AUPRÈS DE MA BLONDE...(En référence aux soldats du duc de Villars, maréchal de France (1653 - 1734)... qui la chantaient en entrant au Quesnoy en 1712.) À cette jolie blonde pulpeuse qui attendait gentiment son petit mari retenu prisonnier dans les geôles un peu humides de Hollande. « Auprès de ma blonde, heu ! Qu’il fait bon, fait bon, fait bon... Auprès de ma blonde heu... qu’il fait bon dormir. »
MARILYN MONROE. POUR CHANEL N°5
Voilà comment tout a commencé. D'abord ce plan incliné, quelque chose comme l'idée saugrenue d'essayer d'en découdre avec l’air maussade et le temps gris du mois d’août dans l’est de la France. Un sacré paquet de belles idées toutes faites sur les qualités de tir présumées d’une M sixteen dans les mains des soldats de Tsahal (jeudi ça pour le « Mossad » de tout à l’heure...), et le voile épais qui recouvre les intentions du Djiad islamique dans le camp des armées anglaises déconfites par la crise économique, les Subprimes, la quantité de C02 rejetée dans les salles de marché... Bref ! Les questions d’environnement, les questions « d’envie ronronnante » d’un tas de consommateurs perplexes, indéterminés sur leurs besoins réels de consommation... Des cons sans sommation, des cons à buter tout de suite, et puis c’est tout. Mais je m’égare, me fourvoie... comme d’habitude en pareil endroit, mais permettez que je n’y comprenne rien.
Car il y eut d’abord ce type sur arte... passionné par la problématique des phénomènes naturels. Olafur Eliasson, l’immense artiste scandinave qui avait fait parlé de lui en 2003 à cause de son magnifique couché de soleil artificiel à la Tate moderne. Eliasson ou l’art de toutes les formes d’idées qu’on peut se faire des apparences du monde... Une véritable expérience du visible, ou la possibilité d’un tas de questions pertinentes sur la perception humaine. Voilà pour ce début d’été brûlant, pour en arriver jusqu’aux agitations de cet abruti de maire de Nice et les déclarations débilo-populistes tapageuses d’un gouvernement décidément prêt à tout pour faire parler de lui autrement qu’à travers un tas d’affaires emmerdantes pour sa réputation. « Le voyou de la république » titrait le journal Marianne au milieu du mois pour saisir l’opinion sur la thèse développée par JF Kahn, d’un président de la république française élevé au rang de « caïd » de banlieues (OOHHHH !!!..) Un Brice Hortefeux (FFFEUHHHHHH !!!...) parti « en guerre » contre ces « zones de non droit », sur les plateaux de télévision au moment même où ce même ministre programmerait dit-on... quelques 3500 suppressions de postes dans la police nationale. (« NON !... », « SI ! ») La prévision d’une diminution drastique des moyens financiers pour 2011 pour solde de tout compte d’une politique déjà responsable de la suppression de 90 000 policiers et gendarmes depuis l’élection de l’ex premier flic de France à l’Élysée. Une drôle d’expérience, oui... de la perception du monde sensible et de l’hypocrisie politique ambiante surtout !
J’étais justement dans un de ces commissariats de quartier cette semaine... L’idée d’essayer de comprendre « sur le terrain » comment on réglait l’affaires des bandes et de la « racaille » en sarkozie. Un local minable au pied d’une cité plutôt bien entretenue ; aucune enseigne censée préciser la nature du lieu (le fait est tout à fait vérifiable). Porte fermée, lumière éteinte et rideaux de fer clos. Un seul fonctionnaire présent, au lieu d’un effectif de sept représentants de l’ordre public sur le papier. Le type m’explique que ses collègues sont « tous absents. En vacances ou arrêtés pour dépression ». Le téléphone est en dérangement. Pas d’Internet. Un ordinateur en panne de carte mère depuis des semaines et deux ramettes de papiers pour finir le mois. Le flic est en débardeur et pantalon de survêtement. Plutôt sympa, mais dans le genre un peu désenchanté par le boulot qu’il s’était choisi il y a bientôt vingt ans maintenant. Pas d’arme, ni aucun véhicule à la disposition du service. « C’est comme ça depuis longtemps. On est là uniquement pour enregistrer des plaintes, c’est tout. Les ordres sont de ne surtout pas intervenir à l’extérieur, jamais. Pas de contact avec la population du quartier, pas de vague, rien ! ». Le policier m’explique encore qu’il s’est même fait remonter les bretelles après qu’il ait été pris en « flagrant délit » de conversation avec l’autochtone un jour de marché. Oui, juste incroyable !
Les très rares patrouilles sont effectuées en réalité par le commissariat central (« L’usine » dans le jargon). Un simple passage une à deux fois par jour dans la rue piétonne principale et toutes vitres fermées, puis s’en vont. Aucune verbalisation, jamais. Surtout pas de vague, ordre explicite de la hiérarchie qui doit rendre de bonnes statistiques à son ministre. Les bandes... Une vingtaine de voyous que tout le monde connaît dans le quartier. « Des arabes » nous disent des algériens âgés d’une trentaine d’années qui fêtent en ce moment le ramadan de manière sympathique et ostensible dans le quartier. Des « jeunes » à qui il ne faut surtout rien dire sous peine de représailles. Des « jeunes » (20-25 ans, quelquefois moins.) qui ne respectent rien ni personne et encore moins la police. Ici la loi, « c’est eux » nous disent encore plusieurs commerçants maghrébins qui nous offrent de succulentes pâtisseries maison. Une bande de petits trafiquants, parfaitement organisée et qui pourrit toute la vie du quartier entre 17 heures (l’heure où « les jeunes » se lèvent...) et 6 heures du matin (l’heure où ils se couchent !) Des véritables petits « caïds », une bande de petits trafiquants de chit qui mènent une vie impossible aux gens de la rue principale et de tout un ensemble de voies environnantes. Les gens... Une population, pour beaucoup d’origine étrangère (Algérie, Maroc, Turquie...). Devant la caméra, personne n’a la moindre intention de parler. La seule présence d’une équipe de télé fait peur. « Si on nous voit avec vous. Et même si vous faites un reportage en faisant attention à ce que l’on ne puisse pas nous reconnaître ensuite... » Tous s’exposent au châtiment et à la vindicte. Des commerçants « authentiques » (avec un pas de porte et payant leurs impôts pour bénéficier de la protection de l’état selon les règles constitutionnelles de ce pays). Des commerçants oui, maghrébins pour la grande majorité d’entre eux, qui ne voit plus vraiment de clients passé 17 heures. Cette superette par exemple... qui perdrait 40% de son chiffre d’affaires à partir de cette heure critique où sort « la canaille, les coupe-jarrets en survêtement ». Pas tout à fait ces bandes violentes dont on parlait dans les années cinquante ou soixante... ces blousons noirs qui réduisaient en cendres des salle de bal ou de concert de rock’n roll, en réglant leur compte à coup de chaînes de vélo et le plus souvent entre eux... Pas tout à fait... ou plutôt si, justement. Du Vandalisme, des violences urbaines dues à la pauvreté bien sûr ; à cette désorganisation sociale chronique dans ces espaces où plus personne de normalement constitué ne désire vivre ne serait-ce qu’une heure ou deux (ou alors bien avant 17 heures...), ce manque d’action politique véritable, cette hypocrisie bourgeoise surtout... la même depuis des lustres... « Et le problème demeure » chantait le groupe I am il y a quelques années déjà... La même violence, oui, mais ethnicisée, « racialisée » « rebeus » et « renois » coudes à coudes pour taper du « bolos » (des blancs qui se prennent pour des blancs selon la définition qu’on nous donne généralement de l'adversaire présumé. Des Bolos ou des « bouffons » pour employer une autre terminologie adéquate). Des « cailleras »... soit environ « 2500 individus » répartis dans « un peu plus de 200 groupes identifiés et répertoriés sur le territoire français ». C'est-à-dire en réalité peu de choses, si l’on en croit Michèle Alliot Marie elle-même, qui avançait ces chiffres notoires en 2009 dans la perspective des fameuses 16 mesures policières et judiciaires du président Sarkozy. Depuis ? Comment depuis ? Rien bien sûr ! Que croyiez-vous que nous dûmes voir après la séance des trois coups sur TF1? Rien. Absolument rien ! 2500 abrutis qui continuent d'emmerder le monde impunément dans les rues pour le plus grand désespoir de centaines de milliers de gens confrontés à cette violence quotidienne inacceptable. Une population considérée comme quantité négligeable ou prise seulement pour de la simple chair à discours, et pour finir, stigmatisée par tous les bolos du monde, accoudés au zinc des cafés qui ferment et aux guichets des trains qui partent en retard à des prix fous... des millions de bolos qui voteront pour le retour de l’ordre moral, les curés de toutes sortes et un discours autrefois kidnappé par l’extrême droite. Les beaux discours devenus ordinaires dans la nouvelle voyoucratie française.
Voilà, oui, pour ce mois d’août en sarkozie et de retour à Besançon. Une ville agréable et plutôt calme à quelques dizaines de kilomètres de la frontière Suisse, où l'on peut espérer courir en paix sur les bords du Doubs après une journée de boulot. Oui, bon, d'accord... À part le temps pourri qui dure un peu.
La raison peut-être de cette « blonde » qui me passa par la tête tout cet été. Une digression fantasmagorique nécessaire pour espérer passer l’hiver à l’abri des vents de salauds qui nous assaillent chaque jour depuis 2007. Un air de repli sur soi et nos infâmes bourrelets aux cerveau qui en découleront forcément.
« Auprès de ma blonde, heu ! Qu’il fait bon, fait bon, fait bon... Auprès de ma blonde heu... qu’il fait bon dormir. »
NÉON™