Petite, je m'étais promis de ne jamais reproduire un tel comportement avec mes enfants. Adolescente, je me suis jurée que jamais on ne me verrait agir de la sorte. Enceinte, j'ai fait le serment, croix de bois, croix de fer, si je mens, je vais en enfer, de trouver une alternative à un tel geste que je trouvais tout simplement dégoûtant. Je brûlerai donc en enfer, car j'ai péché et trahi mon serment.
Ça s'est passé hier après-midi. Bébé fille et moi nous promenons tout bonnement, elle dans sa poussette (additionnez bébé et habit de neige dans un porte-bébé et vous obtenez des épaules endolories), moi dans mes souliers. Le soleil est chaud, le ciel est clair, bref, un après-midi idéal pour une sortie pré-chocolat chaud. En bonne mère que je suis, je vérifie que ma petite princesse n'a pas froid et en approchant mon visage du sien, je constate qu'elle a une quantité importante de dentifrice sec tout autour de la bouche, résultat du brossage de dents d'après le dîner. Au moins, ça prouve que je suis drôlement rapide sur l'enfilage de bébé dans l'habit de neige, le dentifrice n'a même pas le temps de sécher. T'sais, quand t'es plus rapide qu'une flèche! Bref, pour revenir à la honte qui m'accable, voyant ce dentifrice bien disgracieux, je glisse la main dans la poche de mon manteau pour y trouver un objet magique pouvant faire disparaître le tout. Rien. Dans aucune des poches. Pas de petites débarbouillettes, pas de kleenex ni même d'essuie-tout. C'est ce qu'on appelle être dans de beaux draps. Je regarde autour de moi, en quête d'une solution, mais sur le trottoir comme ça, en plein milieu du village, je n'ai pas vraiment de porte de sortie. Il y a bien cette petite flaque d'eau boueuse, mais je ne crois pas que ce soit approprié. C'est à ce moment que le drame survient.
Sans autre choix, je glisse lentement mon pouce vers ma bouche où je l'humecte avec soin de ma salive. Pouce que je dirige ensuite d'un doigt assuré vers la bouche de Bébé fille pour y enlever le surplus de dentifrice. Honte à moi!
Le geste pourrait sans doute être pardonnable. Le problème est que j'ai agi ainsi machinalement, sur le pilote automatique, comme si c'était tout simplement naturel. Comme si se servir de sa salive comme nettoyant à bébé était une option parmi tant d'autre!
Il n'y a plus aucun doute: je suis une maman jusqu'à la moelle (et la salive).