Il traverse la planète avec sa famille le temps de quelques semaines de vacances. Voilà un an bientôt que nous ne nous sommes vus, et pas de nouvelles retrouvailles à l’horizon avant très longtemps. Je n’ai eu connaissance de son projet qu’assez tardivement, en même temps qu’il me demandait un service et que j’ai découvert que je ne pourrais les voir, lui et sa famille, qu’une après-midi, au milieu de cinquante personnes, et à condition de faire quatre cents kilomètres et retour en trente-six heures.
J’avais des projets précis – payés d’avance et non remboursables…- pour cette fameuse après-midi. Mon premier mouvement avait donc été de ne pas me rendre à ce rendez-vous.
Sous la pression, j’ai fait une croix sur mes projets et rendu les armes, avec d’abord beaucoup de colère au cœur.
Puis de chagrin.
S’imagine-t-il donc que j’aie si peu d’affection pour eux que les voir en coup de vent puisse me suffire ?
Venir jusque chez nous n’a jamais été une condition nécessaire à mes yeux. Il aurait juste fallu se donner un peu de temps pour trouver où et comment se retrouver vraiment.
J’espère en tout cas parvenir à fermer ma grande bouche, car sous le coup du chagrin, la colère pourrait reprendre le dessus.
Et alors là…
Donc je fermerai ma grande bouche !