Avant-hier, nous avons quitté Lyon pour Paris où nous allions préparer nos valises pour la Turquie et je me suis sentie soulagée. Honteuse bien sûr d'être soulagée. Mais soulagée.
Il s’est passé quelque chose de tragique mais je vais m’en éloigner, je vais m’en détacher, je vais retrouver mon existence qui a un sens, loin des déchirements du passé, je vais me relever doucement après que moi et ceux que j'aime se soient faits rouer de coups, je vais continuer d'avancer.
En même temps, j'ai eu l’impression que l’on m’ôtait un membre sans anesthésie, on m’arrachait le cœur. Les paysages glissaient le long de l’autoroute et je me retenais de pleurer. Ne pleure pas ou les choses seront pires qu’elles ne le sont : elles seront visibles par tous.
Ce matin, pour la première fois depuis cinq ans, j’ai dit au revoir à mon fils pour une semaine entière. Nous n’avons pas pleuré, tout s’est passé dans la joie mais je sais que la semaine sera longue sans lui. Dans l’avion, les sensations se sont mélangées. Le départ déchirant de Lyon, et la séparation avec Zacharie.
Au milieu des nuages, une boule d’angoisse : moi.
Illustration : Aron Wiesenfeld