Magazine Journal intime

Que dire...

Publié le 28 août 2010 par Papote

Le monde s'est écroulé.
Je ne compte plus les jours depuis que j'ai arrêté de respirer normalement.
Je ne compte plus les nuits sans sommeil et qui valent sans doute mieux que celles où je finis par sombrer dans des rêves peuplés de sa présence.
Par moments, l'angoisse est tellement forte, tellement pesante que j'ai l'impression que tout mon corps implose.

Je ne comprends pas.
Je ne conçois pas.
J'essaye mais c'est au-delà de ma capacité.
Pour moi, quand il y a des sentiments, il est plus qu'évident qu'il faut se battre pour eux.
Je ne comprends pas la lâcheté qui consiste à choisir la voie de la facilité par la fuite.

Je ne suis même pas sûre de lui en vouloir vraiment.
Enfin, si, par rapport à nos filles et à l'inconséquence de ses choix qui nous ont tous embarqués dans cette galère, surtout elles, petites filles fragiles.
J'entends son mal-être, j'entends ses doutes mais on ne fait pas tout exploser comme ça parce qu'on ne sait pas trop.
On réfléchit, on prend sur soi, surtout quand ça ne fait qu'un mois et demi qu'on a fait le grand pas après y avoir réfléchi pendant deux mois avant.
On n'abandonne pas le navire sur un coup de flippe quand tout le monde a embarqué.

Mais tout cela est vain.
Je ne peux pas me battre seule pour nous deux, pour nous quatre et, surtout, si lui panique dans l'autre sens.
Trop de coups de Trafalgar !
Le fil de notre histoire m'échappe, se déroule et se perd.
Son malaise est profond et, moi, j'ai cru que j'arriverai à l'apaiser. Foutaise !
La chute n'en est que plus rude.

Oui, j'y ai cru !
Bien sûr que j'y ai cru !
Quand il vous dit qu'il veut vivre avec vous et qu'il ne conçoit pas la vie de couple autrement que sous un même toit.
Quand il est question de bébé qui pourrait s'inviter dans les mois à venir.
Oui, bien sûr, aussi que j'avais envie d'y croire parce que, moi-même, j'avais envie de tout ça.
Bien sûr...
Et pourquoi n'y aurais-je pas cru alors que lui y croyait ?
Mais je n'avais rien demandé.
Je ne lui ai pas mis le couteau sous la gorge pour qu'on vive ensemble et qu'on fasse des projets.
J'avais même proposé que chacun reste chez soi et qu'on aménage une semi vie-commune.
Enfin, si, c'est moi qui ai posé l'ultimatum en lui demandant, il y a 11 jours, de prendre une décision nous concernant mais parce qu'il m'a dit qu'il ne savait plus où il en était, ni s'il m'aimait, ni s'il voulait qu'on continue, le tout alors que la veille encore notre vie à quatre semblait parfaite et sereine.
Alors, oui, à ce moment-là, je ne pouvais plus faire autrement que de lui demander de faire un choix. Peut-être que d'autres auraient su faire autrement mais, moi, je ne pouvais...
Mais je peux vous dire que, même à ce moment-là, j'y croyais encore et que j'ai vraiment espéré fort, fort, fort qu'il me dirait qu'il voulait nous sauver, qu'une fois encore nous serions les plus forts.

J'ai du mal à respirer.
Je sais aussi que, quand la solitude va l'envahir, que son rythme de vie va se calmer, il ira chercher quelqu'un d'autre.
Une angoisse chasse l'autre. Tout et son contraire, tour à tour.
L'indépendance est son besoin tout en étant son calvaire.
Il en a conscience. Il sait qu'il risque s'en mordre les doigts mais il n'est plus question de revenir en arrière, ni pour lui (qui m'a dit qu'il assumerait sa décision quoi qu'il lui en coûte), ni pour moi (qui sait que je ne peux plus rien faire pour nous sauver à part essayer, maintenant, de me sauver, moi), ni pour nos filles (à qui on ne peut pas faire vivre d'éternels atermoiements).

J'étouffe. Ma tête hurle, mon coeur explose.
Comment peut-on s'aimer et se quitter ?
Pourquoi tout ce gâchis ?
Comment peut-on partager tant de complicité, comment les choses peuvent-elles si bien s'imbriquer et si naturellement et comment ne peut-on pas arriver à dépasser les peurs, les doutes ?
C'est tellement incohérent, absurde, inepte...
Mais comment vivre avec ces crises cycliques d'angoisses qui remettent tout en cause ?
Mais la machine est en route et elle nous broie implacablement.
Trop tard pour s'en sortir.
La raison est là. Le coeur, lui, ne veut rien entendre.
Il est ma bouteille d'alcool et je suis un ancien alcoolique. Il est le seul, aujourd'hui, à pouvoir me soulager mais je sais aussi qu'il me tuera à petit feu.
Ne pas craquer.

Je ne culpabilise pas de n'avoir pas tout essayé.
Non, ça, je crois que j'ai fait ce que j'ai pu.
Je culpabilise, peut-être, d'avoir été exigeante ou d'avoir du caractère mais je n'ai jamais pris qui que ce soit en traître et, en plus, chacun a son caractère et ses défauts et j'ai aussi des qualités.
Non, ce n'est pas vraiment de la culpabilité.
Ce serait plutôt remettre en cause ce que je suis, l'intérêt que je peux présenter pour quelqu'un d'autre, ma capacité à être aimée et à ce qu'on veuille des choses pour moi.

Le temps, le temps...
Je sais qu'il reste mon dernier allié.
Je sais qu'il n'y a que lui qui me guérira.
Mais, pour l'heure, j'en bave comme je ne pensais pas que je pourrai en baver un jour.
Je hais le temps qui ne passe pas !
Je hais ces minutes qui, inlassablement, me ravagent un peu plus le coeur.
J'en arrive même à haïr ces 10 secondes quand je me réveille le matin, 10 secondes pendant lesquelles l'angoisse n'est pas encore revenue, pendant lesquelles je me sens presque bien et pendant lesquelles je me prends à croire qu'enfin aujourd'hui, la boule aura disparu et puis arrive la 11è seconde...

Aujourd'hui, c'est le point final.
Il déménage.

Adieu mon amour !

La Papote

PS : Je n'ai pas répondu à vos commentaires sur le précédent billet mais je les ai tous lus et vous en remercie.
Je ne le ferai non plus sur celui-ci. Je ne suis pas sûre d'en avoir la force, ni le courage...


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