Une étude linguistique dont l'Express avait parlée alors qu'il n'était que Ministre, nous le disait déjà. En effet, Sarkozy utilise un lexique limité à 1500 mots comme le leader du parti d'extrême droite (je vous laisse faire le rapprochement) contre 9500 mots pour le maire de Bordeaux !
AFP - 06/01/2011 à 18:06
Le chef de l'Etat, mauvais élève en français ?
Nicolas Sarkozy parle-t-il mal français ? Un député PS lui met un zéro pointé, ses partisans vantent ses talents d'orateur. Les linguistes, eux, sont partagés sur les qualités et les défauts du "parler" du chef de l'Etat.
Le chef de l'Etat "maltraite" la langue française, allant jusqu'à employer des "formulations vulgaires", estime le député PS François Loncle, qui a fait part de ses griefs au ministre de l'Education nationale Luc Chatel... et lui a demandé de "prendre toutes les dispositions nécessaires pour permettre au président de la République de s'exprimer au niveau de dignité et de correction qu'exige sa fonction".
Nicolas Sarkozy "parle clair et vrai, refusant un style amphigourique (alambiqué et incompréhensible, ndlr) et les circonvolutions syntaxiques qui perdent l'auditeur et le citoyen", lui a rétorqué M. Chatel.
Pour le secrétaire général de l'UMP Jean-François Copé, le chef de l'Etat est l'un "des meilleurs orateurs politiques". "Il s'exprime plutôt bien".
Plusieurs linguistes se sont penchés avec délectation sur la langue du président qui tranche avec celle de ses prédécesseurs.
Parmi eux, Jean Calvet et Jean Véronis, qui ont publié en 2008 "Les mots de Nicolas Sarkozy" (Seuil). Leur diagnostic est sans appel : le président de la République, dont le "Casse-toi, pauvre con" a marqué les esprits, parle mal.
Il fait des fautes de français, quand il dit "Je remercie à chacun..." ou "Le Premier ministre, il a dit..." ou même des barbarismes comme "fatitude" en lieu et place de "fatuité".
Il n'est pas le seul. La "bravitude" de Ségolène Royal, depuis la muraille de Chine, avait fait couler beaucoup d'encre.
La sémiologue Mariette Darrigrand voit dans le langage du président Sarkozy "le symptôme de l'évolution d'une société et donc de la langue qui en découle".
Le linguiste et lexicographe Alain Rey pointe avec sévérité "la médiocrité rhétorique du chef de l'Etat".
"Quand ses discours sont écrits par d'autres, c'est un excellent comédien et il parle plutôt bien...", dit-il à l'AFP. "Quand il improvise, il a la volonté de faire peuple. Il fait alors spontanément beaucoup de fautes de français, de grammaire et de syntaxe. Nous en faisons tous à l'oral, mais il a un manque criant de culture classique".
Par rapport à ses prédécesseurs ? Sans parler du général de Gaulle ou de Mitterrand, qui étaient aussi des écrivains, "Jacques Chirac s'exprimait avec des mots simples, mais sans faute de français", relève M. Rey.
"Sarkozy, lui, n'attache pas d'importance à la qualité de la langue. Il veut emporter la conviction, mais n'emploie pas les bons outils", estime-t-il.
Pour l'écrivain et académicien Jean-Marie Rouart, "attaquer Sarkozy sur sa langue est un mauvais procès". "Je l'ai interviewé deux fois et il s'exprime bien", raconte-t-il à l'AFP. "Il était très sûr de ses mots. Il a une parfaite maîtrise de la langue. Cela m'a impressionné (...) Je ne dis pas non plus que c'est Chateaubriand".
"C'est autre chose quand il a des emportements, il peut être grossier", poursuit-il.
"Le +parler populaire+, ce n'est pas du mauvais français, ni du mauvais usage. Ce n'est pas non plus du populisme".
"Et quand vous vous exprimez beaucoup, vous faites forcément des fautes", ajoute Jean-Marie Rouart. "On peut l'attaquer sur le fond, mais pas sur la forme", conclut-il.
avait consacré une émission au "parler mal" du président de la République avec un montagev idéo reprenant quelques unes des fautes de langage qui valent aujourd'hui à M. Sarkozy cette polémique.