C'est bizarre comme en ce moment, je suis très "Madeleine de Proust"...
Je ne cherche pas les odeurs, les goûts mais ils viennent à moi et réveillent plein d'images et de souvenirs en cascade.
Et puis, il y a aussi des souvenirs d'odeurs quand, tout à coup, ma tête me rappelle une odeur oubliée sans même la sentir vraiment. Vous croyez aux souvenirs olfactifs ?
L'autre matin au bureau, tout à coup, j'ai "senti" (dans ma tête, on ne fait pas encore de cuisine au milieu des dossiers !) l'odeur des escalopes que ma grand-mère nous faisait lorsque nous arrivions pour dîner le vendredi soir et passer le week-end chez elle, puis le souvenir du goût m'est revenu.
Et, là, les images se sont enchaînées avec une précision et une clarté auxquelles je ne m'attendais pas : la route de nuit avec les réverbères des villages que nous traversions, la cuisine éteinte et la salle à manger allumée pour aller chercher le verre à petits carreaux de couleur, le bruit des portes du buffet qui trône maintenant dans ma cuisine.
L'autre soir en arrivant à la campagne, quand j'ai eu allumé les radiateurs et en allant me coucher, l'odeur de la poussière et de l'humidité réchauffée (dit comme ça, ça ne fait pas très glamour, je vous l'accorde) m'a donné le sentiment de retrouver 36 ans de souvenirs de "chez moi" : la bouillotte en terre cuite, la tresse des cheveux devant le feu avant d'aller se coucher, les tilleuls du soirs et les châtaignes cuites dans la cheminée et dégustées avec de la confiture, le lit à barreaux en fer forgé dans la chambre de mes parents, les matins brumeux et le bruit des fusils de chasse au loin.
Et puis, en rentrant de la campagne, l'odeur des vêtements qui ont pris le parfum de la cheminée et de la campagne et, là, c'est la grosse veste kaki en laine de Monsieur Père qui me vient immanquablement à l'esprit...
L'odeur du tabac à pipe de mon oncle et, zou, les souvenirs de vacances avec les cousins remontent à la surface, les jeux sous l'espèce de tonnelle au fond du jardin, la chaise haute de Petit Cousin, la chambre d'enfants tout en haut avec cette espèce de gros ours en peluche orange et les parties de Monopoly, le film en super 8 de la superproduction de cinéma familial (un chef d'oeuvre méconnu du 7è art !), la résistance qui s'organiserait entre nous si la guerre éclatait, les pièces de théâtre en plein air.
Et puis une dernière, en guise d'hommage : le souvenir de l'odeur de la maison de Madeleine à Angoulême. Cette odeur de cire, de bonne cuisine, de vieille dame pomponnée et je retrouve le bruit du grincement de la porte du placard sous l'escalier, le piano et mes premières "Marche Turque" à une main, les petits livres miniatures dans la chambre en bas, la cuisine où un gâteau ou une douceur étaient toujours en préparation, le jardin à flanc de coteaux avec le verger et les prunes dégustées directement sur l'arbre avec la vue sur la ville, le chemin de ronde par lequel on arrivait avec ses larges marches.
Oui, depuis quelques temps, mon nez et mes papilles me font beaucoup voyager dans mon passé avec un plaisir non dissimulé...
Et, à la fin de l'envoi, ça touche !
A bientôt !
La Papote