Magazine Journal intime

Jean-Noel Lewandowski

Publié le 21 janvier 2008 par Elisabeth Robert

CouvunhommedetrooRetrouvez cet interview sur le blog des éditions Pietra Liuzzo.

Jean-Noël Lewandowski est né le 23 décembre 1947 à Floringhem, dans le Pas-de-Calais.

Région à laquelle il reste profondément attaché, comme en témoignent notamment trois de ses romans, «

La Passée

», « L’épicière de Gherminfol » et « Un été à Meadows ».

Il vit depuis 1993 dans le Loir-et-Cher où il a occupé jusqu’en 2007 un emploi dans l’administration publique. Là, cet ancien des Beaux-Arts et du Conservatoire national de Musique de Douai, se découvre une autre passion : l’écriture.

Depuis 1999, il a écrit et publié douze ouvrages, dont un recueil de poèmes et de nouvelles.

-Comment vous êtes-vous mis à l'écriture ? Le vécu, l’imaginaire ?

Je me suis mis à l’écriture avec un grand "É" d’une façon fortuite. Je veux dire que jusqu’à ce que je puisse le faire sérieusement, je n’avais jamais eu suffisamment de temps pour concrétiser cette envie qui me taquinait depuis ma plus tendre enfance, en réalité, depuis mes premières années d’école.

J’ai eu la chance d’avoir une mère institutrice et de ce fait, à quatre ans, je savais lire et écrire.

J’ai commencé comme beaucoup par des poèmes, puis, en raison de mon éloignement du milieu familial, aux alentours de mes dix-huit ans, j’ai entretenu des correspondances de plus en plus élaborées sur les évènements du monde, en gros de la fin de la guerre d’Algérie à mai 1968. Ces lettres me procuraient beaucoup de plaisir tant par leur écriture par le retour que j’en avais.

Mes premiers textes imaginés sont arrivés beaucoup plus tard, avec la maturité.

-Qu’est-ce qui vous a poussé à coucher des histoires sur le papier ?

C’est ici qu’entre en jeu l’aspect fortuit que j’évoque plus haut. En 1997, le temps qui m’avait jusqu’alors tellement manqué m’a été accidentellement donné. Trois longues années de repos forcé que j’ai mis à profit pour coucher sur le papier "Le" livre déjà presque écrit dans ma tête.

Il m’a fallu deux ans pour rédiger les neuf cents premières pages de la saga Kreatera, laquelle, dans sa version finale comprend trois volumes sortis chez Ixcéa.

-Avant d’être publié, diriez-vous que vous avez vécu un réel parcours du combattant ?

J’ai eu la chance de rencontrer assez tôt dans mes démarches un éditeur, Xavier Tacchella à qui j’ai soumis le manuscrit de Kreatera.

En même temps que je travaillais sur cette saga, et afin de prendre du recul par rapport à l’histoire, j’ai entrepris l’écriture d’un tout petit roman de 80 pages «

La Passée

» que j’ai envoyé à un autre éditeur à compte d’auteur. Ce livre fut suivi de « L’épicière de Gherminfol » et de « Les ans volés » toujours à compte d’auteur, passage presque obligé pour qui veut voir ses écrits matérialisés.

Par la suite, Xavier Tacchella, m’a proposé un contrat d’édition participatif pour Kreatera et trois autres ouvrages.

Naturellement, avant de passer à l’acte la première fois, j’avais démarché des dizaines de maisons d’édition plus ou moins sérieuses.

-Quelle est votre méthode de travail ? Vous préparez un plan, des fiches avec les personnages, savez-vous toujours où vous allez ? Le temps que vous consacrez à écrire ?

Je travaille quand l’inspiration est là. J’ai une idée générale.

J’écris un rapide synopsis et rédige quelques fiches que je complète au fur et à mesure que mes personnages se découvrent. Souvent, ce sont eux qui me soufflent ce que je dois faire.

« Je les suis suffisamment de près pour entendre les battements de leur cœur et les murmures de leur âme. »

Je revendique au passage la paternité de cette formule même si elle a été reprise par d’autres, ce qui prouve qu’ils l’ont trouvée bonne.

L’écriture est devenue mon activité principale depuis que je me suis retiré de la vie professionnelle en 2004. Les salons, les dédicaces, les rencontres entre auteurs sont autant d’activités corollaires qui m’occupent désormais.

-Comment vos proches vivent le fait d’avoir un auteur comme parent, ami ?

Vivre avec auteur, c’est accepter ses absences, ses réponses lointaines, sa déconnexion d’avec la réalité, ses départs immobiles, comme je le dis dans « Les ans volés ».

Lorsque je suis avec mes personnages, sur telle ou telle scène, dans telle ou telle situation, les évènements extérieurs n’ont plus aucune prise sur moi et il me faut du temps pour me connecter à nouveau au quotidien et à ses contraintes.

Combien de fois ai-je entendu des personnes de mon entourage dire : « Mais si, je te l’ai dit hier… Tu ne m’écoutais pas, tu étais ailleurs, bien sûr… »

Je ne dois pas être seul dans ce cas, je crois... (sourires)

-Lorsque vous écrivez, faites-vous relire à des proches au fur et à mesure? Est-ce que leurs réactions, réflexions peuvent vous amener à modifier le cours de votre développement?

La relecture par des proches n’est pas systématique. Leur avis ou leurs critiques manquent obligatoirement d’objectivité, ce qui est bien normal. C’est la raison pour laquelle je fais relire et parfois corriger par des amis eux-mêmes auteurs, mais seulement quand le bouquin est terminé. Il m’est arrivé de tenir compte de leurs conseils pour donner une orientation différente à telle ou telle scène. Ainsi, j’ai dû réécrire l’épilogue du roman « Le destin de Nora » que l’éditeur Xavier Tacchella trouvait trop dramatique.

-Croyez-vous un jour pouvoir vivre de vos écrits ?

Je ne pense pas. Peu d’auteurs, de toute façon, parviennent à vivre de leur plume. Écrire reste donc pour moi un plaisir.

-Que pensez-vous de la publication en ligne ?

C’est dans l’air du temps… Beaucoup y viennent. Cette formule m’a tentée un moment, mais elle ne remplacera jamais le bon livre papier, que l’on possède, que l’on feuillette. Un livre est un objet pas comme les autres… Le livre est un ami qui ne vous quitte pas.

-Que pensez-vous des séances de dédicaces ?

D’une façon générale, le public s’imagine qu’un auteur est un être inaccessible. Il est intimidé par le mot « écrivain » ou « auteur ». Les séances de dédicaces donnent alors à l’auteur l’occasion d’aller à la rencontre du lecteur, et d’engager avec lui un dialogue afin de lui démontrer qu’il est un homme ou une femme comme les autres.

-Trouvez-vous encore le temps de lire?

Je ne sais plus qui a dit « Écrire, c’est lire deux fois ». De toute façon, j’évite de lire lorsque je suis plongé dans l’écriture d’un manuscrit. J’ai peur que ma lecture n’influe sur mon travail. J’essaie donc de combler le retard aux périodes de vacances.

-Quels sont les auteurs que vous admirez ? Votre livre de chevet ?

En dehors des grands classiques français, dont émerge Zola, j’aime la littérature américaine. John Steinbeck, Pearl Buck, Ernest Hemingway, Isaac Asimov, Stephen King font ployer dangereusement les étagères de ma bibliothèque.

Je n’ai pas de livre sur mon chevet pour les raisons évoquées plus haut. En revanche, le livre qui sort le plus souvent des rayonnages n’est pas un roman, mais un ouvrage hors norme et passionnant sur le métier de l’écriture, intitulé « Mémoires d’un métier - Écriture » de cet immense écrivain qu’est Stephen King.

-Côté musique, avez-vous une tendance particulière ?

Parmi les classiques, j’aime les symphonies de Berlioz, de Wagner, de Beethoven et d’Anton Dvorak, mais aussi les opéras italiens, avec une préférence pour

la Norma

de Vincenzo Bellini. J’apprécie aussi les textes de Ferré, Brel, Cabrel, servis par des mélodies de qualité, et j’aime également la musique noire américaine.

-Si vous n’aviez pas pu être édité, auriez-vous continué à écrire malgré tout ?

Je ne sais pas. Peut-être me serais-je tourné vers une autre forme d’expression, la musique ou la peinture que j’ai délaissée au profit de l’écriture.

-Pouvez-vous nous parler de votre dernier ouvrage ? Votre actualité ?

Mon dernier ouvrage, « Les trésors d’Aiguevives », est à paraître chez Pietra Liuzzo Edition au cours du premier semestre de cette année. Cette fois, je mets en scène une jeune femme un peu perdue qui décide d’aller à la rencontre de son destin. Les apparences sont souvent trompeuses et les gens qu’elle croise réservent parfois bien des surprises. J’ai pris pour cadre la région Centre que j’habite depuis 1993 et que j’aime beaucoup. L’héroïne nous fait voyager de Bourges (18) à Amboise (37) en passant par Montrichard (41)

-Avez-vous des retours de lecteurs ?

Sur mon site d’auteur, http://www.jean-noel-lewandowski.fr, des lecteurs laissent parfois des commentaires sur mes romans. J’ai la chance d’avoir des lecteurs fidèles qui se procurent systématiquement mes romans et qui me disent attendre avec impatience le suivant. « Les trésors d’Aiguevives » sera mon onzième roman paru.

Le douzième est en cours d’écriture.

-Question finale : qu’est-ce que cela vous a apporté de voir votre livre exister ?

D’abord, une immense joie, comme à l’annonce d’une naissance, puis des craintes au moment de le feuilleter… A-t-on laissé passer une faute, n’y a-t-il pas de malfaçons, de coquilles ? Ces émotions reviennent à chaque parution.

Puis un curieux sentiment, celui de voir partir une chose que l’on a aimée, que l’on a créée, sur laquelle on a souffert, parfois.

Écrire, c’est un peu comme accoucher, bien que ce mot soit un peu fort. Une fois le livre publié, il ne nous appartient plus, il appartient au lecteur. Ce que l’on souhaite alors, c’est qu’il l’aime et l’adopte.

Site de l'auteur:

http://www.jean-noel-lewandowski.fr

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