Depuis qu’elle est de retour au bercail, Cabotine a choisi d’installer ses appartements au deuxième étage. Je la comprends très bien : la chienne n’a pas le droit d’y aller, il fait plus frais là haut et il y a tout un tas de dessous de lits pour se cacher (dois-je vous rappeler que j’habite une auberge désaffectée?). Bref elle a investi le deuxième et je l’entends souvent courir et sauter au dessus de ma tête. J’aime à m’imaginer qu’elle chasse et pourfend la vermine de tout acabit, ce qui m’éviterait d’avoir à manipuler le poison à rats cette année.
Croyez le où non, c’est effectivement le cas. Mais je l’ai découvert de la manière la plus répugnante qui soit!
Une drôle d’odeur flottait dans mon confortable logis depuis quelques jours. Au départ je croyais qu’il s’agissait de la litière que j’ai vidée prestement, mais rien à faire, cet horrible fumet ne quittait pas mon intérieur. Alors je me suis mise à inspecter la maison. J’ai découvert que l’odeur venait de quelque part entre ma chambre et la salle de bain attenante. Je me suis souvenu qu’il y a trois ans de cela, une belette nommée Billy avait choisi ma maison comme garde manger et que l’un des ses mets de prédilection s’était retrouvé entre les murs. Nous avions donc dû attendre que la décomposition fût achevée avant que la dégoûtante odeur se passe. J’ai donc résolu de me résigner. J’allais mettre un deuxième bâton d’encens dans ma chambre quand une drôle de paire de bas roulée cachée derrière le classeur a attiré mon attention. J’ai étiré le bras pour la ramasser et en mettant la main dessus, au lieu du coton auquel je m’attendais, j’ai senti de la fourrure. J’ai rapidement compris que je venais de mettre la main sur une vermine en décomposition.
Je me suis mise à sauter sur place en agitant les mains et en criant : Yursh! Yursh! Yush! Eeeeeeeeeeurk!
Bref, il n’y a plus aucun doute maintenant : Cabotine est bel et bien une guerrière épique qui part tous les soirs en croisade au deuxième étage! Mais je ne suis pas sûre d’être ravie qu’elle m’ait désignée comme Dieu et qu’elle m’apporte en offrande les restes de ses sacrifiés…