Pow! Kapow! Kapowow! Pow! Pow! Voici un titre percutant digne de l’amère déception que j’ai ressentie en écoutant Sex and the City 2 la semaine dernière. J’ai été consternée en écoutant le deuxième film inspiré de la télésérie Sex and the City. Et je tiens à préciser que, mis à part le titre de ce blogue (dans lequel j’ai d’ailleurs malencontreusement échangé le «and» pour un «in», Dieu me pardonne cette erreur de pop culture), aucune ressemblance ne rapproche mes valeurs des convictions superficielles de Miss Bradshaw. Tout au long du film on tente de nous faire croire que ces quatre acolytes ont des valeurs de femmes libérées et ouvertes. Mais il n’y a pas la moindre profondeur. Je dirais même que l’insignifiance et l’ignorance du propos frôle l’obscène. Dès que les lèvres de la charmante Carrie osent effleurer celles d’un autre homme que son Big, c’est le drame, la consternation, la culpabilité! Comment ai-je pu!? Je dois tout lui avouer tout de suite! Et lui de réagir de la façon la plus conventionnelle qui soit, en jouant les hommes outrés, la lui raccrochant presque au nez, quittant l’appartement et la laissant pâtir toute une journée avant d’y revenir. Puis, pour la punir, il la force à porter à l’annulaire gauche un énorme diamant noir (pour sa personnalité «unique») et à promettre qu’elle n’embrassera plus jamais un autre homme que lui!
La pauvre Charlotte en mère de famille éplorée, qui, malgré sa nounou à temps plein et son statut de maman à la maison, souffre d’épuisement face à la montagne insurmontable d’avoir deux enfants. J’ai pensé à mes amies, qui concilient travaille famille, sans nounou et qui continuent d’affronter leurs tâches avec courage et bonne humeur et j’ai eu envie de cracher dans la télé! Puis, pour régler le problème de la nounou trop sexy, on se contente de la transformer en lesbienne à la fin du film! Bravo! La maman conventionnelle, qui a passé tout le film à se faire du mouron parce que la nounou ne portais pas de soutien-gorge, est soudain soulagée de tous ses tourments parce qu’elle découvre que sa précieuse aidante ne mange pas de ce pain là!
Et que dire de la vision simpliste du moyen orient. On nous dépeint un portrait à deux dimensions des relations hommes/femmes et de l’oppression de l’extrémisme religieux. Je suis loin d’être une spécialiste du moyen orient, mais j’ai failli vomir à la fin du film, lorsqu’on découvre que les femmes voilées cachent sous leurs hijab des vêtements griffés. Ça n’est pas l’idée qu’elles puissent affectionner la mode que je ne peux pas supporter. C’est que Carrie et ses amies soient soulagées parce que des valeurs américaines de consommation se cachent derrière les voilent. Pas besoin de s’en faire pour les femmes musulmanes, elles portent des vêtements griffés, elles sont donc heureuses! Nul besoin de les connaître mieux, elles sont comme nous!
Pas la moindre remise en question sur la fidélité érigée en valeur absolue du mariage ou de l’amour.
À aucun moment, on tente de tendre l’oreille à la vie intime des femmes musulmanes, à leur quotidien. Elles demeurent un groupe anonyme qui ne sert qu’à conforter les américaines dans leurs propres valeurs.
J’ai trouvé le film convenu. Les idées arriérées. Et j’ai failli mourir de rire chaque fois que j’ai entendu les amoureux de Carrie lui dire qu’elle était une femme unique et différente. Unique? Une femme qui érige la fidélité en absolu? Une femme pour qui la seule question devant une femme voilée est : comment arrivera-t-elle a manger ses «french fries»? Une femme qui étouffe un cri de consternation lorsque son mari lui demande «two days off»? Une femme pour qui le «sparkling» se résume à aller manger au restaurant avec son homme en toxédo dans une voiture avec chauffeur? Une femme pour qui être libérée c’est pouvoir porter des vêtements griffés?
Le seul personnage qui arrive à donner une légère substance au film est celui de Miranda. Le seul qui se rapproche d’une vraie femme, avec des réflexions qui vont au-delà des idées convenues.
Non, Carrie Bradshaw n’est pas une femme libérée. Tant qu’elle suivra les conventions jusque dans ses tentatives de rébellion, tant qu’elle réfléchira en fonction des autres, elle ne le sera jamais.