, je veux être souriante et jolie comme dans la pub des appareils photos !!! J’ai envie d’une douche, d’un bon ptit plat japonais, d’un calin de mon Dragon !!! Je veux bien que la Princesse naisse mais faut vraiment que je sois là ? Je me rend compte que je disjoncte un peu …

La sage femme me demande si je veux que ton Papa me rejoigne maintenant, j’hésite et je refuse, si ça doit durer encore tout l’après midi, je préfère rester toute seule plutot qu’il me voit autant souffrir. Je pensais pas que je dirai ça un jour mais je ne sais pas ce qui m’a pris de croire qu’on pouvait ne pas avoir mal et surtout comment ne pas se rendre compte qu’on accouche !!! Pour essayer de surmonter la douleur, je m’invente des jeux dans ma tête. J’imagine comment ça aurait pu se passer autrement, si j’ai mal fait quelque chose. Et si je n’avais pas perdu les eaux ? Et bien, ma chère enfant, sache que si je n’avais pas perdue les eaux, ton Papa aurait raté ta venue au monde … On m’a dit souvent que les bébés décident de leur moment, que c’est eux par voie chimique qui déclenchent l’accouchement, que ce soit par contraction ou perte des eaux. Je me dis que ça doit être vrai. Hier je me suis menagée, j’ai dormi toute la journée et je suis restée zen et calme toute la semaine exprès pour ne rien precipiter et au final, toi, tu as décidée que le moment était venu ! Et comme tu as bien fait même si j’aurai voulu te garder encore un peu (pourquoi ça ne dure pas 12 mois une grossesse ???)

Je continue de faire travailler mon cerveau en répétant des fables et des poésies de mon enfance, ça fait travailler ma mémoire et je pense moins à ma douleur. Au final, j’ai decidé de chanter et pendant un bon quart d’heure j’ai chanté la même chanson (ce qui a fait rire les sage femmes). Je parie que tu la connaitras par coeur. Il s’agit de « Ma petite est comme l’eau, elle est comme l’eau vive. Elle court comme un ruiseau que les enfants poursuivent. Courrez, courrez, plus vite si vous le pouvez. Jamais, jamais, vous ne la rattraperez. » J’ai aussi tenté Piaf et Polnareff, pensant que, comme pendant ma grossesse, tu réagirais. Mais non, depuis quelques heures maintenant je n’arrive plus à sentir tes mouvements. Je suis inquiète. Je demande à voir un medecin. On me dit que c’est normal. Tu es comme un petit lapereau en hiver, tu hibernes. Je trouve cette image jolie. Je la note.

Episode IV : Sprint final
Le sourire dans le ventre

Il est 13h à la grosse pendule blanche de la salle d’accouchement. On vient de m’y installer. J’ai écopé d’une blouse verte super moche et qui sent hyper bizarre. Dès que je bouge, je perds du liquide et du sang. J’ai innondé tout le couloir … y avait pas de brancards pour m’amener en salle !!! On m’examine. Il s’agit de la sage femme numero 4 et elle est hyper sympa, gentille et souriante et presque j’en ferai ma copine !!!! Mon col est à 5 !!! Plus possible de faire marche arrière. L’anesthésiste vient pour la péri. Il fait des plaisanteries sur la taille de l’aiguille qui va transperser mon dos, et j’effondre en sanglots … Une tape sur mon épaule plus tard, il me dit que de toute façon, si je ne suis pas contente, il peut s’en aller. La sage femme lui dit que je ne la voulais pas mais que c’est plus prudent si on ne veut pas que je m’effondre de fatigue et qu’il doit etre rassurant et comprehensif car premier bébé. Il baragouine un truc inaudible dans sa barbe et il me dégniape le dos ! Moi qui pensait qu’on ne faisait une péridurale qu’entre deux contractions et qu’il fallait être assise ! Grr !!! J’étais allongée sur le côté en tenant mes genoux et avec l’effet surprise, j’ai creusé le dos, il a dû s’y reprendre à trois fois le nigaut ! Et du coup j’ai eu un de ces mal de dos pendant trois jours !!! Et je ne te parle pas du bleu que j’ai eu en cadeau !!! Je sais que je marque facilement mais quand même !!! Donc, non, moi, contrairement à bon nombre de femmes, je n’épouserai pas l’anesthésiste, moi, j’épouserai ton père !

L’heure n’est plus à la rigolade. La pendule affiche 13h20. Je suis à 7 cm.
J’ai le droit de commencer à pousser pour faire descendre mon col. Mais moi, ce que je veux c’est ton Papa ! Et évidemment, Monsieur mon Dragon est injoignable !!! Je m’énerve, je m’insurge, je suis à la limite de l’insulter sur le répondeur !!! Et c’est à 13h35, deguisé en schtroumpf en papier, que ton Papa débarque dans la salle d’accouchement. Après le petit sermont qui me permet d’evacuer mon stress et mon agoisse montante, il faut maintenant se concentrer sur la respiration. La douleur est diminuée mais je ressents toujours cette envie de pousser. On m’avait pourtant dit qu’on ne devait pousser qu’une fois à 10cm … Malheureusement comme mon col ne descend pas, seul le fait de pousser va aider bébé … Si ça n’est pas efficace, le bloc est près pour une cesa en urgence. Pas moyen !!!!

Donc moi, Fée et Future Maman, j’ai l’autorisation et même le devoir de pousser à chaque fois que l’envie s’en ressent. Et quelle envie, je parlerai plutôt de besoin, voire de nécessité !!! Bref, je pousse pendant 25 secondes à chaque contractions, ça va c’est pas aussi agaçant que je l’imaginais et c’est même presque divertissant d’entendre ton Papa prendre son souffle en même temps que moi. Cela ne sert pas à grand chose mais c’est très encourageant !!! Et puis c’est ça façon à lui de m’aider dans cette épreuve.

L’équipe médicale n’arrête pas de nous demander ton prénom.
C’est top secret, seuls ton Papa, toi et moi le connaissons.

Il est 14h25, c’est la dernière fois que je regarde cette vieille et moche pendule blanche. On me met les étriers que je trouve quand même très haut. Je n’ai pas le droit d’accoucher sur le côté à cause de l’orientation plus qu’étrange de mon col. Tant pis, je prends sur moi. Le moment décisif approche. Ce coup là, la poussée fait mal et je sens vraiment que c’est toi qui arrive. J’entends les deux coups de ciseau qui me vaudront trois points de suture. Un cri m’échappe, la sage-femme me reprends gentiment, on bloque la respiration donc on ne crie pas. Et après trois fois 40 secondes de souffle coupé …

17 février 2007 – 14h30 : Arrivée d’ Amaëlle, 3kg130, 49 cm

Punaise ce que tu es jolie ma fille. Je t’accueille alors avec un sourire d’épuisement et te nomme pour la première fois en te présentant ton Papa. Quelques larmes m’échappent. Incognito.

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