Beaucoup de données inconnues pour une pièce de théâtre divertissante à souhait. Grand-père des poquelinages, la Farce de Maitre Pathelin n'a donc ni auteur, ni lieu de composition et encore moins de date. Heureusement que des rats de bibliothèques (sans connotation négative aucune) se sont penchés sur le sujet et ont au moins pu déterminer que cette charmante farce avait été rédigée dans les alentours des années 1460.
Cette pièce est de 1600 vers en octosyllabes raconte l’histoire d’un avocat sans le sous (le fameux Maitre Pathelin, qui l'eut cru?) qui abuse un drapier pour obtenir de l’étoffe sans la payer. L'affaire se complique lorsqu'il accepte de défendre un jeune berger attaqué par son maitre pour le vol de ces moutons sans se douter que ce dernier est ledit drapier. Si le rusé Pathelin se tire de ce mauvais pas avec brio, il se fait toutefois prendre à son propre jeu par le berger benêt... à son grand étonnement.Nombreux sont les critères qui permettent de faire de cette oeuvre, non seulement une oeuvre novatrice pour l'époque mais aussi un chef-d'oeuvre notoire. Quels sont-ils? En réalité, les aspects révolutionnaires découlent, notamment, de la longueur de l'oeuvre. En effet, la Farce de Maitre Pathelin nous offre trois foi plus de vers (non pas d'asticots) que les pièces de l'époque. Ceci induit, de ce fait, un développement théâtral, à tout les niveaux: découpage textuel soigné, une recherche au niveau développement rythmique mais aussi une utilisation subtile des différents types de comiques ainsi que la mise à l'honneur du langage et de son utilisation à travers sa construction élaborée autant que sa déconstruction!
Bref, une comédie cohérente, agréable à lire et dont les thèmes (avarice, escroquerie et justice) restent éternels dont la conclusion rejoint le très célèbre proverbe "on récolte ce que l'on sème"...