Magazine Humeur
Le tueur est un poète
Publié le 12 décembre 2010 par Docteurho
J'ai toujours rêvé d'écrire pour raconter ma vie, mais au moment même où je me mettais face à cette page pour rédiger l'histoire de cet homme que j'ai été, que suis et que je serai encore, aucun souvenir ne me paraissait valoir la peine d'être raconté, de telle manière à suggérer un sentiment à celui ou celle qui me lirait un jour ou une nuit, quand il aura acheté mon œuvre par accident, si jamais celle ci est éditée…
Peut être parce que par moments je suis trop convaincu de ma propre inexistence ou de sa futilité pour prétendre intéresser quelqu'un…
Mais voilà, que ce soir, comme par magie, cet enchantement que j'ai toujours attendu pour délier ma prose, s'est déclaré au gré d'une autre cigarette que j'ai allumée, et que j'ai grillée à petites bouffées, dans le creux de ma solitude…
Mon café avait refroidi depuis un bon moment, quand je me suis décidé à prendre mon courage à deux mains et me vider une fois pour toutes…C'est son gout fade, qui m'a interpellé! Un café ça se boit chaud non autrement!
Ce contraste m'a lourdement saisi, et j'ai revu ma vie défiler devant moi, à la vitesse d'une bande d'annonce…des épisodes lourds de sens, chargés de dissemblances qui se relaient dans une folle sarabande, je me revois arraché de mon enfance pour adosser une responsabilité invisible des autres, puis gouter au bonheur pur, pour qu’ensuite, désespéré, mener une vie orgiaque…
Le premier homme que j'ai tué, m'a longuement regardé dans les yeux, il avait un sourire au coin des lèvres et tenait encore ma main sur la poignée de la dague que je lui avais plantée dans le cœur… Il me dit des yeux, ce que sa voix ne put me porter à l'oreille, tant son souffle s'estompait dans sa poitrine que j'avais déchirée!
C'était lui ou moi…
C'était la nature dans toute sa cruauté, mais c'était sans rancune surtout…
Il ne me parut pas m'en vouloir de l'avoir vaincu, et je ne m'en voulais pas non plus de lui avoir ôté la vie! Lorsqu'il raidit et que je sus qu'il avait rendu l'âme, je lui fouillai les poches et c'est là l'erreur que je n'aurais jamais dû faire!
Prompt à l'effroi, ce petit larcin me révéla une vérité que je ne soupçonnai point, un billet qui s'adressait moins à moi qu'à lui même, je découvris l'identité de mon assaillant jugé par contumace qui a longtemps échappé à son destin et qui est venu se livrer et s'offrir en libation sous l'allure d'un duel sans merci, mon adversaire s'est simplement suicidé…