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Des Hommes et des Dieux

Publié le 12 septembre 2010 par Perceval

C'est dans la nuit du 26 au 27 mars 1996 qu'un groupe d'hommes arrive au village d'Aïn Elrais, à quelques kilomètres de la trappe de Tibéhirine et que sept moines, sur neuf présents, sont enlevés. Moines de Tibrhine 2 Quelle route ont-ils ensuite empruntée? On aurait retrouvé des traces de leur passage à Guerraou, un lieu-dit que l'on n'atteint pas sans traverser l'axe principal Blida-Médéa. A flanc de montagne, un équipage de mulets attendait le cortège. Après, on ne sait plus rien. ...  jusqu'à l'annonce de leur exécution le 23 mai.

Des hommes et des dieux – titre inspiré du psaume 82,  Et plus particulièrement de ces versets : « Je le déclare, vous êtes des dieux, vous êtes tous des fils du Très Haut, pourtant vous mourrez comme des hommes, vous tomberez comme les princes. »

Un film Magnifique !

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Je retiendrai : - la détermination et la difficulté de Christian de décider ‘ juste ‘, - La colère, les doutes, - l’angoisse de l’un des frères et enfin, la joie d’être en paix, et en accord avec lui-même et les autres, - la leçon de liberté ‘ humaine ‘ …etc

Quel est le lien entre ce cinéma et la religion ? A mon avis, ce qui est remarquablement montré dans ce film , c’est la Rencontre… Rencontre avec une culture, une religion différente. Rencontre avec la violence, rencontre communautaire, rencontre avec l’Homme, avec Dieu… Il serait ici, même possible de parler de la mystique de la Rencontre. Beauvois ne fait pas du cinéma militant ou idéologique, mais de la ‘matière à penser’ …

« Une mystique ? Si on veut, mais une mystique concrète, matérielle, qui passe par des choix et des actes quotidiens, à la fois réfléchis et profondément éprouvés – ceux des moines, ceux du cinéastes et de ses compagnons de travail. Dans Des hommes et des dieux, Beauvois ne trouve pas tout de suite comment faire, il a affaire a

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vec le fait divers tragique, l’histoire immédiate, la sociologie et la psychologie, une masse d’informations et un amas de possibilités narratives. Peu à peu, grâce en particulier aux mots et aux gestes du rituel, il trouve comment se défaire de l’anecdote et du superficiel, il construit sa place, on comprend qu’en se focalisant sur les pratiques réelles de ses moines il en trouve le chemin. » Henri TINCQ

« Comment montrer la grâce, donc ? La force du film est d'y répondre d'abord par des moyens purement cinématographiques : Des hommes et des dieux est d'une beauté plastique à couper le souffle. La grâce, c'est peut-être avant tout une question de lumière, celle qui tombe sur Saint-Matthieu dans la Vocation… du Caravage). Le film accumule d'ailleurs les références à la peinture religieuse italienne : on aperçoit ici une reproduction de la Vierge de l'Annonciation d'Antonello da Messina, là un Christ à la colonne de Caravage ; certains plans citent directement les tableaux de maître, tel ce soldat islamiste blessé traité comme le Christ de Mantegna.

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Mais l'histoire de la peinture montre bien que le sacré peut se nicher aussi dans des sujets profanes : pour filmer les visages des moines, la chef-opératrice Caroline Champetier dit s'être inspirée des autoportraits de Rembrandt. L'idée est magnifique : ces visages anguleux (Lambert Wilson), ronds (Michael Lonsdale) ou burinés (Jacques Herlin), sont autant de facettes d'une seule et même humanité, chacun porte en lui "la forme entière de l'humaine condition". C'est dans ces scènes frontales, d'une absolue simplicité, qui voit les moines discuter de la conduite à tenir, et peu à peu se rallier à la décision commune, que le film émeut peut-être le plus.
A mesure que l'on s'approche du dénouement fatal, Des hommes et des dieux prend un tour
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plus lyrique : quand il filme les moines chantant un cantique pour faire pièce au vrombissement menaçant d'un hélicoptère de l'armée ; ou quand il montre leur communion au cours de ce qui s'avèrera être leur dernier repas.
Certains auront été bouleversés par cette (s)cène, véritable acmé émotionnelle du film ; nous avouerons y être restés à la surface des choses (des hommes se souriant et pleurant en écoutant Le Lac des Cygnes). Comme si en cherchant à l'objectiver de manière littérale, Xavier Beauvois laissait finalement échapper cette grâce qu'il avait tutoyé pendant tout son film. Question de sensibilité toute personnelle, sans doute : certains sont amateurs des éclairages violents du Caravage ; d'autres de la lumière délicate de Giotto. » sur le site ‘ Zéro de conduite.net ‘

 « Ce film était à hauts risques. Il aurait pu par exemple heurter les esprits agnostiques ou les anti-religieux en raison , dirait-on aujourd’hui, de la « vision positive » de la foi qu’il présente. Certes, il y aura toujours des spectateurs dogmatiques. Mais il n’échappera pas aux autres que ce que le film raconte avant tout, c’est la manière dont ces moines puisent dans leur foi la résistance morale et le courage dont ils font preuve face au danger de mort. Et le message de paix qu’ils en tirent est non seulement universel, mais aussi, et surtout, universaliste (incluant les islamistes, et en rien prosélyte). Les villageois ne perçoivent pas le discours et l’attitude des moines autrement. C’est pourquoi ils leur semblent constituer, dans ces temps dangereux qui les effraient, leur meilleure protection. » Sur le site POLITIS. Fr

« Le nœud du film tient en une question : faut-il rester ou partir ? La grande

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richesse de cette œuvre magnifique est de laisser lentement se déployer la réponse jusqu’à une forme d’évidence individuelle et collective. Une évidence du cœur, pleine de cette densité venue des profondeurs, nourrie d’un ébranlement intérieur et d’un cheminement douloureux qui en font toute la valeur. » sur le site ‘ La Croix ‘


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