Magazine Bd & dessins

De l'apprentissage du dessin 4

Publié le 09 décembre 2010 par Headless

Problème de gestion du format

Ce cas demande un effort de prévisualisation du dessin, donc une certaine habitude liée à la pratique. Bien souvent, il y a une tendance à venir se coller trop près du bord inférieur de la page. Ou encore à commencer son dessin quelque part dans la feuille sans suffisamment  prévoir la place nécessaire à la suite de la figure (exemple : commencer un corps mais ne pas pouvoir placer les pieds qui sortent du format, ou bien contraint par le manque de place "ratatiner" son dessin pour qu'il rentre dans la surface). Il faut arriver peu à peu à "sentir" les limites du format et s'y adapter, en tirer parti pour que ce qu'on y met soit valorisé. C'est de la composition et de la mise en page. La capacité à composer n'est pas évidente. 

Il faut regarder longuement comment les dessinateurs, artistes mettent au point des stratégies d'occupation de l'espace pour s'en nourrir. La copie peut-être un moyen ainsi que la mémoire visuelle. 

Autre défaut (qui traduit souvent un manque de confiance) : dessiner trop petit par rapport au format, ne pas utiliser pleinement l'espace qu'il nous offre. Dessiner trop petit et ne pas pouvoir figurer tous les détails nécessaires par manque de place ou parce que l'outil est trop épais, inadapté. Ou bien l'inverse : commencer trop grand pour pouvoir finir la forme.

On entre alors dans une problématique du cadrage qui rapprocherait le dessin de la photo. Qu'est-ce qu'on montre (choix du sujet, le dessin commence par là)? Comment on le montre (par fragment, en entier, quel cadrage, symétrie assymétrie...)? Pour dire / montrer quoi (choix d'un point de vue : plongée, contre-plongée, frontal, de côté, de dessus...)? C'est en faisant beaucoup de ratés que petit à petit on affine, on corrige pour mieux maîtriser les effets qu'on veut obtenir. Le sens de la composition (ou comment faire interagir les pleins et les vides,les équilibrer, valoriser son sujet dans un espace donné) est une vraie qualité nécessaire au dessinateur (comme au photographe ou au caméraman) que son approche soit celle de l'économie ou de l'excès (tendance à vider ou à remplir, de l'esthétique zen au all-over).

Cela passe, il me semble, par le fait de considérer le format (vertical, à l'italienne, timbre poste ou grand format) comme un outil graphique (au même titre qu'un feutre, un pinceau, un crayon) qui nous permet de traduire une idée, une intention. Tous les paramètres donnent du sens. Rien n'est gratuit.

Il y a alors deux approches, soit classique (par la mise au carreau, le respect de règles de composition tel que le nombre d'or, la structuration par des axes médians, bref une sorte de grille) ou intuitive (comme Basquiat, Twombly, Dubuffet par exemple, qui génèrent des ensembles complexes qui semblent spontanés et aléatoires mais qui trahissent un vrai sens de la composition). C'est un peu comme en musique où certains ont besoin d'une règle (le solfège) et d'autres ont l'oreille ou le sens du rythme (parce qu'ils ressentent non pas intellectuellement mais par le corps). L'oeil aussi finit par ressentir ce qui cloche dans un ensemble, les déséquilibres, les faiblesses de rythmes, d'alternances entre contrastes et zones de repos. 

detail5-copie-1.jpg

Vous pouvez réagir, préciser, enrichir le propos. Je jette ici mes impressions qui sont fragmentaires. A suivre...


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Headless 1774 partages Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines