DANS LE FIGARO : TRIBUNE SIGNÉE FLORENCE AUBENAS
Un an déjà, qu’avez-vous fait ?
Le 29 décembre prochain, il y aura un an que les deux journalistes de
France 3 Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier et leurs trois
accompagnateurs ont été enlevés lors d’un reportage en Afghanistan. Un
an ! À l’occasion de ce douloureux anniversaire, le comité de soutien
interpelle solennellement les autorités françaises et pose cette
question : « Un an déjà, qu’avez-vous fait ? »
Les dernières informations communiquées à la fin de novembre par le
président de la République et le ministre de la Défense n’ont guère été
rassurantes. Certes, le gouvernement Français affirme avoir obtenu que
le président afghan Hamid Karzai entre désormais dans les négociations,
mais il n’y a pas eu de nouvelles preuves de vie des deux journalistes
et leurs accompagnateurs depuis l’été. Depuis un an, en outre, les
autorités françaises n’ont cessé de répéter que les négociations
avançaient, mais force est de constater que la libération de nos amis
n’a pas eu lieu :
Manque t-il dans cette affaire des intermédiaires crédibles ? Fait-on preuve d’une volonté suffisante ?
Au moment où le président de la République défend et justifie fermement
la présence française en Afghanistan contribuant à restaurer ainsi la
paix dans ce pays, la France doit tout mettre en œuvre pour libérer
Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier. Rappelons que ces deux
journalistes expérimentés ont été enlevés alors qu’ils exerçaient leur
métier, dans une zone de guerre où notre pays est impliqué, pour le
compte et à la demande d’une chaîne de télévision publique. Leur
situation d’otages est une insulte aux valeurs de la République : ce
sont des acteurs de la liberté de l’information et donc de la démocratie
qui sont détenus depuis un an.
L’opinion publique se manifeste largement dans ce sens, c’est pourquoi
le comité tient à déposer 80 000 signatures de pétitions auprès du
chef de l’état le 23 décembre.
Sites :
Libérez-les, Comité de soutien
Un an déjà. Un an que nos confrères Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier sont détenus en Afghanistan. De très nombreuses manifestations, rassemblements et concerts de soutien et de solidarité sont organisés aujourd'hui dans toute la France (1). Hier, les parents de Stéphane Taponier sont pour la première fois sortis de leur silence dans une interview à l'Agence France-Presse. C'était juste avant de visionner une nouvelle vidéo de leur fils, datée du 11 novembre, où les deux journalistes de France 3 apparaissent amaigris mais en bonne santé. Des parents évidemment très las de la situation, et qui ont décidé de parler pour faire pression sur le gouvernement. Selon eux, le maximum n'a pas été fait depuis le début pour favoriser leur libération. « C'est parti doucement, doucement..., estime Gérard Taponier. Il a fallu quatre-cinq mois pour que ça commence à bouger. » Ils font aussi état de leur réel agacement face aux propos de certains membres du gouvernement, qui depuis six mois ne font que répéter à l'envi que « les négociations avancent »... Un agacement qui fait écho à celui de Florence Aubenas, marraine du comité de soutien aux otages, dans une tribune parue hier dans Le Figaro. « Manque t-il dans cette affaire des intermédiaires crédibles ? Fait-on preuve d’une volonté suffisante ? » interroge notamment l'ancienne journaliste de Libération, qui fut détenue pendant plus de cinq mois en Irak en 2005. Le message est on ne peut plus clair...
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(1) A Paris, Montpellier, Marseille, Strasbourg, Chambéry... La liste complète sur liberezles.net.