Il y a un an, les médias français se faisaient écho de la presse britannique en révélant les fameuses affaires de notes de frais. Des croquettes pour chiens aux confiseries en passant par d’exorbitants remboursements injustifiés (50 000 euros pour le secrétaire d’Etat au Trésor David Laws), en plus du scandale national, de nombreuses démissions suivirent. Une fois qu’ils avaient été pris la main dans le sac, c’était pour tous ces députés et ministres, la suite logique.
Chez nous aussi, parfois, la corruption, l’abus de pouvoir et autres combines politico-financières, ou du moins leurs révélations publiques, entrainent la démission de l’homme en poste. Souvenez-vous du Ministre de l’économie Hervé Gaymard, qui vivait avec ses huit enfants et son épouse dans un charmant 600 m2 et son loyer de 14 400 €/mois entièrement financé par l’Etat, tout en louant son appart parisien de 200 m2. En plus de rendre les clés et rembourser les loyers, il démissionnera dix jours après le scandale. Plus récemment, Alain Joyandet, secrétaire d’Etat à la Coopération et la francophonie, soupçonné d’avoir bénéficié d’un permis de construire illégal, préfère raccrocher. C’est encore le cas de Christian Blanc et ses fameux cigares sur le compte de l’Etat.
Bref, de scandales en scandales, quand on est pris en flagrant délit, en général les ministres ne tiennent pas longtemps face aux pressions médiatiques et politiques. Et puis depuis presque trois mois, il y en a un qui a décidé de défier tout le monde. Avant de partir en vacances, on en entendait parler, et à notre retour, on s’aperçoit non sans étonnement que non seulement, il est toujours en poste, mais en plus qu’il continue, tranquillement avec sa voix zen et son regard qui transpire l’innocence et presque l’ingénuité, de répondre aux journalistes. Cet homme, vous l’avez deviné, c’est Eric Woerth.