Pendant 3 ans, de 2003 à 2006, j’ai dépensé beaucoup de temps et d’énergie à développer le ’Rayong Bakery Project’ en Thaïlande où je vivais. Il m’avait été confié par sa fondatrice, et pour ma part, à mon départ en Argentine, j’avais trouvé quelqu’un pour me succéder. Et puis, plus de nouvelles. Je croyais que le projet n’existait plus, faute d’une expatriée pour s’en occuper.
Et la semaine dernière, voilà que j’apprends que non seulement le projet est toujours bien vivant, mais que désormais il a même un site internet : Rayong Bakery Project
A l’origine du projet, il y a une éducatrice et professeur de cuisine dans une maison de redressement pour jeunes filles de Rayong. En 2001 elle contacte le Pattaya International Ladies Club à la recherche d’un peu d‘argent pour renouveler son matériel. La chance a voulu que le PILC, grâce aux compétences disponibles parmi ses membres d’alors, décide non seulement de leur donner l’argent demandé, mais aussi de monter avec ce professeur un projet pour apprendre la pâtisserie à l’occidentale aux jeunes filles et vendre les produits aux expatriés occidentaux nombreux dans cette région voisine des zones industrielles de Leam Cha Bang et Map Tha Put. Les bénéfices seront utilisés pour améliorer les lieux de vie qui sont dans un état déplorable et constituer un pécule à chaque jeune fille pour sa sortie.
Les débuts sont laborieux, la langue, la pauvreté et le manque d’éducation représentent un défi énorme. Les jeunes filles n’ont par exemple aucune notion d’hygiène ni de poids et mesures. Au bout de deux ans, à force de patience et de travail, les fondations sont malgré tout consolidées : les jeunes filles sont désormais capables de reproduire une recette et de former elles-mêmes les nouvelles venues.
C’est à ce moment que le projet m’est confié par le Pattaya International Ladies Club et le Rayong Ladies Circle. En 3 ans, nous passons de 10 à 30 produits disponibles et les ventes explosent grâce à la mise en place d’un système de paniers hebdomadaires que j’introduis. En effet, l’un des défis de ce projet est de faire se rencontrer l’offre et la demande car les jeunes filles sont en prison. D’où la nécessité de s’appuyer sur quelques expatrié(e)s pour faire le lien.
Dans le même temps, les pécules de sortie s’arrondissent sensiblement, des travaux sont entrepris dans les sanitaires alors indécents. Les jeunes filles rencontrent aussi régulièrement des professionnels de santé rémunérés sur les bénéfices, car grossesses non désirées et SIDA sont deux défis majeurs parmi la population défavorisée du Royaume de Siam.
Je m’efforce aussi de mettre en place des procédures et une armature qui facilitent la transmission du projet à de nouvelles bonnes volontés, car je sais qu’un jour je quitterai la Thaïlande, tout comme celles qui prendront ma suite. Le fait qu’il soit toujours vivant aujourd’hui est en quelque sorte la preuve que j’ai réussi, c’est extrêmement gratifiant.
Pendant ces 3 années, j’ai certes beaucoup donné de moi-même, mais ce n’est rien en comparaison de ce que j’ai reçu en échange de ces jeunes ‘criminelles’. J’ai toujours été frappée de la manière dont elles me regardaient : elles n’enviaient pas mes ‘beaux’ vêtements ni mon mode de vie. Mais dans leurs yeux je pouvais lire leur attente : ‘tu es là avec du temps, des idées, des compétences, et nous on est prêtes à tout absorber comme des éponges’. J’en ai vu se révéler à elles-mêmes comme meneuses et organisatrices.
Je suis convaincue que le projet est transposable à l’infini, dans les pays en voie de développement comme dans le premier monde comme disent les Argentins. Si vous voulez des détails pour monter votre propre projet caritatif inspiré du Rayong Bakery Project, laissez-moi un message !