Magazine Nouvelles

Sans tabou: épisode16: Un cadeau du ciel

Publié le 16 août 2010 par Bella_ragatsa
Sans tabou: épisode16: Un cadeau du ciel
Il mit la clé dans la serrure puis tira la poignée de la porte. Quand elle s’ouvrit, Nader apercevait une paire de chaussures de sport renversée par terre comme il l’avait laissé il y a deux jours, ce qui prouvait que sa femme n’avait pas mis le pied après leur dispute dans l’appartement. Il l’écartait d’un geste nerveux de son pied gauche et avança vers la cuisine.
Quelques gouttelettes d’eau se formaient et glissaient lentement du robinet, puis s’écrasaient sur une casserole coincée au fond du l’évier en céramique, en faisant un léger bruit, comme une note musicale.
Du coin de l’œil, il regardait la montagne d’assiettes sales, et une tâche de café sèche collée au sol.
- Quel sale pétrin ! s’écria-t-il fou furieux.
Puis ouvrit la porte du réfrigérateur, saisissait nerveusement une bouteille d’eau, prit une gorgée et la remettait sur place, en se dirigeant vers sa chambre.
Une fois installé sur son lit, les chaussures encore aux pieds, il sortit l’enveloppe marron de sa veste et l’ouvrit en tirant les cinq photos dedans.
En mitraillant la première photo, celle d’un homme, de peau très mate et du regard très sévère, avec une gigantesque cicatrice au niveau du front, il parlait à lui-même.
- Alors monsieur Khalifa, tu nous piques nos clients maintenant ? et en traçant un sourire endiablé, tu ne sais pas à qui t’as affaire, sale con !
Puis laissa la photo tomber de sa main et saisissait une seconde photo, celle d’un fastfood au milieu du centre ville, et du même homme, s’habillant comme un cuisiner professionnel, dans une tenue blanche.
- Et tu fais semblant aussi d’être un bon citoyen, un homme clean, eh !
En élargissant sa pupille de rage, il saisissait un feutre de couleur rouge, dessinait un cercle autour de la tête de son concurrent et ajouta.
- T’es un homme mort, mon ami !
Puis la sonnerie du message qu’il vient de recevoir, lui interrompit son fil d’idées. En examinant l’écran rapidement, il constata que le message fut de sa femme.
Sans trop se demander, il l’ouvrit et lit ce qui suit.
« Je passerai le soir prendre mes affaires, alors je te demande gentiment de ne pas être là, merci »
Une crise de rire nerveuse l’emporta comme un vent. En balançant le gsm, qui fit deux rebondissements sur le lit, il hurla.
- La salope, et ose même me renvoyer de chez moi ! et en poussant un siffle gêné, je me demande vraiment, pourquoi je l’avais épousé, pfff, quand je vois toutes ces nanas en bonne santé, n’attendant que la venue du prince charmant, et cette fille malade qui se prend pour Cameron diaz…. Fait chier !
Puis s’étalât complètement sur son dos, et ferma les yeux en tentant de faire une petite sieste, comme il n’avait pas fermé l’œil depuis deux jours.
Quelques heures plus tard, vers 15H, il avait les yeux encore gonflés de sommeil. Pas chez lui, mais assis autour d’une table tout seul, dans le même fastfood, que Rami a photographié. Il tapotait avec les doigts furieusement la nappe, pas si neuve, puis en faisant signe au serveur, qui venait de passer prés de lui avec deux plats.
-hey, ça fait un quart d’heure, que j’attends mon sandwich ! il est où mon putain de sandwich à la dinde ?
Le serveur, un peu frustré, répondait.
- Calmez-vous monsieur, comme vous voyez, il y a beaucoup de clients.
Nader, cherchant le patron, de son regard dans tout coin du l’intérieur du fastfood, haussa la voix exprès.
- Si vous avez tant de clients, ton putain de patron, devrait embaucher plus de personnel, ce n’est pas ainsi qu’il réussira ce job à moins qu’il ait une autre activité à part !
Le serveur, pâlissait, et regarda Nader avec méfiance, craignant qu’il s’agisse d’un policier civile, puis parla avec difficulté.
- Calmez vous monsieur, tu seras servi, tout de suite !
Nader, injecta son interlocuteur d’un désagréable regard puis croisa les jambes. En tournant sa tête vers la porte, il voyait, une petite voiture s’arrêter devant le petit fastfood, et l’homme qu’il recherchait, s’habillant d’une manière un peu sportive, sauter de la bagnole.
Il alluma une cigarette, sans le perdre du regard. Il voyait le serveur s’approcher de son patron et lui chuchoter quelques mots à l’oreille, puis le regard de Khalifa le bornant, essayant de voir s’il s’agisse d’une personne qu’il connaissait ou pas.
Au bout d’un moment, le patron se dirigea vers la table de Nader, puis en traçant un faux sourire.
- Excusez mon employé ! c’est un petit nouveau, et il est encore un peu lent au travail !
En écrasant le bout de cigarette sur le cendrier sans affronter le regard de son interlocuteur.
- Et vous ne croyez pas qu’un petit nouveau doit être assisté en permanence par un expérimenté ! tu perdras des clients ainsi ! et en levant les yeux, si j’étais à ta place, j’embaucherai des filles, elles seront plus serviables et ça attirerait davantage des clients masculins !
Khalifa sentait quelque chose de louche émanant de son interlocuteur, puis il inclina la tête et se demanda d’une voix si basse.
- Qui vous êtes ?
Pour l’énerver davantage, Nader cria.
- Hey ! j’ai faim moi…
Là, au bout de ses nerfs, Khalifa l’attrapa de sa chemise et le tira vers lui agressivement en gardant le ton aussi calme mais avec une certaine menace dans la voix.
- Monsieur ne me cherchez pas la petite bête, ça serait dans votre intérêt !
Avec un sourire de renard, Nader s’écria en se débarrassant de la lourde main de son agresseur.
- Oh là ! vous menacez tous vos clients de la sorte ?
- Seulement, ceux qui cherchent des problèmes. Puis en le dévisageant d’un regard sacripant, ta tête me dit quelque chose.
En ricanant.
- Elle te dit qu’elle a faim ! puis en se mettant debout légèrement, mais pense à ma proposition, des serveuses c’est mieux que des serveurs ! et en saisissant ses clés de voitures sans épargner Khalifa d’un regard endiablé, n’embauchez pas des tunisiennes mais des marocaines, j’ai entendu parler qu’elles sont bonnes à tout !
Puis son visage s’illumina du fantôme d’un sourire. Dès qu’il s’arrêta devant sa PASSAT, une main se mette sur son épaule, c’était celle de Khalifa qui répliqua de sa voix grave.
- Qui vous a envoyé ?
Nader éloigna de sa reverse, doucement la main de Khalifa et dit.
- On m’a dit que t’as des belles filles… des bombes marocaines.
- Je ne sais pas du quoi tu parles.
Nader tendit la main vers le pare-brise et continua de son ton provocateur :
- Vous ne prenez pas de risque eh ! et en souriant, je ne suis pas de la police, je souhaite juste devenir un de vos clients.
Avec des yeux de marbres, l’homme aussi méfiant, murmura.
- Je crois que vous vous trompez d’adresse.
- C’est pourtant Hamza Elmehdoui, qui m’a parlé de vous.
Là, Khalifa se pencha en avant, et sans quitter Nader de son regard méfiant.
- Désolé, mais je ne connais pas votre intermédiaire ! et en ouvrant la porte de voiture à Nader, sans avoir froid aux yeux, j’ai une chaine de fastfoods, cher monsieur, mais pas un centre de prostitution !
Et en le pointant du doigt.
- La prochaine fois si vous remettiez le pied ici, j’appellerai la police !
**************************************************************
Vers20H15, la porte de l’ascenseur s’ouvrit au 4ème étage. Ghada, accompagnée de son amie Salma, s’arrêtèrent devant l’appartement de Nader. En saisissant son sac à mains, cherchant les clés, Salma l’interrompit.
- Tu désires réellement le divorce ?
Ghada, du coin de l’œil, répondit.
- Est-ce que j’ai une tête de quelqu’un voulant s’amuser ?
Salma, poussa un souffle et en s’approchant encore plus de sa meilleure amie.
- Ce n’est pas un si mauvais homme après tout, réfléchis bien ma puce !
Ghada, leva entièrement la tête et répondit au bout des nerfs.
- J’ai beaucoup réfléchi, et je crois que c’est mieux pour nous deux !
Sans insister, Salma croisa les bras et colla son dos au mur, et dit en changeant de sujet.
- Et ton frère ? il est heureux avec sa copine ?
- Il veut l’épouser.
Un grand sourire, éclaira la frimousse de Salma qui s’écria.
- Ah c’est bien ! enfin ! et en riant, vous devriez le plutôt possible préparer sa villa et la décorer pour la grande occasion…
- Il l’a vendu ! enfin c’est ce qu’il nous a dit
- Sans blague ! hurla Salma, stupéfaite.
- Ben, c’est ce qu’il nous a dit ! et en sortant la clé, mais je sens quelque chose de louche, et je finirai par le découvrir.
Salma, suivait son amie du regard quelques secondes et l’interrogea.
- Je n’ai pas compris.
En mettant la clé dans la serrure, elle expliqua.
- L’autre soir, on est allé faire un petit tour à Hammamet, moi, sa copine et lui, et j’ai voulu qu’il montre sa villa à sa petite amie, mais la route principale était bloquée pour des travaux de la municipalité ! et en soupirant, quand j’ai lui demandé de changer d’itinéraire, il m’a dit qu’il faisait tard, et qu’il nous la montrera une autre fois… il semblerait même joyeux que la rue fut bloquée !
- Je ne comprends pas pourquoi tu t’intéresses soudainement à sa villa !
En tournant la clé dans la serrure, elle répliqua doucement.
- Je suis seulement curieuse…c’est plutôt sa réaction bizarroïde quand on a parlé de sa maison , qui m’a intrigué !
Et comme la porte ne s’ouvrit pas, Ghada, tenta une autre fois en tirant la poignée extérieure.
- C’est bizarre, la porte ne s’ouvre pas !
Salma, essaya à son tour de l’ouvrir, puis se demanda.
- Il a peut être changé la serrure ?
- Non ! la porte est fermée de l’intérieure ! puis d’une voix coléreuse, le salaud, il est ici !
Salma, avala sa salive et dit.
- On reviendra une autre fois si tu ne veux pas lui parler…
Ghada, emportée par la fureur, hurla.
- Je ne reviendrai pas un autre jour !
Puis se mettait à frapper à la porte de toutes ses forces.
- Ouvre cette porte Nader !
Quelques minutes plus tard, elle entendit le bruit de pas avançant vers la porte.
- Le voilà ! dit-elle, les yeux rouges de colère.
Salma, posa sa main sur l’épaule de son amie, et murmura.
- Calme-toi, ma chérie ! on ne veut pas de scandale devant les voisins !
- Il m’énerve ! je lui ai demandé de s’absenter un peu mais…
Et n’acheva pas sa phrase quand la porte s’ouvre et que son regard tombe sur une jeune femme de 26ans à peu prés, coquette, dans un jean moulant et un pull dénudé.
- Qui vous êtes ? demande la femme.
Du poids de la surprise, Ghada perdit sa langue, et Salma intervint en haussant la voix.
- Ben, c’est à toi de nous répondre !
Et puis, elles entendirent un petit gamin pleurnicher, de l’intérieur de la salle de bain.
- Le shampoing me pique les yeux !
- J’arrive mon bébé ! s’écria la femme, puis en adressant la parole aux deux filles, si vous êtes venues pour Nader, il n’est pas là…
Ghada, mit un pied à l’intérieur de l’appartement et hurla avec hystérie.
- Qui vous êtes putain ? et qu’est ce que vous faites dans mon appartement ?
La femme, traça un sourire malin et dit d’un ton provocateur en croisant les bras.
- C’est l’appartement de Nader… et devant leur stupéfaction, elle ajouta, je m’appelle Sondos et je suis sa copine !

Retour à La Une de Logo Paperblog

Magazines