Le 1er janvier j’ai fêté un anniversaire, celui de ma dernière cigarette il y a maintenant 8 ans.
8 ans que je ne suis plus fumeuse.
La clope j’ai commencé à y goûter vers 14/15 ans. Mes parents avaient l’air d’apprécier alors pourquoi pas moi! Au départ il s’agissait d’une cigarette volée dans un paquet de ci de là. Puis petit à petit j’en ai moi même acheté. Les 20 étaient alors à moins de 10 francs. Oh my god je peux chanter la chanson de Charles…
Je séchais la cantine le midi pour aller faire la pétasse au café. J’étais une grande et c’était cool de fumer.
La clope m’a accompagnée 10 ans.
Copine de joie, de doute, de peur, de bonheur.
Une pause? Une récompense? Une motivation? Un coupe faim? Tout était bon.
Ne plus marcher seule, ne plus attendre seule…
Premier geste et dernier geste.
J’étais une fumeuse excessive. La loi du tout ou rien. Impossible de diminuer juste arrêter. La même attitude qu’avec la nourriture…avant. Manger avec excès ou me priver pas de juste milieu. Sur 20 cigarettes impossible de connaitre les indispensables, pas envie non plus de les rechercher.
Et puis un jour j’ai réalisé que ca faisait 10 ans que je fumais un paquet.
Je me suis lancé le pari fou d’arrêter le 1er janvier 2003.
A distance j’en rigolais, je frimais.. Et puis les jours passaient je flippais. Pourquoi le faire finalement? Pourquoi reculer?
Le 31 décembre 2002, je me suis acheté deux paquets et un troisième. Je souhaitais arrêter avec un paquet au cas où. Je voulais ne plus fumer par choix et non par manque…
Toute la soirée et la nuit j’ai fumé, inhalé, jusqu’au dégout. Je me souviens encore de la dernière au petit matin, les invités étant tous partis, elle n’avait de précieux que l’éphemère.
Puis je me suis couchée.
Je me suis réveillée en sevrage.
Plus de clope après le petit dej’, plus avec le café, plus devant l’ordi, plus pour un trajet, plus au téléphone, plus au resto…
J’ai mis des patchs comme soutien.
Je me souviens avoir lutté… Les premiers jours ont été très durs… Je devais me battre avec moi même. J’étais devenue ma pire ennemie. Qui m’empêchait de reprendre? Moi.. Qui voulait arrêter? Moi.. Qui était prête à tuer pour une simple bouffée? Moi encore.. Une douce schizophrénie s’est emparée de moi…
Je me souviens avoir tapé un mur pour faire taire cette douleur et ce combat interne…
J’ai pleuré..
Je me suis sentie nue, sans plus aucune barrière, sonnée par cette séparation radicale. Je rigolais plus fort mais pleurais plus intensément aussi… Mes nuits étaient peuplées de rêves enfumés, je me réveillais en sursaut en ayant eu peur d’avoir craqué…
Les secondes, les minutes, les heures de petites victoires mises bout à bout.
Tout réapprendre.
Changer de bande, jalouser la complicité des fumeurs et envier leur bonheur…
Et puis la fierté.
Depuis ce 1er janvier 2003, je n’ai jamais plus retouché à une cigarette, j’ai trop galéré pour recommencer…
Je suis allée ouvrir ce placard, cette boite rouge, il était là intact symbole de cette grande victoire sur moi même!