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Le Meccano Merveille

Publié le 30 octobre 2010 par Jlk

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À propos de Naissance d’un pont, révélation de la rentrée littéraire française, signé Maylis de Kerangal. Premières impressions de lecture, I.

C’est un livre extraordinairement prenant, intéressant et stimulant, que Naissance d’un pont de Maylis de Kerangal, combinatoire de « meccano démentiel » et de prose fuguée d’une extrême précision poétique, à jet continu de fluide invention. À l’image du grand œuvre de pharaonie moderniste qu’il évoque, on y sent un immense travail d’assemblage de mots et d’affûtage de sonorités et d’images et de rythmes et de volumes plastiques dans le blanc de la page - tout ça dans le mouvement du récit, j'veux dire : des multiples récits intégrant les monologues et les dialogues des multiples personnages engagés dans le chantier (il faudrait dire champ de bataille, avec son front et son arrière, comme dans Voyage au bout de la nuit il y a un front et un arrière et l’Afrique et l’Amérique) de cette grande entreprise romanesque entée sur la grande entreprise du pont géant de Coca.

Le pont géant de Naissance d’un pont est un défi jeté à la fatigue et à la paresse des temps qui courent en notre vieux monde démoralisé. C’est un salubre pari que ce livre à la fois très construit et très rêvé, très minutieusement élaboré et très libre dans ses mouvements, très pensé et très senti, très béton et rêverie, très infra et superstructure, très mec meuf vioque djeune mais sans affectation au goût du jour, la langue comme coulée dans le nouveau bronze du volapück mondial et marquée du sceau Maylis & Kerangal, très neuf par conséquent et pas nouveau au sens des avant-garde resucées, très flambant comme un sol poétique jamais foulé même s’il évoque (de loin) l’unanimisme de Jules Romains ou le constructivisme de John Dos Passos – et l’on peut oeillader aussi vers le Butor de Mobile ou le Le Clézio de La guerre et autres Terra Amata -, mais tellement elle-même cette voix neuve qu’on y voit une voie neuve et effet et ça y va sur 300 pages qui semblent en « compacter » 3000 avec ténacité têtue et grâce de longtemps jamais vue…

( À suivre…)

Maylis de Kerangal. Naissance d’un pont. Verticales, 316p.


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