Hé oui ! Il me faut bien avouer un masochisme de mauvais aloi !
Vous savez quoi ? Parfois, le vice me pousse à allumer la télévision le soir vers 19h. Et faute de supporter France 2 et son karaoké bêtifiant, TF1 et sa meute de candidats débiles qui se trémoussent et hurlent leur joie en se dandinant lascivement sur la scène devant une cafetière électrique à dix huit euros et quatre vingt sept centimes, je me résous à regarder Canal +.Parce que mon inclination pour le masochisme ne va pas encore jusqu'à la mutilation...Un joyeuse bande de copains se réunit donc en accueillant leurs invités politiques ou culturels (souvent les mêmes tout au long de l'année)
Font donc partie de la joviale équipe, Michel Denisot, Jean-Michel Aphatie, Ariane Massenet, Ali Baddou, l'intellectuel du cru et Yann Barthès qui présente son petit journal.
Michel Denisot est l'animateur en chef. Journaliste officiel de la bien-pensance et du politiquement correct, il ne faut guère compter sur lui pour railler les puissants ou pour se montrer impertinent vis à vis des pouvoirs politiques ou économiques.
Il n'est pas payé pour se révéler insolent . Excellent dirigeant de football et célèbre vigneron, propriétaire récoltant cet homme de réseau, consensuel en diable parvient, grâce à sa couleur caméléon, à se fondre dans les milieux les plus dangereux et hétéroclites. De gauche avec la gauche, de droite avec la droite, le Denisot ne se fait jamais surprendre. Son agilité est proverbiale et malin sera celui qui parviendra à le prendre en défaut.
Jean-Michel Aphatie.Ah Jean-Michel ! Sa conception du journalisme se résume à élucubrer à partir de confidences ou de lectures de coupures de presse. Aphatie, c'est l'homme qui a écouté l'homme qui a vu l'homme qui a parlé à l'homme qui a entendu grogner l'ours. Et bien entendu, ses ratiocinations fumeuses débouchent invariablement sur des conclusions d'une extrême banalité : on les oublie dans la minute qui suit.On appelle ce genre de journaliste, un analyste politique.Terrifiant !Ne demandez pas à Jean-Mi son sentiment sur la situation dans les banlieues : il vous lira le dernier article du Figaro.
Les deux référents économiques d'Aphatie sont Saint Blair et Saint Trichet. Son obsession : la dette. Son intérêt : la dette. Son programme : éradiquer la dette.Vous me direz que ce n'est pas pour autant, qu'il réduira son train de vie : notre cher Basque veut l'austérité pour le peuple. Pas pour son compte en banque, faut pas déconner quand même !
Ariane Massenet est un cas. Sa marotte du moment est de taper sur Mélenchon en le taxant de populiste, elle ose même la comparaison avec Marine Le Pen ! Bigre !
Cette Mireille Mathieu blonde possède, semble t-il, sa carte de presse. On comprend mieux la lente érosion de ce métier, d'autant qu'elle ne rate jamais une occasion de démolir Internet. Pour résumer son niveau, nous dirions que notre passionnaria est à peu près au journalisme, ce que Groucho Marx est au marxisme.Ali Baddou est le gendre idéal. Beau mec, doté d'une classe naturelle, un peu timide, cultivé, Ali a tout pour plaire. Peut-être lui manque t-il un peu de charisme, de culot, de rentre dedans. Quand il regarde Jean-Michel Aphatie, ses grands yeux écarquillés semblent contempler une œuvre d'art. C'est un peu gênant... Tout chez lui respire la retenue et l'équilibre : raisonnablement de gauche molle, normalement bien élevé, modérément critique, ne comptez pas sur lui pour appeler à la révolution ! Canal +, avec un intellectuel de cet acabit peut dormir tranquille, le grand soir n'est pas pour demain.
Enfin le seul morceau de bravoure de cette émission un peu clinquante reste le petit journal de Yann Barthès. Savoureux, cruel, subtil, des extraits de discours politiques sont notamment juxtaposés, soit pour montrer le recours aux éléments de langages, et de répétition soit pour démontrer les promesses non tenues... Je doute que dans un peu plus d'un an, lors de la campagne électorale, Yann et son équipe puissent encore se permettre de telles insolences.
Vous me direz qu'à côté de TF1 et de FR2, réservoirs à merde télévisuelle dans le créneau 19-20h, Canal a beau jeu de flamber. Il n'en demeure pas moins que le Grand Journal qu'on pourrait comparer à une petite poupée excitante maquillée comme un camion volé, porte encore des crinolines, épluche "Nous Deux" et est encore pucelle...
Au delà des clivages politiques, cette émission, sous des dehors provocateurs artificiels, pue le consensus mou, le politiquement correct, le "Béchamelisme" (Bernard-Henri Lévysme) triomphant, la désastreuse conception de l'Europe de marché, la propagande active de la pensée unique commune aux 2 partis politiques dominants, l'UMP et le PS.
Ne comptez pas sur les participants à cette comédie Bollywoodienne pour contester le système : ils gagnent bien trop de thunes en jouant aux rebelles de pacotille !
Ils ne sont pourtant que des baudruches parées de paillettes...
Une prochaine fois, je vous raconterai les rendez vous du vendredi avec quelques journalistes triés sur le volet, grands observateurs devant l'Éternel de la politique française.
Autant au niveau des invités, que des sujets évoqués, il s'agit d'un spectacle à la fois atterrant et burlesque.
Ami(e)s, à plus tard si vous le voulez bien, après un petit voyage en Égypte ?
rédigé le 6/12/10