Magazine Humeur

Coup de coeur à l’odeur des mimosas (2)

Publié le 27 décembre 2010 par Docteurho

Coup de coeur à l’odeur des mimosas (2)

Je suis parti, et j’ai vécu un bonheur suave, inouï, celui du voyageur, celui du conquérant, mais aussi des malheurs, ceux de l’étranger, ceux du nostalgique. Il y a dans le jeu de la vie, une marrée qui fait tanguer l’esprit de l’être humain, de telle façon à ce qu’il apprenne à apprécier autant son bonheur et sa douleur, dans la perception évidente qui fait que sans l’un, l’autre est forcément insensé. Je me suis souvenu de mon bonheur, celui que je vivais avec et à travers elle, quand ma nouvelle vie, matérialisée par ma nouvelle amante, s’est refusée à moi en ne daignant me donner son sein. Cela m’a choqué, car, elle, mon amour d’avant, même si, des fois, m’en voulait, ne me refusait jamais les plaisirs de sa douce poitrine qu’elle m’offrait généreusement, quand je me souvenais de mon enfance ou y jouait. Je m’abreuvais, alors, à son nectar et salvateur, et elle s’abreuvait de mon amour, de ma dépendance, de ma faiblesse qui faisait sa force… J’avais envie d’un sein, donc, mais ma nouvelle amante me l’a refusé. Elle m’a privé de sa sève, parce que je n’étais pas son enfant, parce que je n’étais qu’un homme qui l’a foulée, et de ce fait, elle ne me donnait pas droit à cette partie de sa chair. Ce jour là, j’ai pleuré, et plusieurs jours, encore après. J’ai pleuré, tellement longtemps, que tous les vents qui passaient par là, apprirent par cœur ma litanie. Les vents sont des chanteurs, et partout où ils vont, ils ont chanté mes jérémiades. Parce que les vents voyagent. Parce que les vents chantent leurs voyages. Parce que les vents chantent quand ils voyagent. Parce que les vents n’ont pas de patrie. Parce que les vents, me comprenaient. Parce que les vents me connaissaient, et connaissaient celle que je louais dans mes chants endoloris.   Un soir, et pendant que je pleurais, encore, elle m’appela. Je fus surpris, d’abord, qu’elle pût, toujours, penser à moi, se rappeler de moi, puis qu’elle me dise qu’elle m’aimait toujours, comme avant, comme si de rien n’était.   Elle ne m’avait jamais oublié !   Elle me raconta comment elle a su pour mes douleurs, pour mes pleurs, pour mes chants, en oyant les orphéons des alizées. Elle me racontait tout cela en pleurant, et moi à l’écouter je pleurais d’une émotion confuse, faite de joie et de douleur, de joie dans la douleur. Je l’aimais, je l’aime et je l’aimerai ! Je m’en suis rendu compte, assez tard, mais à tout jamais et pour le tout jamais qui allait être la suite de ma vie, et je me suis promis de le lui dire…tous les jours.   Elle me dit de lui revenir, de revenir à cette place qu’elle m’avait gardée, comme je l’avais laissée, dans son cœur et en son sein. Elle m’a dit de lui revenir, car je lui manquais, car elle m’avait pardonné bien avant que je ne l’offense, car comme une évidence, elle savait toujours que j’allais partir, mais que je lui retournerai.   Je pris la route, donc, le soir même, et pendant que le train, qui m’emportait vers elle, avalait les kilomètres, je pensais à tout ce que j’allais lui dire. Je répétais de belles phrases, que j’avais cousues à la hâte, mais du fil blanc de l’amour, pour me faire fort à sa rencontre et ne pas devoir improviser mes mots, comme un garçonnet qui déclare la flamme à sa camarade de classe. J’ai compté les minutes, puis les heures, et à chaque gare que le train dépassait, je la sentais plus proche, toute proche. Je me culbutais dans mon impatience, comme se débat le poisson hors de l’eau, je brûlais de tous mes feux, je n’en pouvais plus d’attendre et de supporter la douleur d’une plaie qui allait, bientôt être pansée…   …Et puis au détour d’un ultime virage, par delà la forêt de liège, je la vis…J’aperçus ses lumières qui dansaient sous un lait de lumière, et mon cœur battit, alors, si fort que je n’entendais plus que son écho dans le creux de mon être avachi par l’émotion…   Elle était là, à m’attendre, portant une robe différente que celle du jour de mon départ, mais toujours aussi scintillante, de ce même éclat sous l’or de l’aube. Elle me sourit, je pleurai, elle me prit dans ses bras, et je mis un genou à terre…Elle sentait l’odeur des mimosas…Je lui suis revenu, j’avais retrouvé mon amour. Je suis, enfin, revenu à ma belle. Ma belle qui s’appelle… Kénitra…

Retour à La Une de Logo Paperblog

Magazine