Il est temps que j'avoue : je n'avais jamais lu "Les Hauts de Hurlevent"...
Ouaip, c'est mal et, tant que j'y suis, je me dois aussi d'avouer que j'ai fait un bac littéraire sans jamais dépasser le 3ème chapitre de "Madame Bovary" et j'ai poussé le vice jusqu'à me permettre de faire une dissertation dessus et obtenir un 15/20...
Voilà, ma conscience est allégée d'un grand poids !
Pour en revenir à nos moutons, voire à Hurlevent, je suis tombée dessus par hasard en achetant d'autres bouquins et il m'a sauté dans les bras...
L'édition était jolie... Comment ça, ce n'est pas une excuse ?
Il fallait que je comble cette lacune littéraire... Là, vous ne pouvez plus rien dire !
Bref, emi, legi, vici (j'ai acheté, j'ai lu, j'ai vaincu)... Comme aurait dit Jules !
Et, franchement, je souligne le terme "vaincre" en la matière...
Je ne peux nier qu'il soit très bien écrit et qu'Emily Brontë a su dépeindre des personnages, des paysages et des ambiances avec un extraordinaire sens du détail.
Le parallèle entre la rugosité des lieux et celle d'Heathcliff est tout à fait intéressant, au même titre que celui entre l'enchaînement des évènements et la météo/le climat... Mais c'est intéressant à mettre dans une dissert en 2nde ou en 1ère parce qu'il y a des comparaisons, des analyses pour agrémenter le corps du devoir... sauf que ça fait 18 ans que j'ai passé mon bac alors, les bouquins faciles à coller en dissert, je m'en bats légèrement l'oeil !
Ceci dit, je reconnais ce talent-là à l'auteur (notez le point positif !) !
Je suis allée au bout pour savoir comment ça se terminait, donc c'est que, quelque part, l'auteur a dû réussir son pari puisque je n'ai pas lâché en cours de route ou alors, c'est parce que je suis simplement obstinée (notez encore le point positif !)...
Si ce sont les seuls critères pour crier au chef d'oeuvre, alors, je veux bien me laisser aller à un ou deux hululements étouffés (pas sûre qu'on puisse parler, là, d'un point positif !)...
Mais, décemment et objectivement, je me refuse à hurler à pleins poumons avec les loups en vous disant que ce livre mérite sa place au panthéon de la littérature anglaise et mondiale !
Pas possible !
D'abord parce que, même si c'est le but, je déteste l'histoire !
Quand je vois les scandales qui sont faits sur des films dits "ultra-violents" et que je lis "Les Hauts", je suis hallucinée !
Alors, certes, il n'y a pas de sang partout mais moralement, il y a une barbarie, une sauvagerie sans nom !
Certains passages m'ont carrément filé la nausée !
Et, perso, je dois être un peu trop fleur bleue mais presque 400 pages de vengeance, de malheur, de cruauté morale, d'acharnement aveugle sans once d'humanité, et même si on nous colle ça avec une histoire soit-disant d'amour en fond de trame ainsi qu'en guise d'épilogue (au moins 20 pages sur la fin), non seulement, je ne vois pas l'intérêt mais je ne vois même plus où on peut parler d'amour... même en l'affublant du qualificatif de passionnel...
Quand je lis par ci, par là que c'est l'histoire du poids du destin familial, je ne vois pas du tout, hormis de dire que le destin familial est de souffrir la vengeance implacable du même homme sur plusieurs générations... mais pour moi, ça ne tient en rien à la destinée de quoi que ce soit !
Oh et puis, cette espèce d'happy end romantico-sirupeux, bien morale et vaguement pseudo poético-romanesque...
Ca détonne tellement dans le paysage, ça tombe tellement comme un cheveux sur la soupe qu'on souhaiterait presque que ça finisse comme ça a commencé...
Ensuite, je n'ai aimé aucun personnage !
C'est une galerie des horreurs !
Ils sont tous plus vicieux, cruels, hargneux les uns que les autres !
J'ai lu que la beauté des personnages tenait dans le fait qu'ils étaient tourmentés mais qu'ils nous ressemblent tant,
dans nos faiblesses et nos défauts...
Je relis quelques passages et croise fort les doigts pour ne jamais
ressembler (même de très très loin) à l'un quelconque des personnages
(hormis la nourrice, ce sont tous des psychopathes en puissance !) !
Non, ils sont décrits de telle façon que ce ne sont que de vulgaires bêtes sauvages pour lesquelles on ne peut ressentir aucune empathie,
aucune compassion, aucune sympathie... J'aurais même aimé
qu'on en finisse un peu plus vite avec certains, non pas par pitié mais parce qu'ils m'indisposaient
vraiment et ça m'aurait fait quelques pages de moins à lire !
Et puis, le pire, je crois... quoique, pas sûre en fait... c'est la grosse brute avilie qui se transforme grâce à l'amour et à l'éducation pour devenir un tendre et beau jeune homme (toujours en 20 pages !) ! Collez-moi deux doigts au fond de la gorge !
Ce n'est même pas sombre, ni glauque, c'est au-delà !
Ah non, je préfère cent fois "La Haine", "L'appât" ou "Inglorious Bastered", par exemple, que ce livre !
Conclusion : A VENDRE exemplaire des Hauts de Hurlevent, quasi neuf, lu une fois !
A bientôt !
La Papote