Magazine Journal intime

Cri, Charles Bronson et armoire normande.

Publié le 20 janvier 2011 par Kevinades

   Les nouvelles aventures de Kevin. Attention, aujourd’hui, pas de blague, pas de référence geek. Aujourd'hui, suivant la mode actuelle, je m'indigne et je pousse un cri. Un cri du genre Rhooaaa, mais en plus aigu !

   Il y a certains gamins, dans nos classes, dont on apprend très vite à connaître la famille. Les parents d’un enfant qui n’hésite pas à exploiter pleinement et régulièrement son P.K (Potentiel Kevin) ont ainsi toutes les chances de devenir des habitués de ma salle de classe.

   Bien que théoriquement archaïque, le schéma est pratiquement toujours le même : échange de mots avec la maman ; rencontre avec la maman, et si vraiment ça va mal on finit parfois par voir le papa. Bon, c’est peut-être de moins en moins vrai, mais c’est parfois difficile de voir les papas. Heureusement, le nombre exponentiel de familles monoparentales nous simplifie la tâche : on sait tout de suite à qui s’adresser ! Alors merci à vous, les familles monoparentales. Prenez-en de la graine les couples !   

   Ainsi, lors d'une année pas si lointaine, ai-je eu un certain nombre d’entretiens avec la mère d’un élève. Dans un souci de confidentialité bien naturel, appelons-le Kevin. La scolarité de son fils est plus que compliquée, mais il fait des efforts. Lui, c’est un vrai gentil : serviable, sage, poli et sympathique mais en permanence soumis à de petits soucis de connexion neuronale. Genre vous passez sous un tunnel avec votre portable… Ben pour lui, c’est la vie qui est un looonnnnng tunnel. C’est cruel, ça fout les boules, mais ça existe.

   Après plusieurs entretiens et un constat commun d’échec, observant qu’il ne donne pas tout ce qu’il a malgré sa bonne volonté, nous concluons que si tout le monde ne se retrousse pas très vite les manches, la situation va devenir extrêmement préoccupante. L’idée d’un redoublement est également évoquée même si maman Kevin me confie qu’ils vont bientôt déménager et qu’il va changer d’école.

   Il aura alors sa propre chambre, il pourra bien travailler... Mais avant ça on s’y met tous et le petit va faire des progrès, ça va être trop vachement super ! Moi, quand des parents me disent ça, je suis un peu con, j’y crois.

      Quelques jours plus tard, pas de Kevin en classe, pas de mot ni de coup de téléphone. Bon, il doit être malade. 15h30, récréation, je profite d'un beau soleil printanier pour glander surveiller attentivement la cour. Lorsque soudain, des élèves  me sortent de ma torpeur et attirent mon attention vers la grille de l’école… et qui c'est ty pas que je vois passer, sans un regard pour notre charmante petite communauté... Mon bon Kevin : la démarche élancée, l’air fringant, le sourire aux lèvres et… un pack de 12 de Kanterbrau à la main !

kanter03


   Légèrement interloqué par cette vison aussi inédite que mémorable et peut-être, dois-je l’admettre, un chouïa en colère; je décide d'abandonner mon poste afin de traverser la route pour m'adresser à mon élève. Celui-ci, bien embarrassé, m'explique que c'est le jour du déménagement, et qu'il file un petit coup de main. Le brave petit. Je lui demande aimablement de transmettre mes sincères amitiés à sa génitrice: après tout, que représentent les fractions et autres divisions, alors que l’on peut jouer au milieu des cartons en regardant Gégé et Robert, les potes de son père, se siffler quelques bouteilles de kanter... Kevin s'en va, penaud.


   Sur ma lancée, chaud comme la braise d'une baraque à frites, je décide de planter quelques temps mes petits élèves afin de vérifier que le message est bien transmis ainsi que pour constater de vive voix l'avancée du déménagement. Dans la famille Kevin, je demande la mère, en direct de son téléphone portable.

Moi: - Votre descendant vous a-t-il narré qu'il m'avait croisé?
Maman Kevin: - Oui.
Moi: - Imaginez donc, charmante dame, quelle ne fut pas ma surprise de voir votre tendre rejeton les bras chargés de substances enivrantes.
Maman Kevin: - Oui je m'excuse, mais il n'a pas eu les bières dans le commerce (sic). Il est allé les chercher dans la voiture.

Moi : Ha, ma gente dame, vous m’en voyez soulagé ! J’espère que de votre côté tout se déroule à merveille, car dans l’effervescence de ce moment magique, je crains que vous n’ayez omis de me prévenir au sujet de l’absence de votre héritier, sotte que vous êtes!

Maman Kevin : - En fait il voulait partager ce moment avec nous (note de l'auteur: le lave-linge n’a qu’à bien se tenir).
Moi: - Et sinon l'école, les beaux discours, les efforts, un mot pour prévenir, je me les fous au cul on tire un trait dessus ?
Maman Kevin: - Nan mais je comprends... Mais on pouvait pas vous prévenir, on a fait couper la ligne ce matin!

………

………

……


Moi: - Et là je te parle avec quoi connasse? Tu ne te foutrais pas un peu de ma gueule par hasard ? Espèce de …

   Des fois, on aurait vraiment envie de se lâcher un peu, du style Charles Bronson dans un justicier dans la ville…

charles bronson by turtleyo

Maman Kevin: - Mais attention il sera là demain ! m’annonce-t-elle fièrement.
Moi: - Je n'ose l'espérer, j'ai tellement hâte de savoir s’il a réussi à bouger l'armoire normande seul ou si son petit frère a du l'aider! En tout cas, laissez-moi vous dire que je trouve tout ceci vraiment admirable ! Quelle femme prévenante ! Votre sens des priorités est absolument remarquable ! Quelle génitrice consciencieuse vous faites! Allez, ne changez rien, au revoir madame, et bonjour à votre époux!


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