Magazine Journal intime

Un élève de l'Après-Guerre - page 18.

Publié le 21 novembre 2010 par Douce58
        A peu près à la même époque, vers mes neuf ans, j'allais chercher ma soeur Monique à l'école maternelle Lamartine (nos parents ne pouvant quitter le magasin me confiaient cette mission).  Nous traversions ensemble le jardin public Saint-Louis et je tenais fermement  par la main  ma petite soeur de peur qu'elle ne s'échappe (j'étais très conscient  d'être responsable de sa sécurité).  Monique eut avec une institutrice, Madame A., des rapports tendus.  Cette maîtresse l'avait punie un jour avec une sévérité que ne justifiait pas une menue bêtise d'écolière...
       Comme cela s'était produit pour moi avec Monsieur N., la plus redoutée, la plus cruelle des punitions, à savoir la retenue après la classe sans en informer les parents, lui fut infligée.  Affolée et révoltée, Monique lança à Madame A. du haut de ses six ans:  Méchante maîtresse!  Quand tu viendras au magasin de mon papa, il ne te donnera pas de saucisse!
        Ce fut l'institutrice elle-même, effectivement une de nos clientes, qui rapporta à nos parents ce mot resté célèbre dans la famille.
        Hormis Monsieur Balent et Monsieur Bonnecase, mon maître du Cours Moyen deuxième année, dont les seuls défauts étaient de fumer en classe des cigarettes roulées (imaginez cela aujourd'hui!) et de nous asséner le samedi dix, je dis bien dix problèmes d'arithmétique à résoudre pour le lundi;  hormis Madame Atgé, qui raccompagnait elle-même notre jeune frère de l'école et l'appelait affectueusement François-les-yeux-bleus,  nos instituteurs ne se signalaient pas particulièrement par leur douceur.  Entré à son tour à l'école Pasteur, François fut victime d'un certain Monsieur D. qui laissa sur la joue de l'enfant la marque rouge de ses doigts, encore bien visible au retour à la maison.  Notre mère, qui se chargeait d'ordinaire des entretiens avec nos maîtres et des questions scolaires en général, se rendit à l'école Pasteur pour se plaindre auprès du directeur (ce n'était plus Monsieur N.) de la brutalité de Monsieur D. .  Le directeur, qui était déjà au fait des mauvais procédés de son collègue, présenta ses excuses à notre mère et l'assura qu'il allait réprimander Monsieur D. et le menacer de sanctions administratives.  François n'eut plus à subir de violences  de la part de son instituteur.  Heureusement, car notre père l'aurait pris à partie physiquement .  Pourtant, l'auteur de nos jours n'était guère enclin à nous trouver des excuses, lorsque nous récoltions une mauvaise note ou une punition justifiées.  Il avait plutôt tendance à nous punir aussi à la maison...  En tant qu'aîné, ce fut moi qui fus le plus exposé aux foudres paternelles et je reçus plus d'une fois une bonne paire de taloches.  L'impulsivité de mon père se calma par la suite avec ses deux enfants plus jeunes.  Je reçus donc une éducation qui, pour être affectueuse, n'en était pas moins musclée...  Au reste, les enseignants de cette époque s'autorisaient facilement tapes, gifles et fessées et on les aurait bien étonnés si on avait brandi face à leur courroux le grand mot de maltraitance.
      

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