Magazine Journal intime

To Collapse

Publié le 18 janvier 2011 par Sexinthecountry2

Le désir de violer l’intimité d’autrui est une forme immémoriale de l’agressivité -Kundera-

C’était avant de te quitter. Pliée en deux sur le fauteuil. Les larmes me vidaient.

Mes mains écrasant ma gorge, j’essayais de tuer le cri.

Le cri n’était pas un son. C’était un acte de l’âme qui explose et s’effondre. Je voyais trop loin en «moi» qui n’avait pas de fin. Je ne reconnaissais plus rien.

Il y avait eu, jadis, un jardin. Grand. Des arbres y étiraient leurs branches. L’ombre vivante était partout. Elle me protégeait.

J’avais installé des bancs, sous les feuillus, où je m’asseyais pour être seule. Près de la clôture du côté ouest, il y avait une crique. Je m’y baignais nue. L’eau sur mes seins, mon ventre et mon sexe. Et le soleil ensuite. Mes pores nourris de plénitude. Mon âme transcendée par le désir. 

Autour des sentiers, de petits potagers poussaient sous les percées de lumière pour que, partout, je puisse tendre la main et manger les fruits. J’avais planté des pois de senteur pour leur odeur lourde qui prend le corps entier. Des sensitives aussi, ces surprenantes fleurs asiatiques qui se referment d’un coup dès qu’on les effleure du doigt. Des fleurs, comme des hérissons, qui ont peur.

Hurlante, j’avais glissé sur le bois franc. Mes ongles faisant saigner ma chair. Pour oublier la souffrance du cœur.

Du plancher du salon, je m’étais traînée jusqu’au-dessus de la cuvette de toilette où j’avais vomi. J’essayais de respirer, mais l’air se frappait contre un mur. Je ne trouvais plus le sens. Je ne savais pas par où sortir de «moi» détruit. 

Les bombes étaient tombées dans mon pays et rien n’était resté debout. Perdue. Dépossédée. J’avais cherché ma maison. J’avais compris que j’étais chez moi en voyant mon chien mort, son ventre blanc en l’air, avec les mouches qui lui mangeaient les yeux. Il n’y avait plus de banc où s’assoir. Plus d’arbres. Que de la terre retournée par la violence. Que des morceaux de métal rouge qui avaient, un jour, été un toit. Les charognards tournaient dans le ciel en attendant leur part.

De vivant, il ne restait plus rien.

Que moi. Nue.



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