Aujourd’hui j’entends sur France Inter qu’il s’agit aujourd’hui de la Journée Mondiale de l’Alphabétisation. Et je me rends compte que j’ai beaucoup de chance.
Prise de conscience
J’ai certes beaucoup de chance en tant que fille de réfugiés politique, mais aussi tout simplement en tant que fille. Vous vous rendez compte que parmi les 850 millions d’analphabète dans le monde, 500 millions sont du sexe féminin ? Ce n’est pas une petite proportion quand même.
Tout ça, parce qu’on favorise les garçons.
Mais le plus intéressant dans cette tendance à toujours favoriser les hommes, c’est le fait de toujours vouloir le faire pour protéger la femme.
Un proverbe khmer dit : “l’homme est comme l’or, la femme comme la feuille de soie”. Il faut interpréter cette expression au sens où l’homme, en tant que métal, pourra toujours se plier et accuser les coups pour être refondu après, et retrouver une forme parfaite. La feuille de soie, une fois déchirée, ne peut pas être réparée.
Mais cela n’explique pas tellement le taux d’analphabétisme chez les filles. Que craint-on le plus en les envoyant à l’école ? Qu’elle découvre autre chose, qu’elle s’en aille. Les gens sont possessifs avec les filles.
C’est parce qu’on ne veut pas admettre leur indépendance physique et spirituelle qu’on veut les garder rien qu’à soi, que l’adultère est si grave pour une femme et moins pour un homme.
Alors je suis contente d’être en France, d’avoir eu droit à l’école républicaine, d’avoir eu mon bac, d’aller à la fac.
Au Cambodge le taux d’alphabétisation des hommes est de 84,7 %, contre 64,1% pour les femmes. Ce n’est pas si mal.