Magazine Journal intime

Les vertes latitudes.

Publié le 05 février 2011 par Douce58



      Le Moyen Vernet tenait le milieu d’une longue zone urbaine, qui s’étirait du Pont Joffre et de la Têt jusqu’à la patte d’oie du Haut Vernet, formant une double haie de maisons le long de l’avenue. Plus dense au départ, jusqu’au niveau de l’ancien Champ-de-Mars et de la traverse de Pia, l’agglomération s’effilait, jusqu’à n’être plus qu’une façade citadine, derrière laquelle on avait tôt fait de s’éclipser, comme en coulisse, vers le bonheur des jardins et des champs. Les rues qui se faisaient les complices de cette évasion perdaient vite leur asphalte au bénéfice de la terre des chemins. Leurs noms, d’ailleurs, trahissaient leur connivence et leur nature ancienne : chemin des Eaux-Vives, rue Traverse de Pia, chemin de l’ancien Champ-de-Mars, rue des Oiseaux...  Elles se hâtaient de rejoindre leurs capitaines : chemins du Sacré-Cœur, de Negueboos, de la Poudrière, du Saint-Esprit, pour appareiller vers les vertes latitudes.
     En suivant ces grands chemins bordés d’ « agulles »*, dont les eaux couraient sous de grands platanes ou le long de cannisses surmontées du panache des cyprès, on découvrait d’immenses alignements de salades, des bataillons de plants de tomates, des régiments d’aubergines, de choux, de petits pois, des divisions de pêchers et d’abricotiers. Et, ancrés au large des terres cultivées, de beaux mas blancs et rouges mâtés de trois ou quatre palmiers semblaient flotter pour l’éternité sur une mer d’abondance.

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